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Temps de travail

La déstabilisation des 35 heures

A l'heure où la Convention Collective n'est toujours pas applicable, il est évident que l'annonce d'une loi imposant les 35 heures hebdomadaires ne pouvait que déstabiliser le secteur de l'hôtellerie-restauration. Les syndicats abordent ce problème de différentes façons.

Roland Magne, Président de la Confédération, ne cache pas sa colère face à l'annonce d'une loi «j'ai le sentiment que l'on fait tout aujourd'hui en France pour détruire le système, on travaille à l'encontre de tout ce qui marche, les 35 heures en restauration, c'est impossible, un point c'est tout ! Au gouvernement de repenser le système actuel s'il veut nous imposer dans un avenir proche cette réduction du temps de travail, s'il y a un allègement très conséquent des charges, nous pouvons dès lors réfléchir à une autre organisation et pourquoi pas travailler sur 2 brigades mais dans l'état actuel, pour les entreprises de notre secteur maintenant comme dans 2, voire 4 ans, c'est irréalisable». Le président de la Confédération se dit inquiet face à cette nouvelle contrainte «d'autant plus inquiet que certains ont signé la Convention collective» explique celui qui a refusé de la signer au nom de la CFHRCD «et que cette signature nous interdit aujourd'hui toute négociation vis à vis des 35 heures puisque tout a été négocié au niveau de la Convention». Qu'à cela ne tienne, pour lui, l'action auprès des députés doit continuer «c'est chaque jour qu'ils doivent entendre parler de nous, les députés européens sur le dossier de la TVA et les parlementaires français, sur celui des charges.»

Reconnaître
une spécificité

Pour André Daguin, président de la FNIH, l'effet de surprise d'une telle annonce a été immédiat «autant dire que nous devons être prudents vis à vis de ce dossier délicat», explique-t-il, «nous devons avoir une action concertée avec le CNPF et la CGPME, la FNIH respectera cette position commune». Pour le domaine des CHR, André Daguin compte bien faire reconnaitre la spécificité du secteur en matière de temps de travail, «un dossier en bonne voie», précise-t-il. Pour l'heure, il a demandé aux présidents départementaux de ne pas prendre de position avant qu'une action concertée soit déterminée.

Jacques Jond, le président de la FAGIHT combat depuis des années «cette idée qu'avec la réduction du temps de travail on arriverait à lutter contre le chômage, même si dans certaines entreprises, des résultats sont constatés, la généralisation est une erreur». Quoi qu'il en soit, la réflexion de Jacques Jond se situe à un autre niveau, beaucoup plus pragmatique. «Notre priorité est de démontrer que dans la mesure où on arrive à faire appliquer la Convention Collective, comme prévu, avec réduction des charges sur les avantages en nature, l'industrie hôtelière dispose d'un réel atout : 43 heures travaillées, 43 heures payées. Dès lors, nous avons là une solide base de négociation.» Quant aux déclarations gouvernementales, il les aborde avec un certain recul «on peut comprendre que le gouvernement soit obligé de fixer une date butoir et un horaire dans la mesure où il veut tenir les promesses qu'il a faites à ses électeurs. Maintenant, à nous de gérer la situation dans les meilleures conditions pour nos entreprises. C'est la base de 10 salariés qui pose un réel problème dans la mesure où ce chiffre diviserait beaucoup la profession, même s'il y a de nombreux établissements de moins de 10 salariés, il en existe un grand nombre juste au dessus».

L'extension de la
Convention Collective

Autant dire que pour le président de la FAGIHT, la priorité est dans la négociation de ce seuil «si l'on passe à une obligation du passage à 35 heures pour les entreprises à partir de 25 salariés, notre secteur, pour la grande majorité des entreprises, a 4 années devant lui. En 4 ans, il peut se passer beaucoup de choses». Pour lui donc, c'est sur les seuils que les négociations doivent dans un premier temps être lancées mais la priorité reste l'extension de la Convention Collective «un texte qui montre l'effort du patronnat de l'hôtellerie-restauration et met en avant une implication et une prise de conscience des salariés en matière de conditions et de temps de travail dans ce secteur». Et de réagir aux déclarations de certains «les responsables professionnels ne doivent jamais faire de démagogie, c'est très dangereux de faire croire à qui que ce soit, que l'on peut tout faire, tout inverser tant en matière de TVA que de temps de travail. Mais pire, les interventions, de quelques personnes qu'elles puissent provenir, qui dépeignent les professionnels comme des fraudeurs vis à vis du fisc. Je ne connais pas ces hôteliers-restaurateurs là, il y a 40 ans, on faisait tout et n'importe quoi mais aujourd'hui les professionnels déclarent tout, c'est justement pour cette raison qu'ils rencontrent autant de difficultés, car c'est très lourd à porter. Pour moi, la notion de fraude fiscale a quitté le secteur depuis longtemps.»

P.A.F

Pour Roland Magne, président de la Confédération : «Les 35 heures en restauration, c'est impossible, un point c'est tout !»



L'HÔTELLERIE n° 2534 hebdo 6 novembre 1997

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