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Mauvais coût

Le nouveau gouvernement voulait des symboles forts, histoire de marquer son existence et les hommes et les femmes qui le constituent, leur passage. Les dés sont jetés, sous prétexte de réduire le chômage, il vient de décider d'alourdir le coût du travail. Pire, en imposant, pour des raisons dogmatiques, une mesure explosive et déstabilisante pour les entreprises, il a déséquilibré le rapport de force qui existait depuis peu entre le patronat et les syndicats salariés et qui était le garant d'une paix sociale indispensable à la reprise économique. En intervenant dans le débat qui aurait du être consensuel entre les parties, en imposant sa loi, le gouvernement bloque ainsi toute évolution du fait de la volonté des salariés et du patronat. Pire, il les oppose ! Aujourd'hui donc le ton est donné, et l'on parle de «lutte sans pitié» et de «mentalité de tueur». A l'origine de ce coup d'éclat, un gouvernement qui prône la négociation...

Au delà de la forme, de toute évidence contestable, c'est sur le fond qu'il faudrait s'interroger. Si le gouvernement décide de limiter la durée hebdomadaire de travail à 35 heures c'est avant tout dans le but fort louable de faire baisser le chômage, malheureusement aujourd'hui, personne n'est à même de garantir un recul du chômage grâce à une baisse du temps de travail. Les entreprises subissent une concurrence internationale qui les amène à devoir baisser leurs coûts de production pour être compétitives face à des concurrents étrangers dont le coût de la main d'oeuvre est très faible. En diminuant le temps de travail en France, on augmente d'autant plus le coût salarial, qu'on oblige l'entreprise à embaucher, autant dire qu'on la rend encore moins compétitive...plus mal placée sur son marché, son avenir en sera fragilisé, à moins, si son activité le lui permet, qu'elle ne choisisse de se délocaliser et de faire produire là où la main d'oeuvre est moins chère. Autant dire que les répercussions sur l'emploi ne pourront être que négatives.

Quant aux industries de service, telles que l'hôtellerie restauration, complètement dépendantes du client, elles ne pourront que connaître une augmentation massive de leurs charges salariales après avoir puisé dans leurs réserves de productivité d'autant plus faibles que l'entreprise est petite. Autant dire que l'optimisme peut difficilement être de rigueur.

Que nos dirigeants puisent un peu dans leurs livres d'histoire et qu'ils se souviennent qu'à la sortie de la crise de 1929, en 1936, la France, au lieu de profiter de la reprise économique qui s'amorçait, a cédé au bonheur des quarantes heures. Un bonheur dont elle n'avait pas encore les moyens et qu'elle a payé fort cher !...

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2531 Hebdo 16 octobre 1997

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