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Non sens

En 10 ans, plus de 100 millions de francs auront été engloutis dans l'Ecole d'Ecully. Hommes politiques, hommes de communication, hommes de culture, critiques gastronomiques, se sont succédés, réunis, pour concevoir l'inconcevable : une école dont la renommée internationale serait immédiate sous prétexte que les plus hautes têtes pensantes de la culture gastronomique française s'étaient penchées sur son berceau. Tous voulaient poser pour la photo de famille le jour du baptème... Depuis 10 ans maintenant, des hommes de bonne volonté tentent de sauver les meubles, tant d'argent investi, tant d'argent gaspillé... tant de gâchis ! Un gâchis d'autant plus grand qu'une bonne partie de ces sommes englouties venait directement ou indirectement de la poche du contribuable. Tout cet argent perdu, pour qui, pour quoi ? Combien d'élèves formés en 10 ans ? 442 seulement dont on peut estimer le coût moyen de formation à 300.000 francs ! Décidemment, la formation coûte bien cher !

Alors bien sûr, on veut créer une formation inédite, exceptionnelle. Et d'évoquer pour certains le «management hôtelier» et pour d'autres le «management de la cuisine». «Paroles, paroles» et pendant ce temps là, les professionnels cherchent à recruter du personnel motivé, de qualité pour faire tourner les hôtels et les restaurants. Ce n'est pas de managers dont ils ont besoin mais d'opérationnels : de bons serveurs, de bons cuisiniers, de bons réceptionnistes. En matière de formation, la France est bien dotée, les Ecoles hôtelières sont nombreuses et depuis longtemps, on apprend aux élèves à cuisiner, à servir, à acheter les produits, à faire de la gestion, à pratiquer plusieurs langues étrangères et à se servir d'un ordinateur. Rien de bien nouveau aux programmes présentés par certains comme panacée. Reste à savoir ensuite, ce que tous ces élèves, plutôt convenablement formés, deviennent ! S'ils ne restent pas dans la profession, ce n'est pas forcément parce que leur formation est mauvaise, c'est peut-être simplement parce qu'elle n'est absolument pas adaptée aux besoins des entreprises. Autant dire que la formation n'est pas forcément une question de moyens, aussi n'est-il pas nécessaire de toujours vouloir en faire plus et gaspiller des sommes qui utilisées avec davantage d'intelligence permettraient à des jeunes d'intégrer ce secteur professionnel avec plus de bonheur. Cessons de vouloir mener toujours plus d'élèves à des niveaux de formation supérieure pour la seule satisfaction intellectuelle de leurs parents et de leurs maîtres, contentons-nous de les mener au niveau qui leur permettra d'intégrer l'entreprise en ayant un métier qui les aidera à trouver leur place dans la société avec dignité. Cessons de gaspiller ainsi l'argent du contribuable en toute impunité sous le mauvais alibi d'apporter des solutions à l'insertion des jeunes à travers la formation quand ce n'est pas vrai !

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2530 Hebdo 9 octobre 1997

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