Actualités


L'Evénement

Michèle Demessine rencontre les professionnels de la Côte d'Azur

«J'ai l'intention de demander une réduction des charges sociales sur les emplois des entreprises de main d'œuvre»

On se souvient de la réaction de Jean-Paul Cordero, président du Syndicat des Hôteliers de Nice Côte d'Azur et responsable d'H.C.R. 06 qui regroupe les Syndicats Hôteliers et Restaurateurs des Alpes-Maritimes, après la première déclaration de Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, faisant la part belle au tourisme social.

Devant l'ampleur donnée à sa prise de position dans les médias tant locaux que nationaux, le président niçois avait tenu à préciser sa position par courrier et à inviter le ministre chargé du Tourisme pour une réunion de travail à Nice. Michèle Demessine a répondu favorablement à cet appel les 27 et 28 août derniers.

Dans son allocution, Michèle Demessine a lancé un véritable «appel pour la création d'emplois dans le tourisme» tout en soulignant «l'impérieuse nécéssité pour les professionnels d'améliorer sans cesse la qualité des prestations et des services proposés aux touristes.»

Le président du Conseil Général a profité de la venue du ministre pour mettre en avant «une meilleure accessibilité du département par l'amélioration et la création de nouvelles infrastructures de transport et de communication. Un impératif pour poursuivre le développement du tourisme azuréen !»

Un dialogue franc

Deuxième étape et la plus attendue par les professionnels, la rencontre jeudi matin entre Michèle Demessine et Jean-Paul Cordero entourés par l'ensemble des présidents hôteliers et restaurateurs des Alpes-Maritimes.

Accompagnée du Préfet et du Sous-Préfet, d'Hugues Parant Directeur du tourisme, de ses conseillers et membres de son cabinet, du responsable de la direction de la concurrence et de la consommation, le secrétaire d'Etat au Tourisme s'est prêté au jeu des questions-réponses sur les sujets chers aux professionnels azuréens.

Au préalable, Jean-Paul Cordero a tenu à souligner l'amélioration de la fréquentation touristique constatée cette année et plus particulièrement pour les mois d'été «Du jamais vu depuis 1990», et un cri du cœur tout spontané : «espérons que cette embellie dure encore plusieurs années afin que nos professionnels puissent rattraper le temps perdu dans leurs investissements».

Michèle Demessine lui répondait en partageant son optimisme tout en mettant en avant les nombreuses qualités touristiques dont dispose la Côte d'Azur, le sérieux des professionnels, l'atout essentiel de l'Aéroport International Nice-Côte d'Azur et l'attrait de sa région sur la clientèle étrangère.

Ensuite, nouvel appel de Michèle Demessine pour «la création d'emplois durables» et le «développement d'une formation dans la branche professionnelle, qu'il s'agisse de formation initiale, de formation continue, de formation en alternance ou d'apprentissage». Et la première question posée par Jean-Marie Tomasi, président du Syndicat des Hôteliers de Menton : sous la forme d'un appel à la baisse des charges sociales qui empêchent la création d'emplois dans les hôtels cafés restaurants, à l'assouplissement des règles concernant certaines embauches et notamment les extras et pour connaître le sort de la future Convention Collective. (voir encadré)

Emploi-formation : tout n'est pas extra

Michèle Demessine a été directe sur ces sujets, «le secteur du Tourisme est en croissance, vous êtes optimistes à nouveau, mais je reconnais que vous êtes freinés par le poids de la fiscalité en général et des charges sociales qui défavorisent les industries de main d'oeuvre. J'ai donc l'intention de demander au ministre de l'Economie et des Finances et au ministre du Travail et de l'Emploi de mettre le problème de la fiscalité à plat et de réduire les charges sociales sur l'ensemble des emplois des entreprises de main d'oeuvre».

«S'agissant des extras, il nous faudra trouver un équilibre entre l'allègement des contraintes et la lutte contre le travail clandestin.»

«Je tiens à rappeler le défi de demain celui de la qualité : qualité de la prestation, du service, de l'accueil.»

«Dans ces conditions, les emplois de demain dans vos secteurs devront être des emplois qualifiés et il faut refuser la précarité. Je connais les contraintes de vos métiers et notamment les phénomènes de saisonnalité, aussi la réponse passe par la pluriactivité associée à la formation.»

Daniel Alessio, président des Restaurateurs de Cannes et Claude Roques, président des Hôteliers d'Auron, posent la question du paracommercialisme et dénoncent le développement de l'utilisation des tickets-restaurants pour le règlement des achats dans les supermarchés.

Michèle Demessine met en avant le rapport réalisé par Michel Radelet, aujourd'hui devenu un de ses conseillers. «Les préfets ont désormais reçu des instructions pour faire respecter les réglementations et un effort d'information a été réalisé.»

«Mais au-delà de ces affirmations, j'estime que des progrès doivent être faits et notamment au niveau d'une meilleure compréhension mutuelle entre les responsables du tourisme social et ceux du tourisme marchand.»

«La force du tourisme français, et cela est apprécié par les touristes étrangers, c'est sa diversité.»

«Nous avons tout à gagner, ensemble».

«Le tourisme social est comme le tourisme marchand, un outil au développement du tourisme, il a son rôle et sa place, notamment dans l'aménagement du territoire.»

«Je m'aperçois depuis ma prise de fonction que tout le monde défend son «pré carré».»

Tourisme social :
l'initiative d'H.C.R. 06

Jean-Paul Cordero propose alors l'organisation à Nice, sous l'autorité du secrétaire d'Etat au Tourisme, d'une rencontre entre les principaux partenaires du tourisme commercial et ceux du tourisme social, avec pour objectif, une meilleure compréhension des responsabilités de chacun et une volonté commune de lutter contre ceux qui, d'une manière abusive, utilisent le secteur du tourisme social.

Didier Benoît, président des Hôteliers de Cannes, dénonce à nouveau le poids excessif de la redevance audiovisuelle pour les hôtels, d'autant plus que le gouvernement vient d'annoncer une hausse de 5% pour 1998.

Michèle Demessine reconnaît «qu'il s'agit d'une charge trop lourde pour l'hôtellerie, d'autant plus que l'utilisation de la télévision dans les hôtels n'est pas permanente» et annonce «qu'un nouveau projet est en préparation avec le secrétaire d'Etat au Budget et nous ne manquerons pas avant de le présenter, de demander son avis au Conseil d'Etat.» Jean-Pierre Thomas, président des Hôteliers d'Antibes/Juan-les-Pins, plaide alors, pour une politique de prêts bonifiés indispensables pour les professionnels qui, de plus, doivent rattraper un important retard en terme d'investissement.

Michèle Demessine se dit «favorable à ce que des crédits spécifiques soient dirigés vers les industries de main d'oeuvre afin de leur permettre de développer l'emploi.»

A la demande du ministre, Hugues Parant apporte des éléments complémentaires :

- Les taux d'intérêts français sont aujourd'hui parmi les plus bas en Europe.

- La situation de l'hôtellerie s'est améliorée cette année, ce qui va permettre aux banquiers d'être plus positifs.

- La SOFARIS pour l'instant s'attache aux problèmes de l'endettement passé. Il faut maintenant orienter les fonds disponibles à la SOFARIS, qui entre temps a mieux perçu le secteur hôtelier, vers des investissements futurs.

Georges Cassar, président des restaurateurs niçois pose alors le problème de la TVA en restauration.

Michèle Demessine promet de soutenir la revendication des professionnels auprès des ministères concernés.

L'occasion pour le secrétaire d'Etat de rappeler la nécessité de mettre en place une nouvelle fiscalité applicable aux métiers du tourisme.

«On a toujours dit dans le passé que le tourisme ça marche tout seul. Ce n'est pas le cas aujourd'hui et je serai en toute circonstance votre porte-parole même si ma tâche n'apparait pas facile. Je comprends votre impatience sur certains dossiers et nous devons travailler ensemble».

Il appartenait alors à Jean-Paul Cordero de remercier Michèle Demessine puis de l'accompagner pour le dernier volet de sa visite azuréenne. Par le train des Pignes, le secrétaire d'Etat a rejoint Villars- sur-Var, dans l'arrière-pays niçois afin de rencontrer les élus locaux et aborder plus particulièrement les problèmes spécifiques au tourisme en milieu rural avec bien entendu, un intérêt évident pour le tourisme social.

Elle a également laissé entendre qu'un changement des dates des vacances scolaires pourraient aboutir, dès février 1998, pour les périodes de Mardi-Gras et de Printemps avec un retour à la situation antérieure, c'est à dire du Samedi au Samedi.

Christian ROUSSEL


L'ensemble des responsables syndicaux du département étaient autour de Jean-Paul Cordero pour recevoir Michèle Demessine.

Michèle Demessine dans le Nord

Prudentes réflexions sur la TVA et les charges

Interrogée sur ses terres à Calais le 29 août par Charles Hurel président FNIH Nord-Pas-de-Calais sur les possibilités de réduction de la TVA et des charges sociales appliquées aux CHR, le secrétaire d'Etat au Tourisme Michèle Demessine a d'abord rappelé que ces deux disciplines «ne sont pas de sa compétence» avant de tracer quelques pistes de réflexion. Des pistes qu'elle étudie avec sa consoeur en charge des PME Mme Lebranchu. La TVA soulève un «problème de fond». «On décompte une trentaine de distorsions de taux entre les différentes structures mises en marché», constate-t-elle. Avant de saisir ses collègues de Bercy en vue d'une éventuelle réforme, Michèle Demessine propose donc aux professionnels d'effectuer «un recensement, une remise à plat» de la question par ailleurs marquée d'une forte empreinte européenne. Quant aux charges sociales, il est vrai sur le principe que «les 200.000 PME du secteur hôtellerie café et restauration devraient être aidées car elles sont créatrices d'emplois durables non délocalisables» pose le secrétaire d'Etat. «Il n'est pas normal que les prélèvements sociaux ne distinguent pas entreprise à forte intensité de main d'oeuvre et entreprise en mesure de dégager de fortes plus-values avec relativement moins de salariés». Michèle Demessine souhaite donc militer pour une baisse des charges sur la profession. Mais contrairement à ce qui lui est suggéré, elle ne souhaite pas établir de distingo entre les petits salaires et les autres, afin de ne pas défavoriser la promotion du personnel des CHR. Une telle mesure, estime-t-elle «tirerait les salaires vers le bas alors que les professions du tourisme ont besoin d'emplois de plus en plus qualifiés». Là encore, sa réflexion ne s'arrête pas aux seules entreprises du secteur CHR mais touche l'ensemble des emplois du tourisme.

Clôturant son voyage à Dunkerque le lendemain avec le lancement d'un nouveau matériel de promotion balnéaire, l'élue nordiste constatait l'effet soleil au cours des trois premières semaines d'août, se traduisant par des taux d'occupation en hôtellerie supérieurs à 80% sur la côte d'Opale. Cela avec une forte présence étrangère notamment allemande, nouvelle dans la région. Au-delà, «le soleil n'explique pas tout» elle a affirmé haut et fort devant ses concitoyens que le Nord-Pas-de-Calais «rattrapait son retard» en matière de tourisme.

A. Simoneau

Concernant la convention collective

La remise en cause de Michèle Demessine ?

Interrogée sur le devenir de la Convention Collective de l'Hôtellerie, Michèle Demessine a répondu en 6 points :

- Une Convention Collective de l'Hôtellerie c'est l'affaire des partenaires sociaux et la compétence du ministère du Travail et de l'Emploi.

- Si je me réjouis du développement récent du dialogue conventionnel après une période de 15 ans, il faut s'interroger sur la multiplicité des instruments conventionnels qui est source d'inquiétude et d'insécurité pour les salariés des PME.

- L'Etat ne doit pas se prononcer sur le contenu d'une Convention Collective dont l'appréciation appartient aux partenaires sociaux, mais j'ai tout de même demandé au ministre compétent de réaliser une expertise comparative des textes conventionnels et réglementaires en vigueur, et je tiens à comprendre les critiques et les demandes de progrès qui se sont exprimées notamment sur les risques de précarité.

- L'exonération des charges sociales sur l'avantage en nature repas demandée par vos organisations nationales, représente un coût de 1.300 millions de francs en année pleine et dans ces conditions, appelle de mon point de vue d'autres progrès en matière d'emploi et de statut du salarié. Dans ces conditions, des difficultés techniques subsistent et seront susceptibles de conduire à un report de l'examen du projet d'extension de la Convention Collective en novembre 1997. Il ne faut pas oublier également les contraintes européennes.

- Les textes conventionnels et réglementaires doivent être respectés et leur application effectivement contrôlée. C'est la garantie d'un emploi de qualité pour un plus grand professionnalisme et une plus grande efficacité économique.

Dans ses propos, la nouvelle secrétaire d'Etat au Tourisme ne semble pas du tout séduite par le contenu et les conditions d'application de la Convention Collective signée immédiatement avant les élections législatives de juin dernier. Tout en se félicitant qu'un dialogue entre partenaires sociaux ait pu aboutir au bout de 15 années, elle s'interroge sur la nécessité d'une multiplication des Conventions collectives dont les contenus lui semblent très différents en fonction des branches sans qu'elle soit sûre qu'ils protègent d'une manière équivalente les salariés. Elle évoque la comparaison des textes conventionnels avec la réglementation en vigueur, une façon de mettre en avant l'écart qui existe entre le temps de travail (39 heures hebdo) défini dans le Code du travail et l'accord signé dans la Convention.

Concernant l'exonération des charges sur l'avantage en nature nourriture, là encore, elle marque un certain recul et met en avant le coût de 1.300 millions de francs considérant que pour cette somme, l'Etat pourrait être plus exigeant envers les entreprises des CHR pour qu'elles accordent d'autres avantages à leurs salariés que ceux négociés dans le cadre de la Convention Collective. Dans le même registre, elle exprime pourtant sa volonté de demander un allégement des charges sociales et de la fiscalité pour les industries de main d'oeuvre, donc pour les CHR. Souhaite-t-elle dissocier la négociation du temps de travail et les conditions de travail des salariés des CHR de la négociation des allégements des charges ? Peut-être. En tout cas, il apparaît clairement dans cette intervention qu'une remise en question de la convention collective est au programme de cette fin d'année 1997. Il se pourrait que le gouvernement, à l'heure où madame Aubry ne jure que par une application des 35 heures hebdomadaires dans 3 ans, exige du patronat un effort supplémentaire. Y aura-t-il ouverture de nouvelles négociations ? Un bras de fer ? En attendant, l'extension de la Convention Collective n'est pas encore possible et les salariés ne peuvent même pas bénéficier des avantages que le patronat était d'accord de leur accorder...

PAF

«Il faut s'interroger sur la multiplicité des instruments conventionnels, source d'inquiétude et d'insécurité pour les salariés des PME».



L'HÔTELLERIE n° 2525 Hebdo 4 septembre 1997

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration