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Premier bilan des XIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse

Des retombées économiques contrastées pour les acteurs du tourisme parisien

L'afflux inespéré de fidèles n'a pas obligatoirement bénéficié à l'hôtellerie parisienne. L'activité générée par les JMJ ne s'avère pas au final à la hauteur des réservations préalablement enregistrées. Les retombées doivent-elles être mesurées sur cette opération ?

«Oh ! Happy Days !»... En entonnant ce fameux gospel lors de la cérémonie d'ouverture des JMJ 97, sur l'esplanade du Champ-de-Mars, la célèbre chanteuse de jazz, Dee Dee Bridgewater, résuma à elle seule l'atmosphère qui régna au cours de cette manifestation. Qu'ils soient venus des Amériques, d'Espagne, du Brésil ou bien encore des quatre coins de France, tous les pèlerins sont effectivement unanimes quant à la portée de cet événement. Malgré la chaleur accablante, le manque d'air et la fatigue accumulée à l'occasion de longs périples, chacun conservera un souvenir inoubliable de ce rendez-vous. Torses nus et têtes emmaillotées dans un fichu rouge, affalés les bras en croix sur la pelouse des Invalides, Pierre et Pascal n'hésitent d'ailleurs pas à livrer leurs sentiments : «Du jamais vécu ! Un moment d'une intensité exceptionnelle qui nous a permis de nous ressourcer

Les 1.000 collaborateurs de Sodexho, mobilisés afin de servir 4 millions de repas en une semaine (dont 2 millions chauds), auront eux aussi sans doute du mal à oublier cet été 1997. D'autant que la restauration des JMJ représentait un modeste budget de 75 millions de francs. «Nos efforts d'organisation, avec la mise au point de restaurants mobiles, ont porté leurs fruits. Tout c'est en effet très bien déroulé !» , confie Vincent Saintpierre, directeur de la communication Sodexho France.

Annulations de dernière minute

Outre les marchands de glaces du pont d'Iéna et de l'hippodrome de Longchamps qui ont fait recette, les JMJ 97 feront également date dans les annales de certains réceptifs parisiens notamment celles de Fair Play Voyages. «Nous avons réalisé au minimum 60.000 nuitées sur Paris. Nous avons en outre vendu pas mal d'excursions et de circuits touristiques à travers l'Hexagone pour bon nombre de croyants", explique Pierre Duvernois, patron de Fair Play Voyages.

En revanche du côté des hôteliers de la capitale, les propos sont plus modérés. Il semble, en effet, que l'affluence des fidèles (1 million le dimanche 24 août) constatée par l'Eglise de France, n'a pas pleinement bénéficié à l'hôtellerie parisienne. La chaîne Timhôtel (22 unités dans Paris) a certes identifié 3.000 nuitées émanant des JMJ et estime non négligeable le trafic d'individuels venu s'adjoindre à cette manifestation. Le Frantour Paris Berthier (17ème) a bel et bien lui aussi accueilli 700 personnes en cette occasion. Le Méridien Maillot a pour sa part réalisé aux alentours de 200 nuitées du 21 au 24 août dernier. Quant à la centrale de réservation, confiée au groupe Accor, «elle a finalement affiché un chiffre d'affaires de l'ordre de 3 millions de francs soit près de 10.000 nuitées», selon Philippe Bertinchamps, responsable des grands comptes et partenariats chez Accor.

Reste cependant que plusieurs hôteliers déclarent avoir enregistré maintes annulations de dernière minute. «Au lieu de 16 chambres réservées, je n'en ai eu au final que 4 occupées», souligne ainsi le directeur d'un petit hôtel du 12ème arrondissement. «Sur 75 chambres retenues pour la durée des JMJ, nous n'avons au total loué que 18 chambres sur 4 nuits dans nos unités d'IDF», précise un responsable de Bonsaï Hôtel. A noter par ailleurs qu'un grand nombre d'hôteliers de la Ville Lumière affirme n'avoir réalisé aucune vente annexe. Un constat lié à l'évidence à la faiblesse des budgets dont disposaient les fidèles.

Chacun s'accorde néanmoins à reconnaître le succès médiatique des JMJ 97. Succès dont Paris devrait nécessairement ressentir les retombées économiques dans les prochains mois d'après la grande majorité des professionnels du tourisme.

C.C.

ccosson@lhotellerie-restauration.fr

JMJ Paris 1997. Chaîne de Fraternité organisée par Offshore.

Photo : J.P Lozuet.


Projet de loi emploi-jeunes

Le tourisme constitue un important gisement d'emplois

Se basant sur le pré-rapport de Jean Vila, député PCF des Pyrénées-Orientales, Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, estime possible la création de 30.000 emplois supplémentaires par an dans le secteur touristique. Reste que rien ne se fera tout seul !

Une production de 671 milliards de francs, soit 8,5% du produit intérieur brut. Soixante milliards de francs d'excédents de la balance des paiements. Plus de 200.000 petites et moyennes entreprises. Environ deux millions d'emplois directs et indirects répartis à peu près à égalité... Avec de tels chiffres, le tourisme devrait sans conteste figurer parmi les tous premiers secteurs économiques de la France. Ce n'est malheureusement toujours pas le cas aujourd'hui ! En témoigne l'absence remarquée de cette branche d'activité au sein même de la liste des nouveaux métiers énumérés dans le cadre du projet de loi sur l'emploi des jeunes par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité.

Une lacune que bien entendu, le nouveau secrétaire d'Etat au Tourisme, Michelle Demessine, n'a probablement guère appréciée et s'est d'ailleurs empressé de combler. D'autant plus rapidement que la création d'emplois dans le secteur est l'une de ses priorités et qu'elle estime possible la création de 30.000 emplois supplémentaires par an dans ce secteur. S'appuyant sur le pré-rapport de Jean Vila, député PCF des Pyrénées-Orientales et maire de Cabestany, auquel elle avait préalablement confié une mission visant à recenser les possibilités de création d'activités nouvelles et d'emplois pour les jeunes, Michelle Demessine a donc fait entendre sa voix dès le 21 août dernier. «Le secteur du tourisme s'inscrit pleinement dans le cadre du projet de loi emploi-jeunes», a-t-elle indiqué dans un communiqué de presse.

Des emplois durables et non précarisés

Et d'ajouter, «le tourisme, secteur en croissance, constitue un important gisement d'emplois correspondant à des besoins peu ou non satisfaits. Cette croissance ne génère pas spontanément autant d'emplois qu'il serait possible. Elle doit être exploitée par une politique volontariste de tous les responsables pour la consolidation et le développement de l'emploi.» En clair, le nouveau secrétaire d'Etat au Tourisme croit, certes au potentiel du secteur, mais ne partage pas l'avis de son prédécesseur, Bernard Pons, qui défendait l'idée selon laquelle cette activité pouvait «marcher toute seule.» Il s'agit pour Michelle Demessine de créer des activités nouvelles à partir des projets de terrain en leur donnant la possibilité d'émerger, de se développer et se donner à terme les moyens de leur solvabilisation. Pas question en effet que les projets concernés ne se substituent à des emplois existants ou ne soient limités qu'à cinq ans sans perspective de pérennisation. «Dans le cadre emploi-jeunes, nous souhaitons mettre l'accent sur la création d'emplois durables et non d'emplois fictifs ou précarisés», explique le secrétaire d'Etat.

Concrètement, il pourrait donc être envisagé en la matière que les contrats emploi-jeunes puissent «utilement» compléter des emplois saisonniers dans le tourisme passés par des collectivités territoriales pour l'entretien ou la valorisation de leur patrimoine bâti ou naturel. Des activités nouvelles pourraient également voir le jour en essayant de répondre aux besoins peu ou non satisfaits de ceux qui pour des raisons financières ou de handicap sont exclus du tourisme (mesures en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées...).

D'autres pistes doivent être aussi explorées notamment dans le domaine de l'accueil, de la promotion ou bien encore de l'information. Beaucoup de choses restent effectivement à entreprendre en ce qui concerne par exemple l'accueil et l'information des touristes en général, compris dans les transports où des services associés peuvent être assurés. Des besoins importants se font par ailleurs sentir dans le domaine de la conception de programmes de promotion de sites touristiques, d'ingénierie touristique et de mise sur pied de circuits thématiques dans une région. A noter également, les manques en matière d'urbaniste et concepteur de projet d'embellisement, d'aménagement et de réhabilitation des stations.

A voir maintenant après ces déclarations d'intention, comment les choses se mettront en place...

C.C

ccosson@lhotellerie-restauration.fr

D'après le pré-rapport de Jean Vila, député PC des Pyrénées- Orientales, le secteur de la restauration serait le seul à créer des postes significatifs dans le tourisme.



L'HÔTELLERIE n° 2524 Hebdo 28 aout 1997

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