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Edito

Entre Pastis et magret

Tous les sociologues le disent, les vacanciers du XXIème siècle recherchent de l'authentique, du plus vrai que nature, de la nourriture traditionnelle, ils veulent retrouver les racines de leur enfance et se confortent dans les traditions. Parce qu'on les a convaincus que le bonheur était dans le pré, ils consacrent leurs vacances à chercher, à travers la campagne, le dépaysement qu'ils appellent l'authentique. Pas besoin de pro du marketing pour les satisfaire, le filon est bon et un nombre grandissant d'agriculteurs a saisi la balle au bond pour répondre à cette demande. On ne peut que les féliciter de savoir aussi bien s'adapter. Ils séduisent de plus en plus d'étrangers qui croient prendre dans nos vertes campagnes un bain de jouvence : le bonheur, le plaisir, l'authenticité entre pastis et magret.

Il ne faudrait pas pour autant que le charme de la formule fasse oublier les règles élémentaires de la concurrence. Si voici quelques années, on a imaginé qu'une activité complémentaire, à travers des tables d'hôtes ou des gîtes ruraux, pouvait permettre le maintien de certaines exploitations agricoles et de là justifier des tolérance fiscales et réglementaires en matière d'hygiène et de sécurité, il semble bien qu'aujourd'hui la délivrance soit inquiétante !... Une semaine de repos entre Lot et Dordogne me fut particulièrement instructive. Prise par le charme des paysages, des paysans et de leur table, je n'ai cessé de découvrir, à travers des villages merveilleusement restaurés, des entreprises florissantes. Sous l'enseigne de ferme-auberge authentique, où, c'est vrai, je ne consommais que des produits du terroir : cèpes, magret, foie gras, produits à la ferme voisine, je découvrais de vraies entreprises et de réels chefs d'entreprises !... Des familles entières se sont recyclées, quittant des emplois parisiens pour venir développer ce nouvel eldorado autour du magret et du foie gras. Peu de contraintes réglementaires et une belle image font des fermes-auberges un produit fort dont les Chambres d'agriculture comme les Offices de Tourisme savent faire la promotion. Aujourd'hui, des municipalités vont plus loin encore et investissent avec les deniers des contribuables pour construire des gîtes ruraux Un dynamisme que l'on ne peut que louer puisqu'il permet de répondre à la demande de la clientèle mais, marginale hier, la formule devient maintenant très répandue et rentable. Il serait temps qu'on la prenne en compte pour lui imposer les mêmes normes que celles que doivent respecter les hôtels et les restaurants ! Ce ne serait que justice économique !

PAF



L'HÔTELLERIE n° 2520 Hebdo 24 juillet 1997

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