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Ecully : Ecole des Arts Culinaires et de l'Hôtellerie

Le redressement judiciaire

En demandant au Tribunal de grande instance de Lyon une «mise en redressement judiciaire», les responsables de l'E.A.C.H. d'Ecully ont choisi d'avancer pour mieux sauter.. .le pas d'un emprunt devenu trop lourd à supporter.

Le 4 juin dernier, dans les locaux du Château d'Ecully qui abrite l'E.A.C.H. (Ecole des Arts culinaires et de l'Hôtellerie), le conseil d'administration s'est prononcé à l'unanimité en faveur d'un choix tactique : demander au Tribunal de grande instance de Lyon (association régie par la loi de 1901, l'école ne dépend pas du Tribunal de commerce) sa «mise en redressement judiciaire».

Acceptée le 10 juin, la décision a été rendue publique dès le lendemain. «Elle correspond à une situation remontant à plusieurs années. Depuis deux ans, sans subvention, notre gestion est équilibrée avec un résultat légèrement positif...sur lequel pèse un emprunt consenti en 1990 pour combler le déficit de la première année d'exploitation (1)», explique Max Marcadet, Directeur général de l'Ecole depuis octobre 1995.

Difficultés

En fait les difficultés de l'E.A.C.H. ne datent pas d'hier. Et sur fond de conflits personnels et politiques, le Château du Vivier où elle est implantée depuis 1989, a longtemps été le théâtre de déchirements. Paul Bocuse qui en avait accepté la présidence et l'avait portée à bout de bras pendant de longues années, se contente aujourd'hui de la présidence d'honneur. Et si la Région Rhône-Alpes avait accepté de tirer une belle épine du pied à l'équipe dirigeante en rachetant 27,5 MF le bâtiment pédagogique, où le Lycée François Rabelais de Dardilly prépare désormais ses BTS et Bac pro, les soucis n'ont pas manqué... du fait de cette lourde charge constituée par un prêt de 9 MF, dont les mensualités n'ont toujours pas été remboursées aux dates d'échéances (2).

En fait, pour assurer une gestion saine, il faudra passer d'un statut associatif à un structure commerciale... et donc intéresser de nouveaux partenaires.

«Depuis 2 ans, nous avons fait la preuve que notre enseignement était de qualité et totalement adapté aux besoins de la profession. De plus, nous avons équilibré les comptes avec une fréquentation plus importante de notre établissement (3). Il faut désormais que l'expérience puisse continuer et nous avons pris une décision de chef d'entreprise pour cela», justifie Max Marcadet à propos de cette «interpellation» du Tribunal de grande instance.

La ville d'Ecully (caution du prêt à hauteur de 50 % et toujours propriétaire du château), la région, l'ADERLY (Association pour le Développement Economique de la Région Lyonnaise) et l'administrateur judiciaire nommé, planchent désormais pour trouver la bonne solution permettant un nouveau «développement» de l'Ecole. La période d'observation arrivera à terme le 9 septembre prochain. Ce jour-là il faudra présenter un plan séduisant pour que rien ne vienne entraver la marche en avant d'un établissement comptant au-jourd'hui 125 étudiants représentant 25 nationalités en provenance des 5 continents (44% d'étudiants étrangers).

«Il peut y avoir une cession aboutissant à un plan de continuité de l'Ecole, assorti d'un abandon partiel des créances bancaires ou d'un rééchelonnement sur dix ans. Je suis aujourd'hui incapable de dire quelle sera l'issue. nous avons enregistré des réactions très positives de l'ensemble de la profession, qui, comme moi, ne souhaite pas la disparition de l'Ecole», souligne Max Marcadet qui évoque la création ultérieure d'un pôle hôtellerie-restauration et d'un rapprochement avec l'Ecole supérieure de commerce voisine.

Alors, disparition ? Le risque est sans doute minime, mais il existe bel et bien. Même si, après un départ plutôt chaotique, le plus gros semblait avoir été réalisé au Château du Vivier !

J.F. Mesplède

(1) L'une des hypothèses de travail était la renégociation de l'emprunt de 9,2 MF consenti en 1990 par la Société Générale (1/3), le Crédit Commercial de France (1/3), le Crédit Local de France (1/6) et la Caisse d'Epargne de Lyon (1/6) pour couvrir, dès la première année, un déficit d'exploitation du même montant. L'un des organismes ayant refusé, la solution du redressement judiciaire a été adoptée.

(2) Avec un budget de 15 MF, l'E.A.C.H. annonce «un résultat brut d'exploitation de 181.685 francs, aboutissant finalement à une perte de 205.232 francs en raison des charges financières». L'emprunt pèse encore aujourd'hui 9 MF avec un remboursement annuel de 1,5 MF (dont 750.000 francs d'intérêts et autant de capital).

(3) L'E.A.C.H. représente une cinquantaine d'emplois (dont 25 salariés permanents) et accueille aujourd'hui 125 étudiants, tous cycles confondus. Selon Max Marcadet, l'équilibre est réalisé avec 70 à 80 étudiants.

Le prix des études est de 56.000 francs par an et pour un cycle de trois ans (6 mois à l'école et 6 mois de stage) et de 90.000 francs pour le cycle de deux ans. Le 1er octobre 1996, 61 étudiants sont entrés en première année (40 en 1994 et 50 en 1995).



L'HÔTELLERIE n° 2516 Hebdo 26 juin 1997

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