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Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor

«Mon intention est de regrouper pour

rendre le groupe plus profitable»

Nommé président du directoire d'Accor en janvier dernier, Jean-Marc Espalioux a aujourd'hui clairement défini les grands axes stratégiques du groupe. Ses principaux objectifs consistent à améliorer la rentabilité de la compagnie et accélérer son développement. Pour parvenir à ses fins, le nouveau patron du conglomérat français table sur une politique de changement. Au programme : réorganisation de son métier de base, réallocations de ressources et synergies multimarques... Explications détaillées.

Propos recueillis par Claire Cosson et Patricia Alexandre Le Naour

L'Hôtellerie :

Six mois à peine après votre arrivée à la tête d'Accor, vous avez pris la mesure des grands axes stratégiques nécessaires à l'évolution de la société. Une prise de fonction rapide qui dans les faits semble bien se dérouler ?

Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor :

«Mon arrivée à la présidence du directoire d'Accor s'est en effet déroulée dans d'excellentes conditions, contrairement à ce qui se passe parfois dans certaines entreprises. Celle-ci s'est d'autant plus aisément effectuée que Paul Dubrule et Gérard Pélisson ont réellement voulu ce changement. Ils ont décidé de modifier les organes de direction du groupe après mûre réflexion et sans aucune pression externe. Nous avons travaillé ensemble durant près de deux ans afin de préparer cette transition et jeter les bases de la nouvelle ère de développement de la compagnie. Résultat : lors de ma nomination en janvier dernier, je n'ai pas été accueilli comme «quelqu'un de l'extérieur». Bien au contraire. Ma connaissance des dossiers et le soutien des cofondateurs me permettent maintenant de mettre l'accent sur le changement sans condamnation du passé.»

L'Hôtellerie :

En quoi consiste votre politique de changement ?

J.M Espalioux :

«Entre 1967 et 1990, Accor a connu une évolution exceptionnelle tant sur le plan du chiffre d'affaires que sur celui des bénéfices et du développement international. Dans un contexte économique plus difficile, les années 1990 à 1995 ont été marquées par des investissements lourds à digérer (Compagnie Internationale des Wagons-Lits et Motel 6). Reste qu'après avoir procédé à ces différentes acquisitions stratégiques, le groupe a véritablement pris une dimension internationale.

Aujourd'hui, Accor doit poursuivre ses efforts afin de consolider sa position de leader mondial dans ses principaux métiers de base qui sont : l'hôtellerie, les agences de voyages, la location de voitures et les titres de services. L'avenir d'Accor repose en effet désormais sur la complémentarité de ces quatre grandes activités. Il nous faut donc mettre en place les outils nécessaires afin de faire jouer à plein les synergies entre ces différents métiers. Cela signifie qu'il faut changer radicalement l'organisation du groupe. Dans nos nouvelles structures, nous allons donc chercher à être plus efficaces en regroupant, d'une part, les directions fonctionnelles et en créant, d'autre part, des grandes fonctions transversales hiérarchiquement placées au dessous du directoire. Ajoutons à cela, bien entendu, la poursuite du regroupement des activités hôtelières par grandes catégories de marchés.

Autre changement impératif pour l'image de l'entreprise auprès de la clientèle, l'endossement Accor par toutes les marques.»

L'Hôtellerie :

Quelles vont être en l'occurrence les nouvelles structures de l'hôtellerie ?

J.M Espalioux :

«L'activité hôtellerie d'Accor sera désormais restructurée autour d'un comité exécutif, trois pôles stratégiques et deux directions générales fonctionnelles. Présidé par moi-même et animé par Sven Boinet, le comité exécutif hôtellerie, dont l'objectif vise à raccourcir les circuits de décision et introduire davantage de collégialité, réunira les principaux responsables opérationnels et fonctionnels hôteliers ainsi que, Benjamin Cohen, en charge des Finances et Participations.

Puisque Sphère International rassemble l'hôtellerie économique (Ibis, Formule 1 et Etap'Hôtel) et que la chaîne Motel 6 (aux USA) est une entité à part entière, le troisième pôle stratégique concernera le créneau haut et milieu de gamme regroupant les enseignes Sofitel, Novotel, Mercure et l'hôtellerie de loisirs.

Afin de mettre un terme aux déperditions d'énergie et de jouer à plein l'effet réseau, une direction générale des services transversaux va, parallèlement aux structures précédemment citées, voir le jour. Cette dernière réunira les grandes fonctions communes aux divisions hôtelières à savoir : technologies de l'information, technique et maintenance, achats, grands comptes, partenariats et synergie, autres métiers et systèmes de réservation.

Une direction générale du développement sera par ailleurs chargée d'identifier en collaboration avec les responsables des pôles stratégiques hôteliers, les priorités de développement par marque et par zone géographique.»

L'Hôtellerie :

Comment va concrètement s'organiser la division Hôtellerie haut et milieu de gamme ?

J.M Espalioux :

«Cette division va s'articuler autour de quatre directions opérationnelles multimarques et géographiques en charge de l'exploitation, du commercial et du développement. La France sera confiée à Olivier Weill. Les opérations Europe et Amériques seront dirigées par Claude Moscheni. Jean-Robert Reznik va orchestrer la direction générale de l'hôtellerie de loisirs et celle des opérations Moyen-Orient, Méditerranée, Caraïbes, Océans Indien et Pacifique. Jean-Paul Lespinasse prendra en charge quant à lui la direction de la zone Afrique.

Parallèlement à cette nouvelle organisation, l'hôtellerie haut et milieu de gamme va également se doter d'un service marketing et ventes internationales fort assuré par Philippe Brizon. Les services administratifs et financiers seront eux placés sous la houlette de Christophe Guillemot.»

L'Hôtellerie :

Qu'attendez-vous de la réorganisation générale du groupe ?

J.M Espalioux :

«Le but de cette réorganisation est indiscutablement de rendre le groupe plus profitable. Mon intention est de regrouper pour renforcer la marge financière de l'entreprise. Mes objectifs prioritaires visent en effet à accroître la rentabilité d'Accor pour mieux accélérer son développement. Je pense que les changements mis en oeuvre devraient permettre de dégager un résultat global des opérations additionnelles de 750 millions de francs en l'an 2000 (150 à 200 millions en 1998, 500 millions en 1999).»

L'Hôtellerie :

Vous déclarez souhaiter accélérer l'expansion d'Accor. Cela signifie-t-il que le désendettement du groupe n'est plus une priorité pour vous ?

J.M Espalioux :

«Je crois que le désendettement n'est plus désormais une fin en soi. Accor a en effet, atteint aujourd'hui ses objectifs en matière de désendettement. Dès lors, nous pouvons envisager d'accélérer notre développement, tout en maintenant bien sûr un ratio d'endettement net sur fonds propres inférieur à 1. Ceci se réalisera à travers une politique de réallocation de ressources qui consiste à céder les actifs les moins productifs. A ce propos, un inventaire des actifs cessibles sera mené au cours du second semestre 1997.»

L'Hôtellerie :

Les rumeurs vont bon train concernant l'avenir de Motel 6. Cette chaîne d'hôtellerie économique implantée aux Etats-Unis s'inscrit-elle dans la liste des actifs les moins productifs ?

J.M Espalioux :

«Il est clair que l'acquisition de Motel 6 (750 unités) a suscité un investissement financier très lourd et que nous devons tout mettre en oeuvre pour augmenter la rentabilité de ce dernier. Je tiens à souligner à ce sujet le professionnalisme de l'équipe actuellement en place. Pour l'heure, considérant cette chaîne comme étant un de nos axes stratégiques, nous avons engagé un programme de rénovation d'un montant de 120 millions de dollars sur lequel nous misons beaucoup. Il faut d'ailleurs préciser à ce propos que le retour sur capitaux employés à la rénovation avoisine les 19%. Nous avons par ailleurs pris la décision d'ouvrir Motel 6 à la franchise en créant un nouveau produit remarquable. Plusieurs projets sont aujourd'hui dans les tuyaux.

La nouvelle stratégie que nous appliquons aux Etats-Unis devrait à terme conduire Motel 6 à doubler ses résultats, soit franchir les 100 millions de dollars. Nous pouvons bien entendu poursuivre seul ce développement ou pourquoi pas trouver des alliés.»

Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor : «Ma connaissance des dossiers et le soutien des cofondateurs me permettent le changement sans condamnation du passé.»

NOUVELLE ORGANISATION DE L'HOTELLERIE ACCOR

* Trois pôles stratégiques hôteliers

- Sven Boinet, membre du directoire chargé de l'ensemble de l'Hôtellerie, assure en outre dorénavant la responsabilité opérationnelle du nouveau pôle hôtelier haut et milieu de gamme

- Serge Ragozin, directeur délégué auprès de Sven Boinet, est chargé du secrétariat du comité exécutif Hôtellerie

- Didier Gros et Jean-Claude Luttmann assument la direction générale de l'hôtellerie économique Europe

- Georges Le Mener assure la direction du pôle économique Etats-Unis avec Motel 6

* Deux directions générales fonctionnelles

- Pierre Denizet prend la direction générale des Services transversaux de l'hôtellerie. Il est entouré de Philippe Bertinchamps en charge des «grands comptes et partenariats» et Gilles Bonnin directeur général des technologies de l'information

- Ancien patron de Sofitel, Daniel Vrancx va dorénavant assurer la direction générale du développement hôtelier aidé de Christian Karaoglanian, directeur général adjoint

* Synergies multimétiers

- Elles dépendent du directoire. Jean-Marc Simon, co-chairman Carlson Wagonlit Travel, a pour mission de les animer, développer et mesurer.



L'HÔTELLERIE n° 2515 Hebdo 19 juin 1997

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