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Aix-les-Bains

L'hémorragie des curistes continue

Avec bien d'autres professionnels, les hôteliers aixois ont participé à la pose de... la deuxième pierre des nouveaux thermes, alors que la première avait solennellement été scellée par Hervé Gaymard et Michel Barnier, tous deux alors ministres et... savoyards, le 18 octobre dernier.

L'imbroglio bureaucratique est tel qu'un collectif des acteurs économiques (hôteliers, commerçants, agences de location, médecins, etc.) a fait circuler une pétition demandant la transformation du statut des thermes d'établissement public administratif en EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial), mixte donc.

Il est vrai que ces thermes, déjà fort appréciés des Romains, ont dans notre pays un statut particulier du fait du rattachement de la Savoie à la France en 1860 : ce sont les seuls à être nationaux. Deux fois rénovés en un siècle et demi, par les gouvernements de Turin puis de Paris, ils sont depuis plusieurs années obsolètes. A un point tel que les autorités de tutelle, comme les élus locaux et régionaux étaient convenus de la nécessité de construire un nouvel ensemble : les thermes de Chevalley, capables d'accueillir 25.000 curistes. L'ouverture prévue en 1999 aurait permis d'engager les travaux de rénovation des thermes actuels. Au train où vont les embarras et les procédures, y aura-t-il après l'an 2000 assez de curistes pour ces deux établissements.

30% de curistes en moins en dix ans

En dix ans, Aix-les-Bains a perdu 30% de ses curistes, passés de 52.000 en 1986 à 37.000 en 1996 : une perte de 700 millions pour l'économie aixoise. Les thermes actuels sont lourds et dépassés : un Etat dans l'Etat avec 400 fonctionnaires. Les prestations actuelles, figées en outre par des règlements rigides de la Sécurité sociale, devraient pouvoir s'adapter à la société humaine et aux marchés d'aujourd'hui, notamment sur le plan -outre de la rhumatologie- de la remise en forme, de la diététique, des troubles liés aux pollutions urbaines, des soins du dos.

Alors qu'un certain renouveau du thermalisme peut être constaté dans des stations plus souples et dynamiques (comme à Marlioz, juste à côté d'Aix-les-Bains avec la Société des Hôtels de Bourgogne de Christian Lameloise), la première de France en s'enfonçant n'avait pas besoin de ce nouveau coup du sort.

L'achoppement est dû au refus de la commission spécialisée des marchés du choix de l'entreprise adjudicatrice : Léon Grosse, en partenariat avec Tondella et Pegaz et Pugeat autant de sociétés aixoises et savoyardes. Le directeur Jean-François Bénévise reconnaît que l'adjudicataire n'était pas le "moins disant", mais le "plus disant" et affirme qu'il a respecté l'article 95 du code des marchés publics se fondant sur "plusieurs critères" : écoeuré par cette situation, davantage kafkaïenne que courtelinesque, ce fonctionnaire aurait demandé sa mutation.

D'un autre côté, la situation actuelle en France, avec sa multiplication des affaires politico-financières relevant de la concussion, de la prévarication, de la corruption et des abus de biens sociaux n'incite pas les élus et les fonctionnaires à prendre des initiatives, donc des risques : la solution consiste donc à retenir le "moins disant", la société Sogea. Laquelle demande évidemment un délai pour étudier l'évolution des coûts, alors que Léon Grosse a engagé une action en référé auprès du Tribunal administratif de Grenoble. Dans tous les cas, les thermes de Chevalley n'ouvriront pas avant l'an 2000.

C. Bannières



L'HÔTELLERIE n° 2515 Hebdo 19 juin 1997

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