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L'Evénement
Gouvernement Jospin

Michèle Demessine, nommée au Tourisme

Le nouveau Premier ministre avait promis une équipe pluraliste où les femmes auraient leur place. Il a tenu sa promesse et a doté le tourisme d'un secrétariat d'Etat dépendant du ministre du Transport, de l'Equipement et du Logement. Premières réactions à cette nomination.

C'est à Michèle Demessine (PCF) que Lionel Jospin a choisi de confier le secrétariat d'Etat au Tourisme. Elue sénateur du Nord en 1992, le nouveau secrétaire d'Etat était déjà membre du Comité économique et social de la région Nord/Pas-de-Calais. Elle a animé pendant 14 ans le secrétariat départemental de l'Union des femmes françaises avant de devenir vice-président de la mission d'information du Sénat sur le rôle des femmes dans la vie politique. Un secrétariat d'Etat qui dépendra de Jean-Claude Gayssot (PCF), ministre de l'Equipement, des Transports et du Logement. Michèle Demessine, qui a pris ses fonctions dès jeudi 5 juin, n'a, à ce jour, fait qu'une déclaration : «Il y a peut-être un nouvel élan à donner au tourisme social, car il y a quand même beaucoup de gens qui ne partent pas en vacances, notamment les enfants et c'est un manque terrible», précisant qu'elle comptait bien «lutter contre les inégalités».

Surprise

Cette nomination a quelque peu surpris l'ensemble des responsables patronaux de la profession, même si, d'une manière unanime, ils se refusent à tout a priori. «Un commerçant ne fait jamais de politique, déclare tout sourire Pierre Gauthier, président du SNRLH. Je retournerai présenter mon syndicat et ses dossiers au ministère, comme à chaque fois qu'un ministre vient d'être nommé. Je resterai attentif.»

Même ton chez Jacques Thé à la FNIH : «Son étiquette politique ne me concerne pas, j'ai devant moi un ministre de la France, je ferai avec et quelques mois avant la fin de mon mandat, je retournerai présenter et plaider les dossiers. Des dossiers dont certains sont essentiels. Maintenant, bien sûr, je m'interroge, à savoir où sont passés les dossiers et comment vont-ils évoluer. Mais nous restons dans la continuité républicaine et ce nouveau ministre peut avoir des idées excellentes sur le tourisme. Je note tout de même que nous ne changerons pas de ministère de tutelle, mais que nous avons un secrétariat d'Etat au lieu d'un simple conseiller technique. C'est un bon point.»

Aux touristes plus
qu'au tourisme

Surprise et inquiétude pour le président de la Fagiht, même si Jacques Jond se refuse à porter un «jugement a priori sur une personne que personne ne connaît dans ce secteur». Et c'est bien ce qui le préoccupe. «Je crains que ce choix n'ait été fait que sur des critères politiques et suis inquiet de voir le tourisme confié à un sénateur du Nord, un département où l'économie touristique est loin d'être une priorité. Autant dire que j'ai peur que madame Demessine ne s'intéresse plus aux touristes consommateurs qu'à l'économie touristique qui joue un rôle essentiel tant en matière d'emploi que pour la balance des paiements. Autant dire qu'aujourd'hui, j'attends ses premières déclarations qui, je l'espère, nous tranquilliseront.» Quant à la création d'un secrétariat d'Etat au Tourisme, Jacques Jond n'y voit rien de bien dynamique pour le tourisme. «Le fait que le secrétaire d'Etat au Tourisme n'ait pas accès au Conseil des ministres chaque semaine peut laisser imaginer que l'on oubliera très facilement ce secteur sur le plan économique et politique au moment des discussions sur les grands dossiers. Il n'y a pas de quoi se réjouir.»

Roland Magne, à la Confédération, avoue son inquiétude et voit d'un oeil sceptique la nomination d'un secrétaire d'Etat communiste au Tourisme par rapport à un dossier en particulier : celui de la lutte contre le paracommercialisme. Avec le franc-parler qu'on lui connaît, il précise : «Là, aujourd'hui, on est dans le jus», mais il rebondit aussitôt pour tirer partie de la situation. «Nous n'aurons pas d'a priori et allons attendre de voir, mais cette nouvelle organisation est pour nous une preuve supplémentaire, s'il en fallait une, qu'il est temps de dénoncer l'existence d'un ministère du Tourisme au sein duquel nous ne nous retrouvons jamais puisque les pouvoirs sont ailleurs : aux Finances, aux PME, à l'Industrie. L'existence d'un secrétariat d'Etat au Tourisme ne fait que ralentir les choses, puisque le ministère ne joue qu'un rôle d'intermédiaire. A nous professionnels, de savoir nous réunir pour demander à ce que notre secteur soit aux PME et à nous faire entendre de Bercy. C'est le combat que la Confédération compte mener.»

Dossier en suspens

On le voit, des positions qui ont toutes un point commun : les responsables syndicaux attendent de voir... Aujourd'hui, au ministère, les services sont en train de se constituer, on imagine mal des prises de position avant la rentrée sur des dossiers importants, mais les interventions de Michèle Demessine, au fil de la saison estivale, seront de toute évidence très décortiquées pour y voir apparaître quelques messages. On attend bien sûr la position du nouveau gouvernement et de l'Assemblée nationale sur le vote de l'abattement de 25% par an de charge sur l'avantage en nature, nourriture, vote qui conditionne l'application de la convention collective signée le mois dernier au bout de 16 ans de négociations, mais on attend aussi de voir si le nouveau ministre du Tourisme permettra l'application de l'accord signé avec ICD pour la renégociation des prêts. Un accord qui semble correspondre parfaitement aux besoins des professionnels quand on sait qu'en deux semaines de temps, après l'annonce de cette signature, 70 dossiers étaient déposés auprès d'ICD et à ce jour, 35 dossiers sont déjà complets et... recevables. La nouvelle autorité politique permettra-t-elle à ces entreprises de sortir la tête hors de l'eau ? L'avenir le dira en la personne de Michèle Demessine.

P.A.F

RÉACTION IMMÉDIATE DE BRUNO MIRAGLIA

A peine le nouveau secrétaire d'Etat au Tourisme était-elle nommée, que le président de la Commission tourisme de la région Paca lui rappelait, après les félicitations d'usage, les dossiers en suspens : pour la région, la mise en place de l'aide à l'hébergement touristique indépendant, votée par le Conseil régional, est en effet bloquée pour des raisons administratives par le préfet de région. Les subventions risquent d'être perdues si le dossier n'avance pas au ministère du Tourisme.

La Côte d'Azur réagit

Jean-Paul Cordero, président du Syndicat des hôteliers de Nice Côte d'Azur, n'avait pas souhaité réagir à la nomination de madame Michèle Demessine comme secrétaire d'Etat au Tourisme.

Par contre, la première déclaration de madame Michèle Demessine qui souhaite développer le tourisme social a surpris le responsable de l'hôtellerie niçoise.

Jean-Paul Cordero aurait souhaité que le tourisme marchand, qui dans le passé et aujourd'hui encore et malgré des années difficiles, a permis de nombreuses créations d'emplois en apportant tant de précieuse devises à notre pays, soit également pris en compte dans les premières paroles du nouveau ministre.

Et d'ajouter que le développement du tourisme social a conduit ces dernières années à de sérieux dérapages au niveau du paracommercialisme que les syndicats professionnels n'ont cessé de dénoncer, le plus souvent sans succès, alors même qu'ils demandaient tout simplement l'application des différents textes en vigueur par les autorités compétentes.

Afin de surmonter les conséquences négatives des premières déclarations ministérielles sur les hôtels azuréens, le président Jean-Paul Cordero va prochainement inviter madame Michèle Demessine à une rencontre avec les différents acteurs du département des Alpes-Maritimes afin de présenter les problèmes et espoirs de la profession.



L'HÔTELLERIE n° 2514 Hebdo 12 juin 1997

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