Un grand nombre d'actionnaires individuels du groupe Accor attendaient avec impatience les déclarations de Jean-Marc Espalioux, nouveau président du directoire du conglomérat français, à l'occasion de l'Assemblée générale du 4 juin dernier. «On a envie de savoir de quoi exactement il en retourne avec cette nouvelle tête», confiait un couple de retraités, venu assister à la grand-messe annuelle. Et bien ces derniers en ont eu pour leur argent ! Durant près d'une heure environ, le nouveau patron de la compagnie a en effet défini la politique qu'il entendait mener d'ici les trois prochaines années ainsi que ses objectifs financiers.
Brossant un bilan de l'activité à fin mai 1997 où tous les clignotants semblent bel et bien passer au vert (augmentation du RevPar hôtellerie, hausse du trafic chez Carlson Wagonlit Travel, croissance de l'émission des tickets de service, retour à l'équilibre chez Lenôtre, volume d'affaires en net progression au sein d'Europcar, rétablissement de la situation financière avec un ratio endettement net/fonds propres de 0,98...), Jean-Marc Espalioux s'est montré d'une grande confiance concernant les résultats de l'année en cours. «L'exercice 1997 est une année de transition. Tout porte à croire cependant que le résultat global des opérations (résultat net courant) va progresser de 20% comparativement à 1996», a-t-il précisé. Et d'ajouter, «quant au résultat net, il devrait enregistrer une évolution significative par rapport à celui de l'an passé (1 milliard)».
Mieux encore ! Tout en demeurant certes prudent, le poulain de Paul Dubrule et Gérard Pélisson est allé jusqu'à confier publiquement qu'il tablait sur 2 milliards de francs de bénéfice net en l'an 2000 soit un doublement des profits actuels. Outre la conjoncture favorable dont bénéficie en ce moment le groupe, Jean-Marc Espalioux mise effectivement sur les conséquentes retombées de son plan à trois ans, baptisé «Bâtir Accor 2000». Ce à juste titre d'ailleurs, puisque ce projet a pour principales ambitions d'accroître la rentabilité de l'entreprise, d'accélérer le développement des 4 métiers d'Accor (hôtellerie, agences de voyages, location de voitures et titres de service) et de créer plus de valeur pour l'actionnaire.
Concrètement, «Bâtir Accor 2000», repose sur plusieurs grands axes de travail. Le premier consiste en une refonte de l'organisation du secteur hôtelier. La branche hôtelière, métier de base de la compagnie, va ainsi passer de sept divisions par marque à trois pôles stratégiques : l'hôtellerie haut et milieu de gamme (Sofitel, Mercure, Novotel), l'hôtellerie économique (Etap'Hôtel, Formule 1 et Ibis) et Motel Six (Usa). «Cette nouvelle configuration va permettre une rentabilité plus grande et aussi mettre un terme aux concurrences internes», a souligné Jean-Marc Espalioux. Déjà réalisée chez Sphère International et au sein de la chaîne américaine Motel Six, la réorganisation des structures est actuellement en cours de réalisation sur le segment haut et milieu de gamme.
Oubliée la gestion par enseigne, ce dernier pôle, dont la direction est confiée à Sven Boinet (membre du directoire chargé de l'hôtellerie), va dorénavant fonctionner autour d'une gestion régionale (probablement la France et l'international), d'une politique multimarques accompagnée d'une fonction marketing forte (confiée à Philippe Brizon, actuel chef d'orchestre de Novotel).
Autre changement important prévu dans «Bâtir Accor 2000» : le regroupement des services transversaux dans l'hôtellerie (achats, maintenance, réservations, informatique...). Selon les rumeurs actuelles, ce nouveau département devrait être dirigé par Pierre Denizet, chargé de mission à la direction générale. A noter également la constitution d'un comité exécutif hôtelier, la mise en place d'une cellule de développement international (dont Daniel Vrancx, actuel patron de Sofitel, pourrait assurer la direction) et le renforcement des synergies multimétiers.
Sans oublier bien entendu la rénovation du logo Accor et son apposition systématique aux côtés des autres marques. Une directive qui va enfin permettre aux clients actuels et potentiels de clairement identifier le groupe. Les premiers effets de cette restructuration devrait intervenir, d'après Jean-Marc Espalioux, dès 1998. «L'accroissement des ventes, l'amélioration des marges brutes et la réduction des coûts devraient aboutir avec un RGO additionnel de 150 à 200 millions de francs et de 750 millions en 2000», a déclaré le président du directoire.
Une grande réunion des 250 cadres du groupe est d'ores et déjà prévue les 19 et 20 juin prochains. Chacun recevra alors sa nouvelle feuille de route pour le troisième millénaire.
C. Cosson
Le logo Accor sera appliqué à toutes les activités et marques du groupe
Actionnariat international diversifié |
Au cours de l'assemblée générale d'Accor, Jean-Marc Espalioux a indiqué que l'actionnariat du conglomérat avait récemment évolué. Celui-ci se compose désormais comme suit. A noter en outre la montée du fonds de Georges Soros à 2,18% et la réduction d'environ 2 points de la part de la Caisse des Dépôts et de 1 point de la Société Générale. |
- Divers institutionnels français 30% |
- Conseil de surveillance 15% |
- Individuel 12% |
- Institutionnels étrangers 43% |
Evolution du RevPar Hôtellerie | ||||
Cumul fin mai -1997/1996 | ||||
Pays | Taux d'occupation | Prix Moy | RevPar | |
France | +3,8 points | +1,5% | +7,9% | |
Europe hors France | +1,5 points | +3,1% | +5,7% | |
Motel 6 | (0,7 pts) | +7% | +5,8% |
Chiffres clés d'Accor | |||||||||
Chiffre d'affaires consolidé | |||||||||
(En milliards de francs) | |||||||||
1994 | 1995 | 1996 | |||||||
Hôtellerie | 13,829 | 14,017 | 15,931 | ||||||
Services aux entreprises | 13,063 | 12,675 | 8,434 | ||||||
Activités complémentaires | |||||||||
(restauration pub, ferroviaire...) | 6,580 | 4,320 | 3,940 | ||||||
Total | 33,472 | 31,012 | 28,305 |
L'HÔTELLERIE n° 2513 Hebdo 12 juin 1997