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Philippe Bourguignon au Club Med

Trois ans pour redresser la barre

L'ex-patron patron d'Euro Disney se donne trois ans pour redresser la société de loisirs, jusqu'alors dirigée par la famille Trigano. Pour parvenir à ses fins, il va engager un vaste programme de rénovation des villages accompagné d'une nouvelle stratégie marketing.

Une page est aujourd'hui tournée dans l'histoire du Club Méditerranée. Réunis en assemblée générale extraordinaire le mercredi 23 avril dernier à la Cité des Sciences à Paris, les actionnaires de la compagnie ont en effet adopté la transformation des statuts du groupe et par là même officialisé la passation des pouvoirs entre le président directeur de l'entreprise depuis 1993, Serge Trigano et le nouveau président du directoire Philippe Bourguignon. Dans un discours chargé d'émotion, le fils de Gilbert Trigano, désormais installé à la présidence du Conseil de surveillance, a tout d'abord reconnu ses erreurs, notamment dans le domaine de la communication. Il a par ailleurs, avant de passer le témoin à l'ex-patron d'Euro Disney, dressé un bilan exhaustif de ses actions personnelles insistant sur les efforts de recentrage (cession de Maeva, Valtur, et récemment du Club Med I au numéro un mondial des croisières Carnival pour 260 millions de francs) sur l'activité de base du Club, à savoir les «villages de vacances».

Relativement tendu tandis qu'il prenait la parole après l'allocution de Serge Trigano, Philippe Bourguignon n'y est cependant pas allé par quatre chemins en s'adressant aux actionnaires. «Je viens de quitter une entreprise extraordinaire. Si je l'ai fait, c'est parce que je crois au Club, à son concept et à ses valeurs», a-t-il lancé. Et d'ajouter sur un ton ironique : «j'ai cependant une tare, je n'ai jamais été chef de village !»

Image floue

Cela n'empêchera pas a priori le nouveau président de parvenir à ses fins. Après sept semaines passées au sein du Club, bien qu'il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour saisir l'ensemble des rouages de l'entreprise et qu'il se refuse à communiquer la moindre prévision financière pour l'exercice en cours, Philippe Bourguignon ne semble en revanche avoir aucun doute quant au retour du Club à la rentabilité. A noter qu'en 1996, la société a réalisé un volume d'affaires de 8 milliards de francs, mais a enregistré des pertes nettes consolidées de 743 millions de francs essentiellement dues au passage de provisions d'un montant de 820 millions pour la mise en place d'un plan de redressement. Hormis ces provisions, le Club aurait affiché un bénéfice de l'ordre de 77 millions de francs.

L'ex-dirigeant d'Euro Disney, secondé par une équipe solide composée d'Yves Martin (ex-Casino) à la direction marketing et ventes, de Paul Rol aux opérations et Claude Ravilly aux finances, s'accorde trois ans pour redresser la barre. «En 1997, nous allons formaliser le plan de redressement. 1998 sera une année de transition mais il faudra attendre 1999 pour que l'ensemble du plan soit mis en application», a-t-il précisé. Partant d'un premier constat le conduisant à dire que «le Club jouit d'une notoriété forte, mais d'une image floue, son esprit étant souvent méconnu ou incompris du grand public et que l'état de certains villages laisse à désirer», Philippe Bourguignon s'est fixé plusieurs priorités.

«Vendu au juste prix»

Il veut dans un premier temps remettre au goût du jour l'ensemble des établissements de la compagnie. Pour se faire, il souhaite tout d'abord fermer six villages qui plombaient les comptes de la compagnie, puis accélérer la rénovation des autres afin de mieux répondre aux besoins de trois segments de clients spécifiques : les jeunes-adultes, les familles et la clientèle internationale (personnes disposant de moyens financiers plus élevés). Le programme de rénovation, dont l'achèvement devrait se situer d'ici trois ans, sera confié à un ancien de la chaîne Méridien : M. Doguet.

Parallèlement, Philippe Bourguignon entend aussi «remettre à plat» la politique marketing de l'entreprise ainsi que celle des prix. Concrètement, le Club doit selon lui «pratiquer une gestion plus rigoureuse pour être vendu au juste prix». Ce qui ne signifie pas qu'il faille casser les tarifs, mais trouver des moyens performants qui permettront d'éviter les promotions permanentes. Enfin, le nouveau président du directoire veut avec le concours d'Antoine Cachin travailler sur le repositionnement d'Aquarius.

C. C.



L'HÔTELLERIE n° 2508 Hebdo 1er mai 1997

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