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Malédiction ?

Doit-on y voir un mauvais coup du sort ? La convention collective des CHR est-elle maudite ? Alors que depuis des années les partenaires sociaux cherchaient avec plus ou moins de volonté et de bonheur à se mettre d'accord sur un texte réglementant honorablement les relations professionnelles entre patrons et salariés dans le monde des CHR, on croyait bien, voici quelques semaines, que l'on allait toucher au but : la majorité des syndicats salariés et patronaux était disposée à signer. Les négociations avaient été longues et difficiles, la résistance de la part du patronat avait été très forte jusqu'au jour où la négociation avec le gouvernement s'est ouverte sur un allégement des charges patronales sur les avantages en nature. C'est de bonne guerre, de tous côtés, chacun a cherché à résister le plus longtemps possible, à donner le moins et à obtenir le plus ! Aujourd'hui, au-delà d'un texte qui fait la quasi-unanimité, les syndicats patronaux ont l'intégralité du texte de l'amendement que devait déposer le gouvernement au Parlement pour faire voter la loi permettant sur 4 ans, la suppression des charges sur les avantages en nature. La dissolution annoncée lundi ne permettra pas au Parlement dans les semaines qui viennent de discuter cette loi bien sûr. On comprend dès lors une certaine prudence de la part des syndicats patronaux qui refusent de prendre le risque de signer sans la garantie de l'obtention de la contrepartie prévue. Pour certains, de là à refuser la signature de la convention collective, il n'y a qu'un pas qu'ils n'hésitent pas à franchir. Un choix qui remet en cause des années de négociations et d'espoir tant chez les salariés que chez un certain nombre d'employeurs, un choix qui leur fera porter la responsabilité de l'échec. Des conséquences sûrement lourdes et graves sur la qualité des relations employeurs-salariés au sein des CHR qu'il serait sûrement possible d'éviter avec quelque peu de souplesse. Il semble que chez certains, FAGIHT et SNRLH, la volonté de signer soit réellement très forte et qu'une signature conditionnelle, qui lierait directement la mise en application effective de la convention au vote de l'abattement des charges sociales par la nouvelle Assemblée, soit très clairement envisagée. La FNIH, qui longtemps a montré une implication très forte dans l'avancée des négociations, se montre plus partagée et son président ne cache pas son irritation face à la lenteur des négociations tant entre les partenaires sociaux qu'entre le patronat et le gouvernement en matière d'allégement des charges sur les avantages en nature. Ce qui fait dire à Jacques Thé : «J'aimerais que l'on signe mais en quel gouvernement pourrons-nous avoir confiance demain ? Nous ignorons qui va remporter les élections et ne savons pas dans quel contexte politique demain, cette loi pourrait être votée ou rejetée»... Des déclarations qui n'obèrent pas pour autant une possibilité de signature conditionnelle... Ces réserves ne sont peut-être que stratégiques par rapport à des relations souvent tendues avec le ministère.

Quant à la Confédération, qui a depuis bien longtemps fait savoir qu'elle refusait de signer, on est un peu étonné qu'elle justifie aujourd'hui ce refus par la dissolution de l'Assemblée.

On le voit, une fois de plus, la confusion est totale autour de la signature de cette convention. Espérons qu'enfin, de tous côtés, la raison l'emportera et que, tout en garantissant leurs intérêts, ce qui est essentiel, les syndicats patronaux s'engageront dans la voie du progrès en matière de relations sociales.

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2507 HEBDO 24 avril 1997

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