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Gabegie

C'est à rien y comprendre : au sein de l'hôtellerie-restauration, tout le monde se plaint de ne pas trouver de personnel compétent, des restaurants renommés avouent même être en sous-effectif en salle faute de candidats de qualité et pourtant, les modes de rémunération garantissent dans ces établissements des niveaux de salaires enviables. Dans le même temps, les formations en hôtellerie-restauration se multiplient et ce, à tous niveaux ; la gamme est ouverte du CAP au niveau Bac + 5, tout le monde peut trouver à se former tant en formation initiale qu'en apprentissage. Non contents de voir chaque année des milliers de jeunes formés aux techniques de l'hôtellerie-restauration, des organismes de formation continue, avec l'aide financière de l'Etat encore une fois, mettent au point des stages pour devenir cuisinier, serveur, femme de chambre ou réceptionniste en une, voire quelques centaines d'heures de cours... Des formations destinées à des gens sans emploi qui souhaitent intégrer un secteur professionnel où, dit-on, l'emploi est encore fort.

Qui osera un jour faire le bilan de cette profusion de formations et déterminer clairement combien l'Etat et la profession dépensent par an pour former des gens que l'on a bien des difficultés à retrouver ensuite sur le terrain à l'heure des recrutements. Des sommes considérables sont ainsi gaspillées pour le plus grand mécontentement de tous. Faire suivre une formation en cuisine ou de restaurant à un plombier ou à un employé de bureau alors que des centaines d'écoles hôtelières lâchent tous les ans dans la nature des jeunes formés à ces métiers les mettant dès lors en concurrence avec ces formations supplémentaires est pour le moins insolite et quelque peu démagogique... Quand se posera-t-on enfin les questions essentielles : quels sont les vrais besoins en qualité et quantité en matière de formation ? Les étudiants issus des écoles hôtelières correspondent-ils à l'attente des employeurs ? Pourquoi si peu de gens formés continuent au sein des métiers des CHR ? Quand cessera-t-on de se dédouaner en dépensant inutilement les deniers publics ? Sous couvert de faire quelque chose pour l'emploi des jeunes, on arrive à faire n'importe quoi, à n'importe quel prix et personne n'y trouve son compte. A quand des gens responsables, courageux, qui refuseront cette langue de bois si confortable au sein des instances de tous ordres ?

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2503 HEBDO 27 mars 1997

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