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Cafés

Ouvertures tardives des bars

La fin des privilèges au Mans

Au Mans, les soirées s'éternisant au bar jusqu'à 4 h du matin ont vécu. Ou du moins, pour certains établissements. Aujourd'hui, les bars ne proposant pas d'animation ferment leurs portes à 2 h. A l'image de son président, la Chambre professionnelle ne désarme pas.

L'autorisation préfectorale avait fini par passer dans les moeurs. Depuis des années, la préfecture de la Sarthe reconduisait en effet systématiquement les dérogations d'ouvertures tardives pour les bars du Mans. Les tenanciers, qui en faisaient la demande, pouvaient donc servir leurs clients jusqu'à 4 h du matin, sans la moindre obligation d'animation.

Mais depuis peu, le préfet de la Sarthe a mis fin à cette pratique. Seuls les établissements proposant une animation verront leur demande de prolongation jusqu'à 4 h reconduite. Les autres devront fermer leurs portes à 2 h. Dès lors, 22 établissements (sur les 39 qui fermaient à 4 h) tombent sous le coup de l'arrêté, dont il est vrai, des discothèques.

Reste aujourd'hui à définir le mot animation, au cas par cas. A la préfecture, il semble que l'on s'achemine vers «une prestation extérieure, selon Christian Leclaiche, directeur à la préfecture de la réglementation et des libertés publiques. Et cela passe généralement par une animation musicale». Sur ce point, Jean-François Girault, président de la Chambre professionnelle de l'industrie hôtelière du Mans, ne semble pas du même avis. «Un karaoké n'est pas une prestation extérieure. Et toutes les animations ne sont pas musicales. Il faut que les bars trouvent des idées. Cela peut passer par des spectacles divers, cabaret, prestidigitateurs, etc

«... Une ville devenue trop libérale...»

Du côté de la préfecture, on justifie cette mesure par la nécessité «d'une plus grande équité et d'une plus grande transparence. Nous avons voulu tout mettre à plat. Le régime de la dérogation était devenu la règle et les demandes affluaient. La place du Mans était sûrement devenue trop libérale en la matière».

La réaction des tenanciers ne s'est pas faite attendre. Certains craignent une forte baisse de leur chiffre d'affaires, d'autres, réagissant à chaud, menaçaient même de licencier. Du côté des instances représentatives, Jean-François Girault ne désarme pas. «Ce qui me surprend le plus, c'est l'annonce en tant que telle, immédiate, sans concertation.» Il poursuit déterminé : «C'est un combat de rage. Notre but reste que les bars de nuit amènent des animations ou que certains bars gardent des autorisations pour les fins de semaine. Il faut que nous prouvions que certains établissements méritent d'ouvrir jusqu'à 4 h.» Toujours est-il que J.-F. Girault reste optimiste : «Je ne demande pas n'importe quoi et le préfet le sait. Je me battrai dossier par dossier, en défendant ceux qui méritent de l'être

Mais y a-t-il vraiment lieu de créer une polémique ? En fermant deux heures plus tôt, les établissements concernés perdront-ils leur clientèle ? Oui, si cette dernière s'avère être celle des discothèques ou autres bars de nuit musicaux, plus «branchés» et souvent plus chers. Or, jusqu'à présent, elle ne l'était pas et beaucoup s'accordent à penser qu'elle ne le deviendra pas (généralement faute de pouvoir d'achat suffisant). Les clients ne peuvent-ils pas d'ailleurs prendre l'habitude d'arriver plus tôt dans leurs établissements préférés ?

Enfin, n'oublions pas que la ville du Mans demeurait jusqu'à présent une exception dans les grandes villes de l'Ouest. A Rennes ou à Brest par exemple, les établissements ferment à 1 h lorsqu'ils ne proposent pas d'animation. Les autres ferment à 3 h. Au-delà, les noctambules rejoignent les discothèques. Les établissements rennais ou d'ailleurs réalisent-ils pour autant moins de chiffre qu'au Mans ? Rien n'est moins sûr.

O. Marie

Jean-François Girault : «Je me battrai dossier par dossier, en défendant ceux qui méritent de l'être.»

Deux fermetures coup sur coup

Le cyber-café vacille
à Cherbourg

Deux cyber-cafés cherbourgeois viennent de mettre en veilleuse leurs ordinateurs. La clientèle boudait le web. Une tendance locale ou générale ?

Les Cherbourgeois seraient-ils si rétifs à l'informatique et plus généralement, au progrès ? Déjà dans les années 80, le Minitel -Cherbourg avait été choisi comme site expérimental- n'avait pas soulevé l'enthousiasme dans les foyers. Aujourd'hui, c'est au tour du phénomène de société, Internet, de se heurter aux mentalités cherbourgeoises. Intégrés aux établissements Le Diapason et Le Charleston, deux cyber-cafés, comme il s'en crée presque quotidiennement dans l'Hexagone, viennent en effet de clore leurs activités, après s'être connectés l'été dernier au réseau Internet. Une première dans la Manche à l'époque. Mais aujour-
d'hui, les établissements sont redevenus des cafés traditionnels.

Cet échec s'explique par la conjonction de divers paramètres au premier desquels l'effritement de la clientèle. Ici comme ailleurs, les internautes se recrutent chez les jeunes. «Essentiellement de 18 à 25 ans. Des étudiants de l'IUT voisin, explique Laurent Ahmed, le patron du Charleston. Mais depuis que leur établissement s'est équipé, ils pianotent gracieusement après les cours.» Au Charleston, la connexion à l'un des trois postes au réseau Internet coûte 50 francs l'heure.

La seconde raison de la fermeture se vérifie chiffres à l'appui. «Il m'aurait fallu trente connexions par mois sur chaque ordinateur pour simplement couvrir les frais, selon Laurent Ahmed. A la fin, nous n'en avions qu'une quinzaine pour les trois postes.» Le café doit en effet payer l'abonnement à Internet, soit 77 francs par mois, la prise de connexion Télécom (150 F par mois) et la location des ordinateurs. Au Charleston cependant, ils appartenaient déjà au propriétaire.

Ces échecs annoncent-ils un recul général d'Internet dans les cafés ? «Je ne pense pas. Ailleurs, cela marche très bien, selon Laurent Ahmed. Mais à Cherbourg, les mentalités sont restées quelque peu campagnardes. Il manque cruellement d'information et d'innovation

Aujourd'hui, certains ordinateurs des deux cafés changent donc de fonction pour se muer en support de jeux de stratégies. Ces derniers, plus proches des jeux traditionnels de bars, semblent attirer davantage de monde. Car Internet, en effet, n'a rien d'un jeu. Le grand réseau mondial de la communication nécessite de la réflexion. Trouve-t-il sa clientèle dans n'importe quel établissement ? Quelle que soit la ville, il va de soi que l'on ne troque pas un flipper ou un baby-foot pour Internet.

O. Marie

Montauban (Tarn-et-Garonne)

La préfecture juge illégale
une vente par mots-croisés...

Les trois gérants du bar-restaurant le «Sampa», rue des Carmes, à Montauban, ne manquaient pas d'imagination : pour vendre leur établissements ils avaient lancé un concours de mots-croisés... Mais la préfecture vient de déclarer illégale l'opération.

Pascal Delfau, Franck Gaucel et Marc Martinez, désireux de changer d'horizon (Franck voulait tenter l'aventure au Canada, les autres à Toulouse), avaient mis en vente le bar-restaurant, qu'ils exploitent depuis deux ans. Au prix de 1.500.000 F. Et ils avaient imaginé de faire l'opération par le truchement d'un concours de mots-croisés. La règle était simple : le vainqueur emportait, sans bourse délier, sinon les 300 F de l'inscription, l'établissement !

Il fallait y penser. La méthode paraissait tout à fait légale. Si les jeux de hasard sont interdits par la loi dans les cafés, la vente d'un commerce ou d'une habitation sous la forme d'un jeu-concours pouvait, dit-on, être admise. Les trois compères avaient donc engagé le pari de trouver en six mois, ou plus si nécessaire, les 1.500.000 F. A 300 F l'enjeu, il fallait quand même convaincre 5.000 participants dont les premiers venaient de recevoir trois grilles de mots-croisés ayant pour thèmes la ville de Montauban, la restauration et le tourisme.

Le concours vient d'être interdit par la préfecture du Tarn-et-Garonne, au motif «d'irrégularités flagrantes tant au regard du code pénal que du code civil». La préfecture, s'appuyant notamment sur l'article 1108 du code civil («un contrat de cession est nul s'il comprend une cause illicite dans l'obligation»), a estimé que «la vente demeure le seul mode de transfert de propriété offrant une réelle protection à l'acquéreur».

Les premiers joueurs ont été remboursés de leur mise de 300 F. Quant au «Sampa», il est toujours à vendre. Légalement...

J.-C. Cougoule



L'HÔTELLERIE n° 2502 HEBDO 20 mars 1997

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