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Tribune libre

Faut pas rêver, mieux vaut en rire

Lourdes, ce 14 juillet de l'an 2005.

Compte rendu de l'assemblée générale du monde du cyclisme au soir d'une dure étape de montagne.

Chaque année, depuis une décennie, le tour de France se durcit de plus en plus, les étapes sont allongées, des cols sont rajoutés et surtout les arrivées qui auparavant étaient jugées en haut de côtes à 17,6%, puis à 18,6% sont maintenant à 20,6%. Chaque année, il y a de plus en plus d'abandons, de défaillances, de chutes, mais personne ne s'en préoccupait, car cela ne touchait que les anonymes du peloton, les favoris passaient tant bien que mal. Mais voilà que depuis quelques courses, des champions craquent (qui ne se souvient pas de la terrible défaillance de Pierrinault dans la montée de Saint-Etienne), alors l'opinion s'en émeut, les médias en parlent. Quelques champions tels que Khivivravéra essayant de renégocier pour leur propre compte le pourcentage des cols. Monsieur le ministre des Sports Doutéblasé, préoccupé par l'image de marque de notre élite, propose que si un champion a un coup de pompe, on l'emmènera au pied du dernier col en voiture, qu'une aide juridique lui sera accordée pour renégocier le pourcentage des cols à gravir. Trois jeunes coureurs pour assurer la pérennité des champions seraient choisis par des anciens à condition qu'ils aient été porteurs d'eau dans leur équipe auparavant, cela pour des conditions particulières de course. Ceux qui sont issus d'un petit club de province devront, quant à eux, aller chercher leur victoire à la pédale.

Beaucoup de personnes ont constaté que ces mesures étaient généreuses, mais discriminatoires et qu'il restait à déterminer qui ferait partie de cette élite, et d'après quels critères ? Et d'évoquer les conséquences qui allaient en découler : les seconds plans du peloton vont-ils encore vouloir rouler pour leur leader ? Beaucoup d'observateurs constatent qu'il y a un risque de fracture sociale au sein du peloton et que les images du tour d'Espagne 1995 où Georges Leblanc (le frère de Luc) et Khivivravéra sont descendus de leur fourneau, pardon vélo, pour presque en venir aux mains, risquent de se répéter fréquemment.

Fut évoqué le problème de la voiture balai qui est surchargée à cause des abandons plus nombreux, rapidement résolu par l'achat d'un second véhicule qui sera financé ainsi que les frais que cela entraîne par l'augmentation de la CSG (cotisation sur guidons).

Seule une voix dans l'assemblée s'est élevée pour faire remarquer, afin d'éviter les frais qu'entraînent les aides, les subventions et la nouvelle voiture balai, il serait plus sage d'en revenir à un parcours moins difficile avec des arrivées à 5,5%, que tous les concurrents partent ensemble sur un même pied d'égalité, en toute liberté et en toute fraternité, alors qu'actuellement les aides et subventions entraînent des magouilles et des combines en tout genre. Mais il lui fut répondu qu'il y avait des impératifs économiques à respecter, des échéances à honorer, que cela était impossible. Il fut donc décidé que priorité serait donnée à l'image de marque de la France, donc à l'élite. On prie donc le reste du peloton d'éviter de crever des deux pneus, il n'y aura pas de rechange pour eux.

Au sein du peloton, le bruit court que beaucoup partiraient en Espagne ou en Italie où paraît-il le pourcentage des cols tourne autour des 7%. D'autres, afin d'exercer leur talent ou leur passion pensent faire des courses organisées par les organismes que sont les «Tabledotes» et les «Bergofermes» où les parcours sont moins durs. On parle même qu'un sponsor venu d'Amérique du nom de «McDo» serait prêt à racheter tous les vélos avec les coureurs si ceux-ci sont d'accord pour changer leur façon de pédaler.

Bien sur, toute relation avec des faits réels n'est que pure coïncidence.

Jean Fouillet,
de Saint-Paul-Trois-Châteaux



L'HÔTELLERIE n° 2501 Hebdo 13 mars 1997

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