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Contrats multisupports

L'assurance-vie à ne pas mettre en toutes les mains

Que l'on veuille faire fructifier ses économies, préparer sa retraite ou anticiper sa succession, l'assurance-vie constitue le placement idéal. C'est d'ailleurs l'avis des Français qui ont versé en 1995, 63% de leur épargne sur ce type de produit. Or, les assureurs aimeraient que l'assurance-vie demeure encore longtemps le placement favori des Français et ce, malgré la baisse des taux servis. La solution imaginée par les sociétés d'assurance : le contrat multisupports dont le rendement peut être plus élevé que celui des contrats classiques. Mais est-ce vraiment le produit miracle promis ?Il faut, en premier lieu, rappeler qu'il existe deux grandes catégories de contrats d'assurance-vie : les contrats en francs et les contrats en unités de compte. Les contrats en francs représentent le gros du bataillon puisque sur 100 contrats souscrits en 1994, 89% étaient des contrats en francs et c'est certainement le type de contrat que vous détenez. S'appuyant sur un patrimoine essentiellement composé d'obligations, ils offrent à leurs souscripteurs à la fois la certitude d'un rendement minimum (3,5%) et la garantie que les performances antérieures ne puissent être remises en cause. Mais la baisse relative des taux à long terme fait craindre aux assureurs de voir leurs bénéfices s'éroder s'ils doivent continuer à garantir 3,5% de rendement minimum. Ils ont donc imaginé de donner aux assurés le choix de l'utilisation des fonds versés, par le biais de contrats d'un nouveau type, les contrats multisupports.

Ce que vous promet
le vendeur...

Exprimés en unités de compte, c'est-à-dire en nombre de parts de SICAV, de FCP (fonds communs de placement), de sociétés immobilières..., ces contrats permettent aux souscripteurs d'espérer obtenir des performances supérieures à celles offertes par les contrats classiques grâce à une meilleure répartition dans le temps de l'épargne versée. Il faut en effet préciser qu'il est possible à tout moment de transférer ses fonds d'un support à l'autre en fonction de la conjoncture financière (on dit alors «arbitrer»).

Ainsi, dans un premier temps, vous pouvez investir une part importante de votre épargne en obligations puis quelques mois plus tard, en retirer une partie pour l'investir en SICAV actions internationales, parce que les marchés boursiers ont des tendances haussières et ce, sans pénalités fiscales. Pour l'heure, en effet, les transferts d'un support à l'autre ne font pas tourner le «compteur de cessions» et ne risquent donc pas de vous faire franchir le montant des ventes au-delà duquel les plus-values deviennent imposables au taux de 19,9%. C'est donc un «super PEA» offrant plus de possibilités d'investissement avec en prime les avantages fiscaux de l'assurance-vie.

Les inconvénients dont il aura oublié de parler

C'est à VOUS que revient le choix des supports où vous souhaitez investir votre capital et c'est donc VOUS qui prenez tous les risques, car un contrat en unités de compte n'offre en règle générale aucune garantie de revalorisation automatique (aucun taux minimum garanti) ou de récupération du capital investi (on peut au pire tout perdre !). De plus, les gains acquis une année sont remis en jeu et peuvent donc être reperdus en totalité l'année suivante. Il n'y a aucun «effet de cliquet» comme pour les contrats classiques qui empêchent le capital de régresser.

Il faut donc être certain de toujours faire le bon choix au bon moment. Ainsi, si fin 1995, constatant la chute de 1,2% en moyenne sur l'année de la Bourse de Paris, vous avez revendu vos actions pour investir en produits monétaires plus sûr d'après vous, vous êtes passé à côté de la hausse de 28,9% en moyenne de ces mêmes actions au cours de l'année 1996 et avez dû vous contenter d'un peu plus de 3% de rendement pour vos avoirs.

Reste la possibilité souvent offerte de confier à un gestionnaire choisi par l'assureur, le pilotage de vos avoirs d'un support à l'autre, mais encore une fois, aucune garantie de résultat n'est offerte. Or, même les meilleurs gestionnaires peuvent se tromper !

Autre détail souvent omis par le vendeur, le montant des frais d'entrée et de gestion plus élevé que pour un contrat classique auxquels il faut ajouter des frais d'arbitrage.

Un contrat multisupport est donc un produit à fuir si vous cherchez à faire fructifier votre épargne en toute sérénité ou si vous désirez préparer votre succession. Mieux vaut continuer à privilégier les contrats classiques en francs même si les rendements ne sont plus aussi élevés qu'auparavant.

En revanche, c'est un produit à conseiller à ceux qui souhaitent préparer au plus tôt leur retraite, à condition toutefois de bien vérifier le montant des frais avant de s'engager. Les contrats multisupports permettent en effet de se constituer dès 30 ans, une épargne retraite en modulant au fil des années la répartition de son épargne en fonction de l'âge présumé de sa cessation d'activité : investissements en actions quand l'âge de la retraite paraît fort éloigné et en produits monétaires ou garantis lorsqu'il devient proche.

Marie-Claude Barbier



L'HÔTELLERIE n° 2498 Hebdo 20 fevrier 1997

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