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Emploi

Le plan emploi en Nord/Pas-de-Calais

Le goût de l'alternance

Crise ou pas, les CHR ont créé près de 6.000 emplois nets dans la région Nord/Pas-de-Calais en dix ans. Depuis trois ans, les contrats de qualification ont doublé. Les CITE, créés dans le cadre du plan emploi de 1996, se mettent doucement en place depuis septembre dernier.

Les premiers résultats du plan emploi lancé voici bientôt un an dans l'hôtellerie-restauration par le ministère du Tourisme, la Commission nationale paritaire pour l'emploi dans l'industrie hôtelière et le Fafih (Fonds national d'assurance-formation de l'industrie hôtelière, l'organisme de mutualisation des cotisations destinées à la formation en alternance) commencent à apparaître dans la région Nord.

Une région de poids. 32.100 actifs à la fin de l'année dernière, dont 22.400 salariés pour 12.300 établissements. Difficultés ou pas, la profession a créé 6.000 emplois en six ans. En dix ans, le nombre de salariés s'est accru de 36% en gros en ligne avec le taux de progression national (+ 37%). L'emploi dans la seule restauration a connu une progression de 82% dans la même période. Les besoins ne sont pas taris. Le seul turn-over (les départs en retraite ou volontaires, les décès) représente 2.000 postes disponibles par an et la profession crée encore des emplois nets. "Cela et notre motivation expliquent, note le président de la commission paritaire Charles Hurel, que nous obtenions des résultats avec les outils dont nous disposons." Grâce à la mobilisation conjointe des syndicats professionnels, du Groupement régional des chaînes, des entreprises et des organismes de formation, le nombre de contrats de qualification s'est accru de 259 en 1994 à 314 en 1995 et à 520 en 1996. Cela sans empiéter sur le développement des contrats d'apprentissage. Le plan emploi vient s'ajouter à ces dispositifs avec de nouveaux outils.

Le but est double : d'une part, intégrer des jeunes qui ont perdu l'espoir en la formation, les "dégoûtés de l'école" avec un outil adéquat, le contrat "CITE" (lire encadré), ainsi que des jeunes dans une situation meilleure, mais sans expérience par les moyens classiques de l'alternance avec objectif national de dix mille embauches en trois ans (dont deux mille pour les jeunes en difficulté) ; d'autre part, introduire du "mieux" dans la formation en suivant mieux les stages, en développant un tutorat en entreprise beaucoup plus volontaire. On l'a vu, les entreprises et les formateurs du Nord n'ont pas attendu le plan emploi pour développer l'alternance. Accueillir les publics en difficulté d'insertion et intégrer les hôtels et restaurants parmi les "cercles d'entreprises éducatives", mettre en place une véritable ingénierie de l'emploi est une autre affaire.

D'abord informer

Depuis mai 1996, un comité de pilotage régional est à pied d'oeuvre. Il regroupe la Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DRTEFP), la Direction régionale du tourisme, les services du Conseil régional, l'ANPE, le président de la Commission régionale paritaire, les centres de formation accrédités pour le suivi des contrats CITE (Unifhort à Arras et le Cefral à Dunkerque), et l'organisme payeur, le Fafih.

La phase opérationnelle a débuté en septembre. Objectifs : mettre en place 48 CITE en un an et poursuivre l'effort de formation en alternance. Les syndicats ont d'abord recensé les besoins en emplois dans leurs secteurs. Les rôles ont été distribués entre organismes formateurs. A côté des deux centres agréés pour les CITE, d'autres plus nombreux pratiquent les contrats de qualification et les contrats d'apprentissage intégrés au plan. Puis a suivi une double campagne d'information. Cela se chiffre. En direction des entreprises, plus de 3.500 courriers ont été envoyés par les Greta (les organismes de formation nés dans l'Education nationale engagés dans les contrats de qualification) et Uniforth. Contacts et relances téléphoniques (le Cefral a compté 287 coups de fil, Uniforth 676, les Greta 182) : total 1.145 appels. Et encore 753 visites d'entreprises derrière, on n'a rien sans rien. Finalement, 279 se sont déclarées intéressées. Côté jeunes -et c'est paradoxalement de ce côté qu'apparaissent les plus grandes difficultés à convaincre- des "rendez-vous d'avenir" ont été organisés dans des sites de formation à Béthune, Calais, Dunkerque, Lille et Valenciennes. Ces journées se composaient d'une matinée d'accueil et d'explications sur la profession et les possibilités d'embauche sous différents contrats, puis d'entretiens l'après-midi. 631 jeunes sont venus, 390 entretiens ont eu lieu. Avant les vacances de Noël, 122 recrutements avaient eu lieu dont deux selon des contrats de droit commun, 34 en apprentissage, 82 en contrats de qualification, et quatre en CITE. Ces chiffres ont bien sûr évolué depuis.

L'apprentissage et le contrat de qualification ont fait leurs preuves depuis longtemps. Ils ont simplement besoin d'une relance périodique et de moyens. Quant aux CITE, leur pertinence méritera une évaluation non pas après quelques mois, mais bien au fil des années.

A. Simoneau

CITE, DÉFINITION

L'objectif des Contrats d'insertion par le travail en entreprise (CITE) est "l'insertion dans la vie professionnelle de jeunes souhaitant travailler immédiatement et présentant une motivation pour les métiers de l'industrie hôtelière". Le bénéficiaire visé a moins de 22 ans et ne souhaite plus suivre une filière de formation. Le contrat se compose de deux éléments connus, un contrat d'orientation de six mois et un contrat de qualification de six à neuf mois. Cela sous les régimes prévus par le code du travail pour ces deux contrats. Le jeune est donc payé de 30% à 75% du SMIC selon son âge avec exonération de charges patronales. Mais l'entreprise doit désigner un tuteur et un formateur "qui accompagneront le jeune tout au long de l'action". Le tuteur reçoit une formation. Le formateur effectue douze visites d'évaluation en entreprise à raison d'une par mois. L'évolution du jeune est notée dans un "livret individuel de suivi en entreprise". Les textes veulent donc du mieux et du plus à tous les étages. Mais tout cela nécessite pour ne pas dériver dans le scénario fiction un fort engagement de tous les acteurs à commencer par l'employeur et le jeune.



L'HÔTELLERIE n° 2497 Hebdo 13 fevrier 1997

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