Actualités


Restauration

«Là Bas» à Marseille

L'alliance sans condition d'un restaurant et d'une agence de voyages

Sur le cours Julien à Marseille, on va «Là bas» aussi bien pour s'envoler ensuite à Bali que pour déguster illico une andouillette, découvrir les oeuvres d'un photographe ou écouter la musique d'un griot africain...

Xavier, Soraya et Djemel ont transposé sur la place piétonne bien aimée des Marseillais le concept atypique qu'ils avaient imaginé puis fait vivre et prospérer six années durant à la Passerelle, leur premier établissement commun. Situé dans l'ancienne poste de la rue des Trois Mages, celui-ci associait restaurant, librairie BD, rayon bouquiniste et agence de voyages.

Il y a dix-huit mois, ces vieux complices ont cédé la Passerelle, désormais connue du Tout-Marseille ou presque, à un de leurs anciens employés pour tenter une nouvelle aventure 200 mètres plus loin, laissant derrière eux bruits d'automobile, BD et vieux livres, mais emportant dans leurs bagages leurs rêves de voyages.

«Là Bas» est à la fois le nom du restaurant de Djemel et Soraya et le nom de l'agence de voyages de Xavier. Signalée par une mappemonde géante trônant dans l'entrée, cette dernière est séparée des tables et des chaises par une simple paroi de verre. Le lieu, très clair et spacieux, bénéficiant par ailleurs d'une terrasse, est aussi le siège social d'un troisième partenaire : l'association culturelle «Contre-Jour». Elle organise depuis trois ans, en été, les «Nuits Métisse» de Marseille et accueille des résidences d'artistes africains (musique, théâtre, arts plastiques...) qui se concluent par des concerts ou des expositions en différents points de la ville et auxquels participent «Là Bas».

Les trois activités sont juridiquement indépendantes, mais développent des synergies communes -chacune apportant des clients aux autres- et partagent le même objectif : "Favoriser les échanges, permettre aux gens de faire des choses ensemble." Un concept identique à celui qui avait fait le succès de la Passerelle. Et qui permet à «Là Bas» de se démarquer des nombreux autres restaurants, très prisés à l'heure du déjeuner, qui bordent le cours Julien.

Pour aménager le lieu, ses «inventeurs» ont racheté le fonds de commerce du Texas Fiesta mis en liquidation judiciaire et ont investi 500.000 F. L'agence est ouverte de 9 heures à 20 heures, et le restaurant, qui jusque-là fermait à la même heure, fonctionne depuis quelques jours jusqu'à minuit.

«Nous nous adressons aux gens pour qui le moment du repas est avant tout un prétexte pour se retrouver et papoter», explique Soraya. La carte proposée (pas de menu) est donc simple et les prix sont modiques : salades diverses, croque-monsieur, andouillette, entrecôte, steak tartare, pour 30 à 50 F le plat. Le restaurant offre une capacité de 35 places assises en intérieur et de 60 avec la terrasse et sert 40 à 50 couverts par jour en été, une trentaine en hiver. Il attire déjà une clientèle d'habitués et de fidèles : habitants du quartier, mais aussi amateurs de spectacles, comédiens, musiciens, enseignants... L'après-midi, il se transforme en salon de thé avec gâteaux-maison et carte de thés soignée. Le soir, une carte de "tapas" -ces petites assiettes apéritives espagnoles combinables à volonté- permet de varier les plaisirs ou de grignoter avant ou après spectacle.

Galerie photo et
découvertes d'ailleurs...

La passion de Djemel et Soraya pour la photo donne encore une tonalité particulière à leur établissement qui expose les oeuvres des artistes qui les ont séduits. Le couple souhaite d'ailleurs développer cette activité de galerie, en collaboration avec Contre-Jour, promouvoir les photographes de la région et de la Méditerranée et organiser autour de ces manifestations des rencontres avec le public. Une première expérience s'est déroulée cet été avec, pendant tout le mois de juin, une exposition collective sur le désert et trois soirs par semaine, des animations avec conteurs ou musiciens touaregs et repas sahariens.

C'est d'ailleurs pour élargir cet aspect de leur activité, que Djemel et Soraya ont prolongé leurs horaires d'ouverture. Ils veulent également organiser de temps en temps des soirées musicales «ni rock ni jazz, car on déteste ça, mais axées sur la musique classique, le tango, les chansons à textes, le chant lyrique, bref, tout ce qu'on n'entend pas ailleurs...» Un pari osé dans un quartier de plus en plus branché rock... Mais il pourra peut-être séduire une clientèle qui ne trouve plus forcément son compte dans cette mono-activité et faire revenir, le soir, sur le cours Julien, les intellos de ses débuts qui, pour beaucoup, l'ont déserté.

L. Casagrande

UNE PASSERELLE AVEC LE MONDE

C'était en 1988. Gégé le Chinois avait un stand sur la place Carly, haut lieu des bouquinistes marseillais.
A quelques enjambées de là,
rue des Trois Rois, Xavier officiait dans L'ombre de Seino, une librairie BD, tandis que Marc, Djemel et Soraya tenaient un restaurant de
tradition familiale. Voisins, ils furent bientôt amis, car ils aimaient tous la BD, la photo et le théâtre et se mirent à rêver : pourquoi, un jour, ne pas faire lieu commun ? Or, la vieille poste du quartier fut bientôt désaffectée, occasion inespérée... et aussitôt saisie. Ils abattirent les cloisons, et comme ils avaient l'ambition de créer des liens avec les gens et avec le monde, ils baptisèrent ce vaste espace d'un seul tenant «La Passerelle». On les traita de fous, mais ils persistèrent, ouvrant de midi à minuit, inventant au passage le concept de «BD d'urgence» -celle qu'on peut se procurer en pleine nuit quand on est attaqué par l'insomnie- conservant chacun leur gestion et leur personnel, mais organisant régulièrement en commun expositions et soirées à thème avec des auteurs, des chanteurs, des conteurs, des danseurs, des projections de cinéma méditerranéen..., bref faisant de l'ancienne poste un lieu de nourriture à petits prix pour le corps comme pour l'esprit.

Foin des esprits chagrins, le mélange séduisit le client. Xavier, fana non seulement de BD, mais aussi de destinations lointaines, ajouta au cocktail initial une agence de voyages.

La fréquentation du restaurant, qui employait quatre personnes, progressa rapidement, atteignant une soixantaine de couverts par jour.

Tant et si bien que six ans après

leur démarrage, les amis se sentirent à l'étroit... et prirent la décision

de laisser une partie de l'activité à

la Passerelle -qui a conservé l'esprit des pionniers et a pu agrandir l'espace restaurant- et d'aller

«Là Bas» insuffler une nouvelle

jeunesse à leur concept et s'offrir

une terrasse sous la verdure...



L'HÔTELLERIE n° 2493 Hebdo 16 janvier 1997

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration