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Vie professionnelle

En échange d'une Charte de qualité des terrasses

La redevance baisse de 20% à Marseille

Après six mois de discussions, la ville de Marseille et l'Union CHR 13 ont élaboré une «Charte de qualité des terrasses». Objectif : améliorer l'esthétique de celles-ci en vue de la Coupe du monde de football dont une partie se déroulera à Marseille en 1998. La signature de cette charte s'accompagne, pour tous les professionnels disposant d'une terrasse, d'une baisse de leur redevance de 20%, étalée sur deux ans à partir de 1997. D'autres mesures d'allégement, destinées aux établissements faisant des efforts encore plus significatifs d'embellissement sont à l'étude.

«C'est la première fois que nous avons à la mairie de Marseille un interlocuteur qui comprend les problèmes de la profession et s'intéresse au rôle économique que nous jouons», estime Paul Schianchi, président de l'Union des cafés, hôtels, restaurants des Bouches-du-Rhône, en évoquant la longue négociation menée avec Pierre Colonna-d'Istria, l'adjoint délégué aux emplacements publics du nouveau ministre-maire, Jean-Claude Gaudin.

Les deux parties -auxquelles s'ajoute une association de commerçants, la Sociam- sont tombées d'accord sur deux points : la prolifération incontrôlée des vélums (abris de tente) en terrasse à Marseille nuit à l'esthétique urbaine ; tandis que, dans une conjoncture morose, le prix élevé des terrasses n'incite pas les commerçants à faire preuve d'innovation dans ce domaine.

La municipalité précédente avait déjà accepté de bloquer la hausse de la redevance depuis deux ans. La nouvelle équipe a entendu les arguments des professionnels et est allée plus loin : dès 1997, les droits d'emplacement diminueront de 10% et de 10% encore en 1998. Cette décision fait partie des dispositions prévues par la Charte de qualité des terrasses adoptée en Conseil municipal le 23 décembre après six mois de concertation étroite avec le CHR 13 et dont la signature définitive devrait intervenir prochainement.

Meilleure insertion des terrasses dans l'environnement, notamment pour préserver le patrimoine architectural, meilleure harmonisation des matériaux et des mobiliers utilisés, suppression progressive en centre-ville des vélums qui occultent les façades et brisent les perspectives urbaines... tels sont les objectifs visés. Ils seront mis en oeuvre au fur et à mesure des transferts d'exploitation ou des nouvelles installations.

Un "plus" décisif

Désormais d'abord, les services municipaux seront plus sévères dans l'attribution de terrasses aux «établissements de dimensions réduites» ; entendez les mini-snacks qui ne disposent que de deux ou trois tables en intérieur et qui, depuis trois ans, reconnaît la mairie, poussent comme des champignons. La terrasse, estiment en effet les signataires de la charte, ne doit être qu'un complément à une activité principale, et non l'inverse.

Par ailleurs, la ville a décidé de revoir les catégories de terrasses autorisées. La catégorie des terrasses fermées (type véranda avec permis de construire) est maintenue pour les établissements qui en possèdent déjà, mais n'accueillera pas de nouveaux venus. Les terrasses simples et les terrasses délimitées (installations d'écrans ou de jardinières) subsistent, mais les terrasses fermées par des vélums, considérées jusque-là comme des terrasses délimitées, deviennent une catégorie à part, et paieront à ce titre une redevance plus élevée (voir notre encadré prix).

En contrepartie, la ville crée, en accord avec les professionnels, un type de terrasse inédit qui devrait être le moteur de l'embellissement souhaité : les "terrasses saisonnières aménagées". Grâce à une durée d'utilisation accrue, elles représentent pour les professionnels un "plus" décisif.

Pour la première fois, en effet, la mairie autorise l'installation de protections latérales hautes (la hauteur maximum était jusque-là de 1,50 m) avec couverture en toile, ce qui permettra aux clients d'être entièrement protégés en cas d'intempéries. Ces terrasses saisonnières pourront être installées du 1er novembre au 30 avril, et, au-delà de cette période, redeviendront des terrasses simples. Seules conditions mises : les écrans coupe-vent devront être entièrement translucides, la structure utiliser des matériaux nobles (verre, métal, ferronnerie) et l'ensemble devra être composé d'éléments modulables et aisément démontables.

Les terrasses saisonnières aménagées devront par ailleurs être réalisées en concertation avec les services municipaux et bénéficieront alors du label «Marseille-terrasse-qualité».

Des mesures plus contraignantes en centre-ville

En guise d'incitation, le service des emplacements de la mairie et l'Union des cafés, hôtels, restaurants des Bouches-du-Rhône avaient dans un premier temps convenu que les professionnels investissant pour se doter de tels équipements bénéficieraient d'exonérations, dégressives sur trois ans, des droits d'emplacement. Une disposition que contestent les services juridiques de la mairie, pour des raisons techniques. D'autres solutions sont donc à l'étude, car pour les professionnels, ce type d'encouragement est une condition sine qua non de leur acceptation définitive de la charte.

Outres diverses dispositions d'ordre général veillant à garantir un meilleur entretien des terrasses et une meilleure maîtrise du bruit le soir, la charte se penche de manière spécifique sur les terrasses du centre-ville où «la densité des commerces, l'existence de nombreux sites, bâtiments et monuments protégés, l'afflux plus important de piétons, nécessitent des mesures particulières pour améliorer son image et le rendre plus attractif».

Selon les quartiers, leur histoire, leur architecture, leur fonction, etc., certains types d'installations seront ou non autorisés. La charte fixe également les matériaux et couleurs acceptés pour les mobiliers, stores et tentes, interdit la publicité sur les parasols, les écrans coupe-vent, et les stores, prévoit de proposer un nuancier de couleurs en fonction des quartiers et des voies...

«Les terrasses participent à l'esthétique urbaine et à l'animation de la cité ; il nous paraît donc normal d'avoir des exigences qualitatives mais, précise Pierre Colonna-d'Istria, l'adjoint au maire, il n'est pas question d'utiliser la coercition ; nous avons choisi la voie de la concertation et nous progresserons ainsi...» Et Paul Schianchi de conclure : «Pour la première fois, le prix des terrasses va baisser. Pour nous, c'est une belle conquête. Et je suis sûr que nous parviendrons à un accord sur la manière d'aider les établissements à investir pour réaliser des terrasses saisonnières aménagées... Car tout le monde a intérêt à faire de Marseille la plus belle ville possible pour la Coupe du monde...» L. Casagrande

LES PRIX AVANT, APRES...*

1996 1997
Terrasse simple 385 F le m2/an 346 F
Terrasse délimitée 416 F 374,50 F
Terrasse saisonnière aménagée n'existait pas 393,50 F
Vélum inclus dans 405 F
terrasse délimitée
Terrasse fermée 624F 562F
* Prix valable en zone 1



L'HÔTELLERIE n° 2492 Hebdo 09 janvier 1997

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