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Au fil de la semaine


La part du rêve

C'est la tradition et elle a sûrement du bon, pour quelques jours, les soucis passeront au second plan et chacun tentera de positiver son quotidien et de faire la fête, entre amis, en famille. Une période propice aux sorties, aux dépenses et, bien sûr, tous ceux qui voudront se faire plaisir se plairont à aller au restaurant. Qui mieux que le restaurant symbolise la fête ? Le rêve ? L'exceptionnel ? Un atout qui mériterait certainement d'être un peu mieux utilisé par les restaurateurs en général, mais aussi et surtout par les chefs de cuisine qui, fiers de passer de plus en plus souvent sur les ondes et sur les écrans, se sentent obligés de révéler avec force détails, le montant de leurs investissements, leur coût matière, leurs démêlés avec leurs banquiers, voire même le salaire qu'ils se versent. Pour démystifier la fête que peuvent se faire les clients en venant chez eux, on fait difficilement mieux !

Au ras des pâquerettes, les explications financières qui préviennent que tout client qui s'assoit à une table coûte au restaurateur plus de 400 francs... Avec de tels détails sordides, on coupe l'envie à plus d'un client de passer le seuil d'un restaurant étoilé ! Que ces informations circulent, parce qu'elles sont économiques, utiles, au sein de la profession est une chose, mais qu'on les jette en patûre au grand public et donc à sa clientèle, frise l'indécence, l'exhibitionnisme.

Pourquoi détruire ainsi l'image inaccessible, exceptionnelle de la grande restauration ? Ses mystères tant financiers que culinaires lui conféraient cette image de perfection et d'exception qui faisait tant rêver les clients ! Après avoir donné leurs recettes, photos et tours de main à l'appui, les chefs ouvrent aujourd'hui leurs livres de comptes... Que prévoient-ils pour demain ? Un album photos sur leur vie privée, histoire d'avoir la chance de faire la une de Gala ou de Voici ?

Ils feraient sûrement bien de se souvenir que pour vivre heureux, mieux vaut dire caché... et qu'ils s'interrogent un peu sur l'attitude des vrais patrons du luxe : Alain-Dominique Perrin a-t-il un jour révélé combien coûtait à Cartier les 3 anneaux ou la Tank ? La sagesse le lui interdit et jamais les clients ne se posent la question, c'est certainement la raison pour laquelle la marque continue à faire rêver et augmente ses ventes !

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2488 HEBDO 19 decembre 1996

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