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Vie professionnelle

Renégociation des prêts

Un accord FNIH-C2T pour aider les professionnels

Renégocier ses prêts avec des banquiers récalcitrants tient aujourd'hui de l'impossible pour bien des professionnels. Une situation de blocage des banques d'autant plus désastreuse qu'une simple restructuration de la dette permet dans bien des cas d'assurer la survie de l'entreprise. C'est pour éviter ces situations injustifiées tant sur le plan humain qu'économique, qu'un accord a été signé entre la FNIH et le C2T afin d'aider les entreprises à obtenir gain de cause dans leurs renégociations avec les banques. Une formule simple, souple qui sait être efficace.

Contractés à des taux d'intérêt très élevés, les emprunts sont pour bien des hôtels, cafés, restaurants, une charge financière qu'ils ne peuvent plus assurer. Ceux qui n'ont pas réussi à renégocier leur dette auprès des banques sont, malgré une activité honorable, dans des situations très fragiles, voire inextricables. Renégocier avant qu'il ne soit trop tard, c'est possible pour autant que l'organisme bancaire le veuille. Un rapport de force professionnel-banquier dont le déséquilibre ne laisse pas beaucoup de chance aux professionnels. C'est justement ce rapport de force que Georges Antoun a voulu modifier en cherchant un organisme à même d'accompagner les cafetiers, restaurateurs, hôteliers dans leur démarche de renégociation. «Le rôle d'une Fédération, c'est d'être attentif aux besoins des adhérents, même si ces besoins ne sont pas toujours techniquement formulés.» Le combat pour la renégociation de la dette de la profession est un combat qui ne peut se régler par un seul protocole d'accord bien sûr. «Nous ne cessons de nous battre auprès des pouvoirs publics et des organismes, tel le CEPME, pour que des accords globaux puissent être trouvés pour l'ensemble de notre secteur, mais nous ne nous leurrons pas, ces démarches sont lourdes ; sous tutelle de l'Etat, les organismes ont des marches de manoeuvre limitées car très encadrées. La lourdeur nuit à la rapidité, donc à l'efficacité, c'est la raison pour laquelle en parallèle, nous avons cherché d'autres solutions. D'où cet accord avec C2T.»

Une réelle expertise dans les CHR

Ce n'est certainement pas un hasard si l'accord a pu être conclu aussi naturellement avec C2T, établissement financier filiale du GITT. «Nous connaissons très bien cet organisme dans notre profession, sa présence dans les CHR est forte depuis plusieurs années et nous savons les membres de leur équipe proches du terrain, explique Georges Antoun. Si nous les avons sollicités, c'est justement parce que nous avons pu apprécier leur technique de renégociation à travers plusieurs de leurs interventions sur des dossiers particulièrement délicats, et ce, sur tout le territoire. Aussi, un protocole d'accord entre la FNIH et C2T permettait de mettre en place des procédures et de déterminer le cadre de l'intervention de C2T tant auprès des professionnels que des banquiers.» Autant dire qu'aujourd'hui, en passant par le relais de leur syndicat départemental, tous les professionnels qui souhaitent renégocier avec leurs banquiers ont un rapport privilégié avec C2T. «Grâce à leur audit dans un premier temps, mais ensuite au rapport que C2T établit entre le professionnel et le banquier, le contexte est complètement modifié et renforce la position du professionnel dont les atouts sont mis en avant par des spécialistes de la finance face à un autre organisme bancaire. Ça change du tout au tout», explique le président de la FNHF.

Un mécanisme simple qui permet justement la rapidité, ce qui est essentiel, car dans bien des cas, il y a urgence. C'est auprès du syndicat départemental que le dossier va être déposé pour un premier examen. Dès lors, le dossier est communiqué par le syndicat à C2T qui établit un premier diagnostic gratuit qui déterminera si le dossier est effectivement jouable. Une étude est alors faite par C2T, elle met en avant points forts et points faibles de l'entreprise, tant au niveau financier que de l'exploitation et permet alors de déterminer les moyens à mettre en oeuvre, les potentialités pour trouver les solutions les mieux adaptées aux besoins spécifiques de l'entreprise. Cette étude coûte de 10.000 à 15.000 F selon les cas.

De bons atouts

«A ce stade, explique Norbert Turco, directeur général adjoint de C2T, le professionnel connaît ses atouts, à lui de choisir la formule qui lui convient le mieux. Notre intervention peut s'arrêter là, il a un dossier élaboré pour une renégociation, il choisit lui-même de mener seul les discussions avec sa banque, mais nous pouvons aller plus loin et être le négociateur auprès des banques et pour appuyer le dossier, intervenir en caution à hauteur de 50% du prêt.» Une formule qui change tout, même si elle est plus coûteuse pour le professionnel, puisque en cas de succès et seulement dans ce cas-là, C2T facture pour la négociation une somme de 10.000 F plus les frais de déplacement. Une somme très largement compensée par l'avantage tiré de la négociation. Qui plus est, l'intervention du C2T en tant que caution est dans la plupart des cas, une aide à la décision déterminante pour la banque qui a ainsi l'assurance, même si la durée de remboursement est rallongée, de voir son dossier aboutir sans problème de contentieux. On constate aujourd'hui que cet accord devrait permettre à de nombreuses entreprises de CHR de reprendre espoir et retrouver un peu d'oxygène.

PLN

QUI EST C2T ?

C'est en 1969 que le GITT (Groupement des industries du transport et du tourisme) a été créé. Un organisme financier privé, intervenant sur le marché obligataire pour permettre le financement de projets privés dans le monde du tourisme. C'est justement pour répondre aux besoins de financement des plus petites structures, hôtels, cafés, restaurants, que fut créé C2T (Crédit touristique et des transports) en 1987. Filiale du GITT, C2T devenait alors très rapidement un organisme financier faisant référence par son expertise dans le domaine des CHR. Un très grand nombre d'établissements ont dès lors été financés pour acquisition, rénovation, C2T intervenant sur des prêts directs et sur des engagements par caution. Aujourd'hui, C2T a arrêté, du fait de la conjoncture, les prêts directs, mais intervient en tant que caution. Cette structure met justement en avant tant sa clientèle CHR que son ex-
pertise du secteur pour conclure des accords avec des banques.

* Ne pas avoir honte d'avoir des problèmes.

* Ne pas fuir son banquier quand on rencontre les premières difficultés, au contraire, le rencontrer pour trouver des solutions.

* Pas de fuite en avant.

* Ne pas attendre que la situation empire.

Lyon

André Portuguez : «C2T s'est véritablement battu pour que j'obtienne un nouveau prêt»

En 1991, les affaires tournent plutôt bien pour André Portuguez, patron d'un hôtel (11 chambres), restaurant et bar dans le IIIème arrondissement de Lyon. A tel point d'ailleurs qu'il prend la décision de rénover son établissement. Il n'y va alors pas par quatre chemins réalisant des travaux et achats de matériels pour un montant global d'environ 1 million de francs. Considéré comme un client sérieux, la banque Morin-Pons, lui accorde un prêt à 12,5%. Malgré la mauvaise conjoncture économique, notre professionnel lyonnais parvient à rembourser sa dette durant près de 4 ans. «Le remboursement était pourtant lourd puisqu'atteignant mensuellement 20.000 francs», confie André Portuguez.

La crise perdurant, l'entreprise finit néanmoins par rencontrer quelques difficultés notamment de trésorerie. André Portuguez cherche donc une solution et tente en vain de renégocier sa dette financière. Il finit par rencontrer les représentants de C2T début 1996. Après une analyse détaillée des comptes de la société, C2T accepte d'assister André Portuguez dans la renégociation de sa dette. Suite à maintes démarches réalisées auprès d'organismes bancaires (4 au total), le dossier Portuguez est finalement accepté par la Banque Populaire. «C2T s'est véritablement battu pour que j'obtienne un nouveau prêt. Notons que cet organisme a cautionné lui-même une partie du prêt», précise le patron lyonnais. Ce dernier bénéficie désormais d'un prêt de 600.000 francs au taux de 9,5% à rembourser sur cinq ans. C.C.

L'hôtel du Lez à Bollène

Jean-Yves Faravel : «le professionnalisme associé au cautionnement de C2T sécurise le banquier»

Voilà près d'un an que Jean-Pierre Faravel, patron d'un petit hôtel de 16 chambres deux étoiles à Bollène (Vaucluse), s'échine à renégocier sa dette auprès de son banquier. Ayant acheté il y a trois ans son affaire avec peu de fonds propres (100.000 francs d'apports personnels pour un montant total de 650.000), notre homme était néanmoins parvenu à ses fins en «s'arrangeant» avec le crédit vendeur. Reste qu'il devait rembourser chaque mois la somme de 16.000 francs. «En dépit d'un taux d'occupation moyen de 65%, ses charges financières étaient devenues trop lourdes à supporter», explique l'intéressé.

Souhaitant «réétaler» le montant de sa dette, Jean-Yves Faravel, un dossier solidement ficelé sous le bras, s'en va donc rendre visite à son organisme bancaire. Comme de bien entendu, le banquier se montre extrêmement frileux. Déposé le 9 janvier 1996, ledit dossier traîne d'ailleurs en longueur. Au mois de septembre dernier, notre hôtelier décide alors de rencontrer les responsables de C2T. Après un audit complet (honoraires de 12.000 francs dont une partie peut être prise en charge par le dispositif d'aide à la restructuration de la dette des entreprises hôtelières), C2T tire un diagnostic positif et accepte de cautionner à hauteur de 50% le cas Faravel. «Ayant pris leur décision, les responsables de l'organisme sont eux-mêmes allés soutenir le dossier devant le banquier. Leur professionnalisme associé au fait qu'il cautionne le réétalement de ma dette à hauteur de 50% a naturellement sécurisé le banquier», commente l'hôtelier de Bollène. Résultat : aujourd'hui Jean-Yves Faravel a racheté tous ses crédits pour le transférer en un seul sur une période de 10 ans. Désormais, il ne règle plus que 9.000 francs de charges financières par mois.

C.C.



L'HÔTELLERIE n° 2485 Hebdo 28 novembre 1996

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