Depuis de nombreuses années, l'ensemble des organisations syndicales réclamait la réduction de la redevance télévision très pénalisante pour l'hôtellerie française.
Rappelons que le barème actuel imposait le paiement de la taxe normale pour chacun des onze premiers postes, puis une réduction de 25% du douzième au trentième poste et de 50% pour les suivants. Ainsi, aujourd'hui, pour un hôtel de 10 chambres, la redevance s'élève à 7.000 francs et pour un hôtel de 100 chambres à 42.175 francs.
Aujourd'hui, le gouvernement propose une nouvelle tarification : une seule redevance correspondant aux onze premiers postes, puis une redevance pour chacun des postes suivants. Le nouveau système apparaît donc favorable aux petits hôtels, mais devient plus lourd pour les hôtels de plus de 40 chambres (Voir L'Hôtellerie du 31 octobre 1996 n° 2481).
Pour un hôtel de 10 chambres, la redevance atteindrait 700 francs et pour un hôtel de 100 chambres, 62.000 francs.
C'est bien là que le bât blesse et les responsables du Syndicat professionnel s'insurgent de cette nouvelle tarification qui déstabilise Pierre pour habiller Paul, mais surtout permet au Trésor Public d'encaisser au final encore plus de recettes et toujours sur le dos de l'hôtellerie. C'est en effet le cas sur Nice.
C'est ainsi que le Syndicat des hôteliers de Nice-Côte d'Azur a établi une simulation sur l'ensemble de ses adhérents niçois. La démonstration est claire : le Trésor Public va encaisser sur Nice une redevance audiovisuelle en augmentation de 17%.
Sur un échantillon de 179 hôtels représentant 9.390 chambres, le montant de la redevance passe de 4.410.000 francs à 5.332.600 francs, soit une augmentation de 922.600 francs.
77 hôtels de cet échantillon vont subir une augmentation représentant une somme totale de 1.390.000 francs et 102 hôtels vont bénéficier d'une réduction totale de 423.500 francs.
Pour Jean-Paul Cordero, président du Syndicat niçois : «Il faut se réjouir pour les petits hôtels, mais la solidarité professionnelle doit l'emporter. Il n'est pas acceptable que le gouvernement décide d'une réduction pour certains hôtels qui sera compensée encore plus largement par les autres hôtels. La nouvelle tarification du gouvernement a un côté pervers puisqu'elle cherche à diviser les professionnels alors qu'ils ont toujours été unis et solidaires pour réclamer une baisse d'une redevance audiovisuelle devenue insupportable pour tous les hôtels.»
Les responsables syndicaux niçois ont décidé d'appuyer la Fédération nationale de l'industrie hôtelière qui tout en déclarant être satisfaite de l'application d'une seule taxe pour les onze premiers postes, demande que le système de réduction actuel (25% du douzième au trentième poste et 50% pour les suivants) soit maintenu. Ils ont adressé un courrier dans ce sens aux députés et sénateurs du département.
Affaire à suivre donc, mais qui risque d'empoisonner la vie syndicale à tout niveau. Il est vrai que toute mesure gouvernementale qui divise une même profession laisse toujours un goût amer dans la bouche de ceux qui la représentent. L'exercice est périlleux. Il faut à la fois féliciter le gouvernement pour avoir pris en compte les difficultés des petits hôtels et le critiquer de faire supporter cette économie par d'autres établissements qui traversent également des problèmes de fréquentation et de trésorerie.
L'initiative du Syndicat de Nice a le mérite également de poser directement la question : le gouvernement avec le nouveau système ne va-t-il pas engranger des recettes encore plus élevées, ce qui révolterait encore plus la profession ?
«Le ministre chargé du Tourisme doit répondre clairement à cette interrogation, précise Jean-Paul Cordero. En attendant, chaque destination hôtelière pourra faire ses calculs et comparaisons.»
C. Roussel
L'HÔTELLERIE n° 2485 Hebdo 28 novembre 1996
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