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Au fil de la semaine
A vous de jouer

Seule une renégociation de ses prêts pouvait permettre à Marc Veyrat de sauver son entreprise. Après avoir tenté de négocier avec ses banques de la façon la plus classique qui soit, face à la capacité d'attentisme et de résistance de ses interlocuteurs, Veyrat a joué sa dernière carte en menaçant de mettre la clé sous la porte. Les banques, dans leur ensemble, ont dû considérer qu'elles avaient alors davantage à perdre qu'à gagner et dès lors, ont commencé à revoir leur copie pour le plus grand bonheur du chef d'Annecy. Des renégociations qui sont de toute évidence allées au-delà de ce qui était imaginable au départ. En jouant ainsi au quitte ou double, Marc Veyrat a amené les banques à s'impliquer et à accepter le risque autrement.

Le rapport de force a été inversé et pourtant, l'enjeu était de taille, les banques avaient en effet eu la légèreté de se laisser embarquer pour la coquette somme de 40 millions de francs ! Bien entendu, la somme dépassait l'entendement et tant les banques que Marc Veyrat, tous étaient a priori coupables de mauvaise évaluation des besoins de financement par rapport à la capacité de remboursement. Bien sûr, la notoriété d'un 3 étoiles Michelin et le tapage médiatique autour du problème ont eu un poids non négligeable dont ne peuvent pas bénéficier les autres professionnels moins célèbres et non moins méritants qui s'épuisent chaque jour à offrir une prestation de qualité à leurs clients entre deux tentatives de renégociation avec des banques qui continuent à faire la sourde oreille, considérant que l'entreprise est encore à même de dégager la somme nécessaire pour les rembourser, même si tout nouvel investissement, toute rénovation, tout effort de commercialisation deviennent impossibles quand elles ne choisissent pas au contraire de procéder à une liquidation sous prétexte que leurs garanties sont suffisantes.

Le cas de Marc Veyrat montre bien que le rapport qui s'est institué entre professionnels et banquiers est un rapport de force dans lequel la finance a pris le dessus pour le plus grand malheur des entreprises et du secteur de l'hôtellerie-restauration dans son ensemble. Ce que les banques ont fait pour Veyrat, elles peuvent et elles doivent le faire pour les autres. A eux de savoir l'exiger et de se regrouper pour être plus forts et plus combatifs pour faire valoir leurs droits. A eux aussi de savoir peut-être faire preuve d'ambition pour leurs entreprises et de faire évoluer la gestion de leurs affaires pour mieux convaincre leurs banquiers.

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2484 HEBDO 21 novembre 1996

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