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Taxe sur les alcools

Les brasseurs vont trinquer

Mauvaise nouvelle pour la bière qui, selon un amendement adopté par les députés dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, devrait subir une augmentation des taxes de 36%. Jean-Paul Schmitt, président de l'Association des Brasseurs de France, s'insurge haut et fort contre cette mesure qu'il juge discriminatoire et incohérente.

Pour l'Association des Brasseurs de France, l'amendement adopté jeudi dernier dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale est inadmissible. Cette nouvelle taxation prévue sur la bière relève de la «discrimination» et démontre «l'incohérence» du système. «Sous prétexte de prévention en matière de santé publique pour financer le déficit de la Caisse d'Assurance Maladie, la bière subit l'augmentation de taxe la plus élevée de l'ensemble des boissons alcoolisées : +36% -et non quelques centimes comme cela a été habilement présenté- rien pour le vin et +4,97% pour les alcools forts», s'insurge Jean-Paul Schmitt, président des Brasseurs de France qui souligne que la «décision est d'autant plus incohérente que la bière, associée à l'alimentation de l'humanité depuis des siècles, est reconnue dans tous les pays européens comme la boisson de modération par excellence. Et, comble du paradoxe, même les bières sans alcool seront, elles aussi taxées !»

A cet argument, Rina Muller, présidente du Syndicat des Brasseurs d'Alsace, ajoute qu'au Danemark, pour lutter contre l'alcoolisme, on vient de baisser la taxation sur les bières afin d'en favoriser la vente au détriment des alcools forts. Autre constat apportant de l'eau au moulin des Brasseurs, la dernière enquête faite par le très officiel Comité Français d'Education pour la Santé (CFES), entre le 22 et le 30 mars 1996 et qui souligne que la consommation d'alcools forts est devenue chez les jeunes la plus fréquente parmi les boissons alcoolisées : 33% des jeunes interrogés ont bu au moins un apéritif ou un digestif dans la semaine qui précédait. A 12 ans, 10% des jeunes ont bu un alcool fort dans la semaine et ce taux est multiplié par six à l'âge de 18 ans.

Seulement 1% des taxes va
à la prévention

«Les pressions et diverses campagnes de lobbying qui ont amené à faire basculer soudainement sur la bière une partie des taxes destinées au financement de la Sécurité sociale démontrent une fois de plus la cruelle absence d'une véritable politique de santé publique dans notre pays», reprend. M. Schmitt. Seulement 1% des taxes sur les alcools est en effet consacré en France à la prévention. «Comment accepter que dans la très large famille des spiritueux, le cognac et l'armagnac -produits de terroir presque exclusivement exportés- servent de paravent fiscal à des spiritueux massivement importés comme le whisky, le gin, la vodka ou la tequila, qui à eux seuls représentent 40% de la consommation d'alcool fort ?», s'étonne encore M. Schmitt qui constate à regrets que le vin, concurrent direct de la bière, n'est pas touché par cette offensive budgétaire.

En 1993, la hausse de taxation dont la bière a déjà fait l'objet et qui représentait 10% du chiffre d'affaires de la profession brassicole s'est traduite par une réduction du marché de 600.000 hectolitres «jamais retrouvée» et par une baisse des recettes fiscales de 500 millions de francs. Si le projet de loi aboutissait tel quel, les Brasseurs de France rappellent que ce n'est pas seulement l'industrie brassicole qui serait touchée (13.000 milliards de C.A. en 1994, 6.600 emplois directs), mais également la filière des cafés dont la bière représente plus de 30% du chiffre d'affaires et la filière agricole. «La malterie française produit 1.300.000 tonnes de malt dont 250.000 sont utilisées par la brasserie française», fait-on remarquer. Soit au total plus de 80.000 emplois générés par le secteur brassicole en France.

Sy.S.

Surprenant en effet. Sous

prétexte de santé publique,

la taxation prévue touchera également les bières sans alcool... Le French paradoxe !



L'HÔTELLERIE n° 2482 Hebdo 7 novembre 1996

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