Installé au coeur de la cité des Ducs de Bretagne, sur l'île Versailles, le restaurant Torigaï a su, au fil du temps, se tailler une réputation de qualité et d'originalité. Deux qualités que l'on retrouve dans la cuisine (mélange de saveurs occidentales et orientales), mais également dans le décor (la salle surplombe la Loire). Aujourd'hui pourtant, c'est terminé. Le maître des lieux, Shigeo Torigaï, a mis la clé sous la porte le 31 juillet. Aussi agréable soit-il avec son dôme de verre, le bâtiment qui accueille le restaurant nécessite en effet de gros investissements pour la restauration et la mise aux normes. «Les services vétérinaires m'ont demandé de mettre la cuisine aux normes, notamment dans la partie de traitement des matières premières.»
Des travaux, certes nécessaires, mais inconciliables avec la rentabilité de l'établissement. L'en-semble de la rénovation revient en effet à plus d'un million de francs, et «la ville de Nantes, propriétaire des locaux, ne souhaitait pas tellement investir». Ne désirant pas assurer l'ensemble de l'investissement, Shigeo Torigaï préfère s'en aller, «d'autant que le loyer (18.000 francs) risquait aussi d'augmenter». C'est donc la fin d'une époque et d'une belle aventure qui a débuté au début des années 70.
Originaire du Japon, Shigeo Torigaï a posé ses valises et son savoir-faire en France, il y a vingt-trois ans. Après un passage dans un Relais & Château en Finistère, il rejoint Nantes avec ce fabuleux projet de monter un établissement de quelque 110 couverts sur l'île Versailles. «Je ne regretterai pas spécialement Nantes. C'est une ville difficile, avec, depuis trois ou quatre ans, des hauts et des bas.»
Faute d'avoir pu trouver un autre établissement dans la cité des Ducs de Bretagne, voire même en Europe (Prague était à l'ordre du jour), Shigeo Torigaï prépare désormais son retour au Pays du soleil levant. Il devrait prendre le poste de conseiller technique pendant six mois dans un établissement du quartier chic de Tokyo «L'Eau à la Bouche». «Le propriétaire actuel a envie de lever le pied.» Pour Shigeo Torigaï, l'Asie reste un marché très porteur. «Pendant un moment, je vais analyser la demande de la clientèle. Il faut voir sur le terrain avant de s'engager.»
O. Marie
Shigeo Torigaï : «Nantes
est une ville difficile, avec,
depuis trois ou quatre ans,
des hauts et des bas.»
L'HÔTELLERIE n° 2480 Hebdo 24 Octobre 1996