D'un côté, un hôtel-restaurant 2 étoiles de bonne réputation dont le chiffre d'affaires a chuté de 50% depuis trois ans. De l'autre, plusieurs gîtes aux alentours qui ne cessent d'afficher complet. L'opposition des situations a paru si flagrante à Marie-Odile Hammer, gérante de «La Bonne Auberge» à Bouzonville (Moselle), pour en avoir le coeur net. Ses investigations-demande de renseignements par téléphone ou visites impromptues des gîtes par des proches- ont mis en évidence plusieurs abus : les gîtes servent des repas à des clients qui n'y séjournent pas, ils organisent des banquets, l'un d'eux exploite un comptoir de bar sans licence affichée et des tables d'hôtes ne sont pas déclarées.
Ils n'expliquent pas à eux seuls les difficultés de l'hôtel-restaurant, mais ce «contexte concurrentiel les aggrave», selon la sous-préfecture de Boulay, qui confirme l'existence de pratiques «dépassant les compétences» des gîtes et chambres d'hôtes.
«Les gîtes fonctionnent comme des hôtels, sans les mêmes contraintes de charges et de TVA. Dans une région touristique comme l'Alsace, tout le monde peut, à la limite, y trouver son compte. Mais pas chez nous», estime Marie-Odile Hammer, soutenue par le Syndicat professionnel de la Moselle. Coincés entre les bassins d'emploi attractifs de Metz, de Thionville et du bassin houiller, les hôtels de la zone plus rurale de Bouzonville souffrent. L'un d'eux a déposé son bilan il y a quelques mois.
L'initiative de l'hôtelière a fait bouger les choses : le Relais départemental du tourisme rural, qui assure la «tutelle» des gîtes et chambres d'hôtes, a demandé à ceux-ci de cesser leurs pratiques. Le «bon fonctionnement» de «La Bonne Auberge» avant 1993 incite sa gérante à penser que l'établissement retrouvera ses clients. Reste aussi et surtout à faire évoluer les mentalités : à la mairie de Bouzonville, les employés interrogés par des touristes belges cette année ignoraient -volontairement ?- l'existence de «La Bonne Auberge» et ont dirigé les clients vers les gîtes. Un fait attesté par les touristes en question.
M. Nussbaum
L'HÔTELLERIE n° 2477 Magazine 3 Octobre 1996
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