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Vie professionnelle

Dans les Côtes-d'Armor

«L'heure n'est plus à la concertation...»

Parfois, il ne suffit plus d'élever le ton. Il faut passer à l'acte. Après avoir maintes et maintes fois fait part de leur mécontentement face à la concurrence déloyale qui les mine, les professionnels des Côtes-d'Armor, hôteliers et cafetiers, viennent de franchir une étape supérieure. Vendredi 20 septembre, ils étaient jusqu'à 80 personnes à manifester leur colère sur la place de la mairie de Saint-Brieuc. Ils ont été reçus par des représentants de chaque groupe politique. «Chacun a reconnu qu'il fallait trouver une solution», souligne M. Liscouet, de la FDIH 22. Par ailleurs, les professionnels envisagent toujours de porter plainte contre la ville de Saint-Brieuc, pour concurrence déloyale.

La fédération reproche en effet à la municipalité briochine de soutenir (grâce à des subventions atteignant aujourd'hui un montant total de quelque 6 MF) l'activité paracommerciale de l'auberge de jeunesse locale, «Manoir de la ville Guyomard». Cette dernière propose en effet un service restauration gastronomique de 130 couverts (5 menus de 72 à 160 francs), du champagne (180 F), diverses salles modulables pour les réunions (jusqu'à 1 050 F la journée) etc. Toutefois, ces prestations ne s'adressent qu'aux «groupements et collectivités à but non lucratif» précise la plaquette luxueuse de l'auberge. «Mais y a-t-il en France un seul groupement non constitué en association, la liste est illimitée», souligne Dominique Salvi, présidente de la FDIH, dans une lettre envoyée au maire de Saint-Brieuc, Claude Saunier.

Les cafetiers
se désengagent

Dans un second courrier adressé notamment au conseil municipal, les professionnels énumèrent logiquement les avantages d'une telle activité : pas de taxe professionnelle, pas d'imposition sur les bénéfices, aucune charge d'investissement, entretien gratuit, contrats avantageux pour le personnel etc. Les hôteliers avaient averti, «l'heure n'est plus à la concertation et les membres... ont décidé d'agir». Propriétaire des bâtiments de l'auberge, la mairie attend aujourd'hui de prendre officiellement connaissance de la plainte et renouvelle son soutien «à la mission sociale de l'auberge, une des plus performantes de France».

Une réunion est d'ailleurs prévue à Paris le 22 octobre, entre les représentants de l'hôtellerie et ceux des auberges de jeunesses. «Aux dernières nouvelles, nous ne devrions plus signer une convention, comme à l'origine. Une circulaire ministérielle serait en cours d'élaboration. Elle définirait le cadre de la clientèle des auberges de jeunesse, explique M. Liscouet. On ne peut plus continuer comme ça. Ces établissements sont pris dans une course à l'investissement. Ils sont toujours plus luxueux, toujours plus proches du privé. Il faut limiter ça.»

Au même moment, la grogne monte chez les cafetiers. Jean-Michel Duchêne, président des cafetiers de la FDIH, a pris la décision, en collaboration avec ses adhérents, «de suspendre la collaboration engagée avec les pouvoirs publics et le centre de prévention contre l'alcoolisme». Ces différents partenaires avaient en effet envisagé d'organiser une opération pilote, «Auto testez-vous», afin de lutter contre l'alcoolisme. «Nous pensions distribuer, pour un prix symbolique, des éthylotest», explique Jean-Michel Duchêne. Le désengagement des professionnels fait suite à l'application du décret autorisant la vente d'alcool dans les buvettes des stades et autres équipements associatifs. «D'un côté, des débits de boissons sont sous la menace de fermetures administratives, et de l'autre, on autorise la vente d'alcool dans des associations. C'est inadmissible.»

O. Marie



L'HÔTELLERIE n° 2477 Magazine 3 Octobre 1996

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