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Le pouvoir d'agir

C'était le 14 juillet, le soleil commençait à pointer un peu partout en France et les professionnels reprenaient quelque espoir pour un démarrage de la saison estivale. Tradition oblige, puisque Fête Nationale était, discours présidentiel fut. Un discours qui se voulait mobilisateur, réaliste et sans concession. Des propos présidentiels qui restaient dans la continuité de ceux du candidat Chirac, mais qui n'eurent certainement pas les mêmes effets sur les chefs d'entreprises qui, en début 1995, avaient encore quelque espoir dans un changement des hommes et des structures. Bien sûr, le chef de l'Etat a soulevé de vrais problèmes, d'ailleurs depuis des années dénoncés par les chefs d'entreprises qui se battent quotidiennement contre l'absurdité de l'administration et l'abus de pouvoir des banques. Quelques déclarations qui ne pourront pas avoir laissé les professionnels insensibles et qui peut-être leur fourniront quelque espoir pour continuer à se battre : «les taux d'intérêt aujourd'hui en France sont nettement trop élevés, il y a une marge de diminution importante», «si vous dépensez plus qu'il n'est possible et si vous ne vous adaptez pas aux choses, vous allez forcément d'une façon ou d'une autre à la faillite». Bonne analyse, M. le Président, la plupart des hôtels, cafés et restaurants sont justement dans cette situation. Mais l'annonce faite de créer une structure bancaire propre à financer à des taux plus bas les PME ne changera rien à l'affaire : pour les hôtels, cafés, restaurants, l'heure n'est plus à l'emprunt, mais à la renégociation des taux des emprunts contractés voici quelques années à des niveaux que l'on qualifierait aujourd'hui d'usurier. L'ensemble des CHR adhère à l'idée «la croissance, il ne faut pas l'attendre, il faut la faire, ensemble, en retroussant nos manches» mais justement, laissons leur la faire cette croissance ! Alors que les risques de déflation se font de plus en plus grands, on continue à faire la sourde oreille à la pression des entreprises qui demandent une généralisation de la renégociation de la dette. Alors que dans les années 70-80, en laissant filer l'inflation, on favorisait les constructeurs de l'avenir, aujourd'hui, par une politique passéiste qui se refuse d'intervenir autoritairement dans le système bancaire autrement que pour recapitaliser, on favorise les conservateurs d'un passé improductif en faisant référence à des mécanismes économiques qui n'ont plus de raisons d'être et l'on se contente de chercher quelques recettes pour mieux gérer une société qui ne peut plus fonctionner. Il ne suffit pas aux hommes politiques de dénoncer, le suffrage universel leur a donné le pouvoir, c'est dans l'action qu'ils seront jugés.

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2467 Hebdo 18 juillet 1996

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