Les représentants des syndicats parisiens estiment que la capitale a besoin d'être boostée
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75 - Paris Le bilan estival 2010 de l’Office de Tourisme de Paris est bon, voir très bon. Un optimisme que ne partage pas les représentants des organismes patronaux qui parlent de ‘tourisme ghettorisé’ et d’une capitale ‘Belle au bois dormant’.

Jean-Luc Binet, Geneviève Bahler et Jean-Pierre Chedal nous donnent, notamment, un aperçu des nouvelles clientèles touristiques parisiennes.

Le président de la Chambre syndicale des hôteliers de Paris, Bertrand Lecourt, parle d'un taux d'occupation estival un peu meilleur.
Bertrand Lecourt, président de la Chambre syndicale des hôteliers de Paris et président de l’Hôtellerie Familiale au sein de l’Umih, avoue sa perplexité. “On a lu dans la presse des taux extraordinaires, proches de 2008, mais quand mes adhérents ont vu ça, leurs bras en sont tombés. Sur le terrain, c’était seulement un peu mieux. Nous étions l’an dernier à 30% de taux d’occupation et cette année on est passé à 45% en moyenne. Nous sommes très loin des 72% qu’on pouvait avoir à une époque.” Jean-Luc Binet, 1er vice-président du Synhorcat, constate lui aussi une remontée des taux d’occupation par rapport à une année 2009 “catastrophique”. En “juillet, nous avons eu une hausse assez importante, c’est moins vrai en août.” Dans l’escarcelle du Synhorcat, de nombreux palaces et hauts de gamme parisiens qui ont, quant à eux “très bien travaillés” avec toutefois des différences de clientèles selon les lieux. “La rive droite reste très corporate, avec des clientèles plutôt anglo-saxonnes, allemandes. Les italiens, les latinos sont davantage présents par la rive gauche”. Le syndicat de la rue de Gramont note aussi une baisse de la clientèle russe et une montée en puissance des touristes indiens et asiatiques avec des flux vers l’Europe en croissance à deux chiffres. Et ce bémol, “ les Chinois ne vont pas dépenser beaucoup pour se loger. Le logement arrive en tout dernier pour eux.” Geneviève Bahler, présidente de la branche des hôtels indépendants du Synhorcat évoque également une hausse de la clientèle brésilienne. “Je pense qu’Atout France a été efficace car ils arrivent avec déjà leur passe musée. Ils sont ‘fans’ d’infos sur Paris et ils recherchent aussi le petit resto, qui va les accueillir après leur journée de visite. Je l’ai vu chez moi, ils vont prendre un petit déjeuner conséquent et ils ne s’arrêtent pas pour déjeuner. En revanche, ils vont vouloir dîner tard et là, cela devient plus compliqué. A Paris, contrairement à d’autres capitales, la vie s’arrête tôt Prenez Berlin ou Barcelone, ça n'a rien à voir. Et puis, tous les quartiers ne bénéficient pas du facteur tourisme” Christian Navet, président de l’Union patronale d’Ile de France, affiliée à l’Umih, qui compte un certain nombres de cafés dans ses adhérents, rejoint en partie l’analyse. “Dans nos affaires, la première quinzaine de juillet a été bonne mais des baisses de chiffres se sont faits ressentir après le 14 juillet. Paris souffre l’été pour plusieurs raisons. Les entreprises ferment en août et les parisiens sont majoritairement des vacanciers aoûtiens. Il faudrait que les institutionnels aient une politique beaucoup plus agressive. Il faut une vraie promotion de l’Ile de France. Quand les touristes viennent, il faut leur donner envie de revenir avec d’autres objectifs, de se promener ailleurs que dans les grands sites, de s’échapper. Il y a plein de petites rues dans Paris, il y a les villages des peintres à l’Ouest et au Sud… Un des gros problèmes aussi, c’est le transport. On circule mal dans Paris et il faut une voiture pour découvrir l’Ile de France. Et puis, la profession n’a pas encore pris toute la dimension d’un accueil en langue étrangère. Il faut développer davantage les cartes traduites, ne serait-ce qu’en anglais.” Bertrand Lecourt reconnaît aussi une “sectorisation” du tourisme. Jean-Luc Binet emploie le terme ‘ghettorisation’ et revient sur les difficultés de travailler en soirée. “Au moindre problème de bruit, on menace les gens de fermeture administrative.” L’intolérance des parisiens va grandissante selon les professionnels interrogés.
Ticket moyen en baisse
Jean-Pierre Chedal, président de la branche des restaurants multiples au Synhorcat s’inquiète, de son côté, de la baisse du ticket moyen. “Alors qu’il y a bien eu cet été une reprise d’activité, mais avec des dépenses resserrées. A l’exception de certains quartiers, la rive droite a été beaucoup plus calme. D’une manière ou d’une autre, nous devons mettre l’accent sur la qualité de l’accueil. Quand on va à l’étranger, on s’aperçoit qu’on doit se remettre au plus vite en question. Paris à un potentiel extraordinaire mais il faut apporter aux touristes une dimension d’accueil et de service, qui fait défaut. Ne nous cachons pas les yeux.”
Comment les professionnels vivent-ils la rentrée ? Septembre se comporte bien à leurs yeux et des salons, comme Maison & Objets, donnent le ton. “A Paris, octobre est presque l’un des plus gros mois de l’année” confie Bertrand Lecourt. Mais la visibilité sur novembre et décembre manque. “En restauration, l’augmentation des formules va dans le sens de l’histoire mais on ne peut pas dire que la reprise soit là” estime Jean-Pierre Chedal. S’ajoutent, “et c’est propre à notre pays, les grèves à répétions. Les hommes d’affaire étrangers ont du mal à comprendre… Comme ils ont du mal à comprendre qu’un palace parisien n’arrive pas à trouver un taxi à 8 heures du matin. On pourrait aussi parler des axes de circulations qui relient nos aéroports” lâche Geneviève Bahler pour qui ces sujets s’inscrivent “dans l’accueil”. “ Nous devons être davantage au service de nos hôtes”, termine Jean-Pierre Chedal. Nous risquons réellement de perdre des parts de marché si nous faisons de Paris la ‘Belle au bois dormant’ qu’elle est en train de devenir”. A bon entendeur.
Sylvie Soubes |
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