Les professionnels attentifs à la possible modification du décret plage de 2006
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06 - Alpes-Maritimes C’est la pleine saison pour les plagistes. Même si les affaires tournent plutôt bien dans les Alpes-Maritimes, la vigilance est de mise, avec l'espoir, toujours vivace, de voir la règlementation s'assouplir.

Gérard Grizzetti, plage Le Goéland, président du Syndicat des plagistes de Cannes.

René Colomban, patron du Blue Beach, président du syndicat des plagistes de Nice.

Jean-Claude Moreu, patron de la plage Les Jumeaux à Ramatuelle, président de la fédération nationale des plagistes et restaurants.
“Nos plages contribuent à l’image de Cannes”
Gérard Grizetti, patron du Goéland, président du syndicat des plagistes de Cannes
“À Cannes, on travaille toute l’année. Il fait beau. On a des affaires qui roulent et nous sommes dans les clous. Nos 33 plages emploient 700 à 800 personnes, soit une dizaine de personnes en CDI par plage plus les extras aux périodes de pointe. Elle sont toutes tenues par des professionnels, certaines même par des cuisiniers. Nous contribuons ensemble à l’image de marque de Cannes en offrant des plages propres, entretenues, belles à regarder, agréables à fréquenter.
La municipalité, avec qui nous travaillons main dans la main, a prévu la construction d’une digue anti-houle en 2010. Un événement très important pour nous qui va permettre de ré-engraisser et d’agrandir les plages. Nous pourrions ainsi gagner 15 à 20 m de plage supplémentaire.
Ici à Cannes, on avance. L’application du décret de 2006 signifierait un vrai retour en arrière. Nous avons fait réaliser un audit complet : 8 plages, soit 300 emplois et 1 500 matelas seraient appelées à disparaître. Le démontage des plages urbaines me semble par ailleurs difficile. On veut juste rester comme on est.”
“On espère qu’il y aura la volonté nécessaire pour modifier le décret”
René Colomban, patron du Blue Beach, président du syndicat des plagistes de Nice
“La prise de conscience est là. Tous les élus du littoral commencent à réaliser l’impact de ce décret catastrophique pour l’emploi. en profondeur ou en sortir un nouveau. À Nice, nos concessions ont été renouvelées récemment et nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme pour dénoncer les limites de ce décret. Nous ne sommes pas embêtés par la limitation de la période d’ouverture puisque nous avons un accord d’ouverture à l’année, ni par le démontage des plages puisque si nous ne le faisons pas, c’est la mer qui s’en charge ! Les nouveaux concessionnaires en ont fait les frais l’année dernière. Notre souci, c’est cette occupation limitée à 20 % à la fois en linéaire et en surface. Ce qui signifierait pour les plagistes niçois une diminution de surface de 15 % et la réduction de 50 emplois et 1 000 matelas (environ 80 par concession). À l’heure où le gouvernement, avec la baisse de la TVA nous donne les moyens d’embaucher, ce n’est pas très cohérent. La modification du décret avec un taux d’occupation limité à 20 % soit de la surface soit du linéaire serait une première avancée significative.”
“Le décret ne tient pas compte de l’évolution des attentes du touriste”
Alain Palamiti, patron de la plage Les Pirates, président du syndicat des plagistes d’Antibes Juan-les-Pins
“Ce décret a été pensé [vers] 1998. Il ne correspond pas à la réalité du tourisme d’aujourd’hui. Les habitudes et les attentes ont changé. Comme les autres plagistes, je refuse du monde tous les jours. Les touristes ne comprennent pas. Nous respectons les règles mais il est urgent que le cadre juridique évolue sinon les touristes iront voir ailleurs. À Antibes Juan-les-Pins, c’est le mode de calcul du pourcentage qui poserait problème. S’il était appliqué par secteur comme c’est préconisé, Juan-les-Pins serait amputée de la majorité de ses plages. Le privé occupe 80 % de ce secteur. Ce serait la mort de la station et un sacré manque à gagner pour la municipalité. Nous demandons donc à ce que ces 20 % soient calculés sur l’ensemble de la commune. On nous parle aussi de démontabilité des structures. Mais on nous a demandé de faire de gros investissements. Il faut les rembourser maintenant. Démonter les structures tous les ans, c’est coûteux et ça les fragilise. Elles pourraient être démontables mais pas démontées.”
“La modification du taux d’occupation sera la plus difficile à négocier”
Jean-Claude Moreu, patron de la plage Les Jumeaux à Ramatuelle, président de la fédération nationale des plagistes et restaurants
“Il y a essentiellement trois points sensibles dans ce décret : le premier, c’est la réduction du taux d’occupation du domaine public qui passe de 30 % en linéaire à 20 % en linéaire mais aussi en surface. Avec ses plages petites et étroites, la Côte d’Azur souffre. Et puis ses spécificités locales ne sont pas respectées : nous n’avons pas la même population, les mêmes touristes, les mêmes besoins d’accueil, les mêmes cultures des bains de mer d’une côte à l’autre. L’idéal serait de revenir aux 30 % en linéaire mais rien n’est acquis. Le deuxième point concerne la démontabilité : c’est une évidence, mais en fin de concession, pas en fin de saison.
En terme de développement durable, les démonter chaque année serait une hérésie, coûteux et plus destructeur pour l’environnement qu’autre chose. Une alternative pourrait être trouvée avec la délivrance d’une attestation annuelle de démontabilité par un organisme agrée. Le troisième point concerne la période d’ouverture. Dans les Alpes-Maritimes, la majorité des plages sont ouvertes huit mois par an et plus. Ce pourrait être aux conseils municipaux, avec l’accord de l’État, de décider qui doit rester ouvert. La fédération, qui a obtenu en 2008 la nomination d’une commission ministérielle, suit de très près le dossier et se montre plutôt optimiste.”
À Menton, les 12 plages privées, pour la majeure partie artificielles, emploient 300 personnes sur l’année, soit 70 à 100 l’hiver, plus les extras en saison. Ouvertes huit mois par an à la demande de la municipalité, les plus excentrées peinent à rentabiliser les mois d’hiver selon le porte-parole des plagistes, Christophe Fanciulli, patron de La Melijo. Ses souhaits ? “Un peu plus de flexibilité de la DDE maritime, le respect de notre travail et la prise en compte des spécificités locales.”
À Cagnes-sur-Mer, et dans un souci de mise en conformité avec la loi, la municipalité a décidé de mettre fin aux actuelles concessions, non sans résistance. Les six nouvelles concessions opérationnelles pour l’été 2010, et d’ores et déjà attribuées, seront en règle avec les dispositions du décret de 2006.
Pour retrouver le reportage de Patrick Cros et Francis Matéo sur les restaurants de plage en Laguedoc-Roussillon en vidéo : cliquez ici
Anne Sallé |
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