Christine Pujol a assisté à la table ronde organisée sur le Sirha par les hôteliers de l'Umih 69 : le point sur la région et les normes
Suivre les commentaires Poser une question
Ajouter un commentaire Partager :
Lyon (69) Lors du Sirha, Christine Pujol, présidente de la rue d’Anjou, a répondu à l’invitation des hôteliers de l’Umih Rhône. L’occasion de débattre sur le nouveau classement hôtelier mais aussi des besoins lyonnais en matière d’hébergement.

Comment se comporte l’hôtellerie en Rhône-Alpes et plus particulièrement à Lyon ?
Laurent Duc : Nous sommes parmi les 4 premières destinations de France en termes d’hébergement, avec 18 000 chambres sur le département. Lyon a la particularité d’avoir une forte implantation de chaînes hôtelières avec un acteur principal, qui est Accor. À eux seuls, ils représentent 42 % du marché. Ce qui est important de souligner, c’est que tout le monde est autour de la table, petits et grands. Nous avons des actions dynamiques initiées par l’office de tourisme, des outils de congrès et d’exposition très performants. Prenons Europexpo, qui offre plus de 100 000 m2 de halls et qui va augmenter de 10 % sa surface. Lyon est aussi un nœud stratégique au sud de l’Europe, qui défend un certain nombre de valeurs culinaires et d’accueil.
Josette Vignat : Après une embellie fantastique en 2007, l’hôtellerie lyonnaise a enregistré un ralentissement de 3 points en 2008, avant même qu’on parle de la crise. C’était particulièrement fort sur le premier semestre, ce qui est paradoxal par rapport à d’autres villes françaises. Nos hôtels se remplissent quand il y a des manifestations… N’en déplaisent aux institutions, nous devons travailler 365 jours par an. Il faut qu’on arrive à juguler les baisses qu’on enregistre le week-end, en juillet et en août et dès qu’il y a des vacances scolaires. 2008 s’est mieux terminée parce que nous avons eu de très beaux congrès en fin d’année. Le tourisme urbain est en train de se développer. Ce sont des touristes qui viennent pour des courts séjours, avec des tarifs négociés bien sûr. C’est ce type de tourisme qui peut gommer les grandes baisses d’activités qu’on rencontre. Lissés sur l’année, les taux d’occupations sont de l’ordre de 65 %.
Laurent Duc : L’idée de l’offre, c’est aussi d’avoir de très gros porteurs qui auraient leur marché propre, au-delà du marché lyonnais. Une enseigne internationale peut amener son propre business. On pourrait accueillir un 300/350, voire 400 chambres - on peut rêver - qui permettent que certaines conventions se tiennent à Lyon. Et qui partageraient la clientèle avec d’autres établissements. On a beaucoup de petites unités, qui ont autour de 100 chambres, et un marché personnel qui fait qu’ils ne peuvent pas dédier la totalité de leur hébergement à tel ou tel événement.
Damien Combet : Effectivement, on entend depuis des années qu’il manque à Lyon un hôtel gros porteur. Pour moi, ce qui vient d’être dit est juste, une grosse enseigne drainerait aussi sa propre clientèle. Malheureusement, quand les CDEC existaient encore, les choix politiques ont été de valider des constructions portant sur des petites unités et en hôtellerie économique… En fait, on a posé toute la problématique de l’hôtellerie lyonnaise. On va dire dès demain dire qu’il n’y a pas assez de chambres, parce que tout était pris pendant le Sirha, en oubliant les quinze jours qui vont suivre, où seulement la moitié des chambres seront occupées… Nous voulons des choses, mais est-ce qu’on s’en donne les moyens ?
Comment amener de nouvelles clientèles ?
Gérard Veilex : À Lyon, nous avons une saisonnalité de la demande particulière. Nous sommes dans le tourisme d’affaires. En 2008, nous avons eu l’ouverture de la plateforme d’Easy Jet et celle-ci va amener un nouveau type de fréquentation.
Damien Combet : Il faut le reconnaître, depuis quelques années, on note une réelle volonté de la ville de drainer un nouveau tourisme. Citons la Fête des lumières, qui est devenue une véritable attraction. D’une manifestation qui avait lieu une journée, le 8 décembre, on est passé à un événement qui s’étend sur plusieurs jours et attirent beaucoup de monde, y compris des étrangers.
Christine Pujol : Lyon est un exemple à suivre. Il faut que les grandes villes aient des événements à elles. C’est la notoriété de la ville qui grandit quand l’événement prend de l’importance. Une des préoccupations de l’Umih, c’est effectivement de prendre en compte le tourisme, et les CHR en sont les principaux acteurs. Mon combat, en tant que présidente confédérale, est d’ailleurs de positionner les CHRD comme une véritable industrie, pilier de l’activité économique. Nous devons être reconnus comme tels, au même titre que le bâtiment ou l’agriculture. Je dirais que ça va mieux qu’à une époque, mais c’est encore loin d’être suffisant.
L’image de la profession, encore et encore...
Laurent Duc : Le secteur représente un ensemble de petites entreprises et même si on rapporte à l’État davantage de devises que l’industrie automobile, une grosse entreprise qui s’arrête, c’est plus représentatif pour eux. La perte d’argent est immédiate et quantifiable. En ce qui nous concerne, ils savent qu’il n’est pas possible de démembrer la totalité d’une branche comme la nôtre.
Christine Pujol : Il nous appartient d’être plus innovants, de mieux nous défendre et c’est la tâche qui m’incombe à la tête de l’Umih.
Le nouveau classement hôtelier, une opportunité ou une usine à gaz ?
Christine Pujol : Tous les professionnels s’accordaient à dire qu’il fallait revoir des normes qui dataient de 1986. La concurrence et la consommation ont changé et les normes étaient figées dans un contexte obsolète. Je ne pense pas qu’un établissement puisse du jour au lendemain tout rayer et tout reprendre à zéro. Notre projet n’était pas d’avoir une ambition démesurée, il était surtout d’apporter un outil pour la petite hôtellerie indépendante, pour qu’elle ne soit pas laissée sur le bord du chemin. Nous sommes connus en France pour ce maillage fait de petites structures, réparties sur tout le territoire. C’est une richesse de notre pays et ça doit le rester. Si les étrangers viennent, c’est aussi pour ces petits hôtels. Pour un certain nombre d’entre eux, il n’y avait aucune lisibilité. L’hôtellerie qui a 15/20 chambres et qui n’appartient à aucun groupe a beaucoup de mal à avancer seule. Vous savez, il était temps d’intervenir. Le référentiel, on en peut dire ce qu’on veut, c’est un bon outil. Il sera évolutif. Il ne durera que cinq ans, peut-être sera-t-il ramené à trois ans ensuite. L’important, c’est qu’il permette à cette petite hôtellerie d’évoluer en fonction des besoins.
Damien Combet : Cette grille, c’est un outil indispensable pour l’évolution de l’hôtellerie française. Personnellement, j’ai pris la grille et j’ai essayé de me situer. Et c’est parlant. Ça permet d’établir un diagnostic et de se fixer des objectifs de progrès.Tout le monde peut se donner les moyens d’avoir l’hôtellerie qu’il mérite.
Josette Vignat : Au niveau des chaînes, nous avons des audits annuels. Il est important, même si c’est fait de manière récurrente, de se positionner et de vérifier. D’autre part, nous étions le seul pays qui n’avait pas de 5 étoiles. Il faut que les étrangers aient des points de comparaison. Il faut que les visiteurs internationaux aient des repères. Envoyer un Américain dans un hôtel qui n’a pas d’étoiles, c’est impensable.
Laurent Duc : Le syndicat professionnel est là pour aider l’hôtellerie pour aller vers le meilleur, il n’est pas là que pour s’opposer. Il est là pour offrir, conseiller, porter les projets. Et si les gens voient ce classement comme une contrainte, il faut la transformer en opportunité. Et cette opportunité, c’est cette lisibilité internationale. Et puis, ce sera un choix, puisque ce sera volontaire… Néanmoins, si on tire tout le monde vers le haut, c’est plus intelligent que de rester en bas et crier que ça ne va pas.
Christine Pujol : Ce n’est pas une machine à gaz. Au contraire, c’est relativement simple pour la petite hôtellerie. Rien n’empêche l’hôtelier de faire plus et beaucoup mieux. Il y a des bases avec un contrôle régulier. Après, si on trouve que ce n’est pas suffisant, rien ne vous empêche de mettre des flacons de parfum dans la salle de bain.
Gérard Veilex : Contrairement à ce qui s’était passé dans les années 80, l’ensemble des représentants de la profession était associé à la définition de ce nouveau référentiel. Ensuite, ce qui me paraît positif, c’est aussi la création de la 5e étoile qui permet à la destination France de mieux se vendre. Autre point à souligner : le client existe à travers le référentiel. On demande l’avis au client. On est entré dans un changement de culture. On est passé du ‘hard’ vers une culture de la démarche qualité. Dernier point, vous avez intégré le développement durable et c’est une prise de conscience majeure.
Christine Pujol : Nous savons que l’entité qui va s’occuper de la procédure de classement naîtra de la fusion de Maison de la France et d’Odit France. Nous ferons, nous syndicat, le maximum pour que ce ne soit pas lourd pour les professionnels.
Damien Combet : Même si on ne connaît pas encore toutes les modalités, il faut inviter les hôteliers à travailler sur cette grille. Il faut qu’ils soient prêts quand les dossiers d’agrément se mettront en route.
Propos recueillis par Sylvie Soubes |
Derniers commentaires
L'agrodigesteur Biomost de Presse à Balle, pour digérer les déchets
1 000 € remboursés pour l'achat d'un four mixte iCombi !
Botulisme : quels risques, comment s'en prémunir
Une saison estivale "excellente", se réjouit Olivia Grégoire
Chaînes hôtelières : pourquoi ils adhèrent ?