Le Bloody Friday de la restauration parisienne
Restauration - lundi 16 novembre 2015 09:38
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Paris (75) Qu'ils aient été une cible directe, victime de dommages collatéraux, centre de secours, lieu de refuge ou touchés par des explosions de kamikazes, une vingtaine de cafés, brasseries, fast-foods ou restaurants franciliens ont connu un vendredi 13 de terreur. Selon un dernier décompte macabre, sur 129 victimes, une quarantaine sont mortes sur des terrasses de cafés parisiens.

Au 92 rue de Charonne les Parisiens se recueillent devant Sushi Maki et la Belle équipe

Grégory Reibenberg.

Au 77 de la rue Monge, les paris vont bon
train au comptoir du bar-tabac Monge en cette fin d'après-midi du
vendredi 13, jour de chance pour la loterie nationale et les
cafetiers-buralistes. L'excellente météo prévue en fin de semaine offre une
raison supplémentaire de se réjouir. Christian Moisset anticipe donc un bon
week-end d'activité grâce à son autre affaire située au 253 boulevard
Voltaire, Le Comptoir Voltaire. À 21 h 43, Brahim Abdelsam, un kamikaze d'origine
française, déclenche sa ceinture d'explosifs alors qu'il vient de s'attabler sous
la terrasse de l'établissement. Selon L'Express,
la serveuse qui prenait la commande est grièvement blessée au thorax et à l'abdomen.
Une dizaine de personnes sont touchées, un couple de clients serait défiguré par
la déflagration, seul le terroriste meurt. Aucune nouvelle de Catherine, la "grande serveuse d'une
quarantaine d'année", comme l'a décrite la gérante du restaurant
chinois situé à 20 mètres, Lin Délices. "J'ai entendu l'explosion, j'ai
pensé que c'était le gaz, je suis sorti pour voir. Des gens couraient partout.
La police est arrivée rapidement et a demandé à tout le monde de se barricader.
La suite, je l'ai vue à la télévision."
Deux jours après l'attentat, un client attablé dans le restaurant chinois raconte avoir été présent au moment des faits : "J'étais à côté, au 249, dans la boucherie. J'habite rue de Charonne, j'ai rejoint ma femme pour l'aider à nettoyer la boucherie. Je suis sorti pour fumer une cigarette au moment de l'explosion. J'ai été militaire, j'ai compris que ce n'étais pas le gaz. Il y avait beaucoup de blessés. Je pense que le terroriste s'est fait sauter pour faire diversion." Le Comptoir Voltaire est fermé jusqu'à nouvel ordre.
Recueillement
Plus bas, à un croisement de l'avenue Voltaire, rue de Charonne, au numéro 92, l'affluence est maximale pour rendre hommage aux 19 victimes tuées en terrasse neuf minutes avant l'explosion du Comptoir Voltaire. La Belle Équipe paye le plus lourd bilan des fusillades qui ont ensanglanté les terrasses de cafés des Xe et XIe arrondissements de Paris. Grégory Reibenberg, le président de la société Samore qui exploite le café, était présent hier aux abords de son établissement après avoir organisé un groupe de parole avec des victimes et le psychologue Jean-Pierre Vouche. Parmi les personnes décédées, neuf étaient des proches : sa femme, morte dans ses bras, son associé, des amis, des employés. Une foule compacte dépose des bougies et des fleurs devant la Belle Équipe et le restaurant japonais voisin.
Derrière le
rideau fermé de Sushi Maki, Monsieur Jiang témoigne : "Nous n'avons
pas eu de blessés mais des balles ont traversé la vitrine. Nous sommes fermés
pour quelques jours. Je suis très touché par tous ces gens qui viennent se
recueillir devant le restaurant." Encore plus bas sur le boulevard
Voltaire, au numéro 50, le Bataclan est une scène de crime impénétrable.
Vendredi soir, rue Amelot à quelques dizaines de mètres du massacre, Rodolphe
Paquin, le chef-propriétaire du Repaire de Cartouche, poussait ses tables
pour transformer son restaurant en centre de secours, tout comme L'Attitude
Café au 60 boulevard Voltaire, où la police rassemblait de nombreux
rescapés du Bataclan avant de donner l'assaut selon Le JDD. Brice Bourlet, 30 ans, employé par un glacier
artisanal renommé de Trappes (78) qui fournit en sorbets plusieurs centaines de
restaurants, est hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière dans un état grave.
Pierre Innocenti, 40 ans, et Stéphane Albertini étaient aussi présents au Bataclan vendredi soir. Ils avaient repris le restaurant italien Chez Livio, une institution à Neuilly (92). Les deux hommes comptent parmi les victimes de la salle de concert. Quant à Véronique de Bourgies, la femme de Stéphane de Bourgies, l'un des plus grands photographes culinaires actuels, elle a perdu la vie sur la terrasse de la Belle Équipe. Son mari, portraitiste de chefs, est rentré d'urgence de Chine. Il témoignait sur ce terrible drame dimanche dans l'émission 7 à 8.
Pierre Innocenti, 40 ans, et Stéphane Albertini étaient aussi présents au Bataclan vendredi soir. Ils avaient repris le restaurant italien Chez Livio, une institution à Neuilly (92). Les deux hommes comptent parmi les victimes de la salle de concert. Quant à Véronique de Bourgies, la femme de Stéphane de Bourgies, l'un des plus grands photographes culinaires actuels, elle a perdu la vie sur la terrasse de la Belle Équipe. Son mari, portraitiste de chefs, est rentré d'urgence de Chine. Il témoignait sur ce terrible drame dimanche dans l'émission 7 à 8.
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Un maître d'hôtel enfermé dans le Grand Stade
Patrick Triaes, 58 ans, est le maître d'hôtel de la loge du groupe américain Dow Chemical au stade de France depuis une dizaine d'année. Arrivé à 16 h 45 avec son fils, il constate aux abords du stade une présence policière armée de fusils-mitrailleurs : "Je n'avais jamais vu ça. Au moment de l'explosion de la première bombe, j'ai fait un rapprochement. Ma cliente était inquiète, ses invités regardaient le match au balcon, j'étais à l'intérieur. Mon fils recevait des informations par SMS de la part de ses copains. Nous savions qu'il se passait quelque chose. On a entendu la deuxième explosion mais pas la troisième, celle à côté du McDonalds (rue de la Cokerie, NDLR). Les réseaux étaient saturés. La télévision de la loge était bloquée, selon l'usage, sur la chaîne du Grand Stade, impossible donc de se connecter sur les télévisons d'information. À la fin du match, les invités étaient retenus dans la loge, un ou deux paniquaient. Les autres s'inquiétaient surtout pour leur famille restée dans le centre de Paris. Vers minuit, les loges ont été évacuées les unes après les autres par des hommes habillés en noir que je n'ai jamais vus sur le site. Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur tant nous avions du travail, il fallait ranger les verres, faire la cave. Nous sommes partis vers deux heures, tous les extras ont été solidaires en raccompagnant les collègues qui n'étaient pas véhiculés", raconte le maître d'hôtel du traiteur Lenôtre.
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