Les hôteliers dans la roue du centième Tour de France

Il semble que rien ne puisse entamer la bonne humeur et la confiance de Pascale Thomas, la responsable de la cellule hébergement et transport du Tour de France au sein d'Amaury Sport Organisation (Aso). "Il est très agréable de travailler avec les hôteliers. La partie hébergement est bouclée depuis longtemps. Tous les hôtels ont été visités à l'automne dernier. Lorsque notre directeur, Christian Prudhomme, communique officiellement le tracé du Tour suivant, nous avons bloqué nos chambres avant les autres. Aso organise l'hébergement de 1 400 personnes par jour, les membres de l'organisation (motards de la garde républicaine, service de santé…) et les équipes. Cela représente 900 chambres à trouver par étape. Mais avec la Caravane, les partenaires et la presse, c'est presque 4 500 personnes qui suivent le Tour. Cela représente 2 500 chambres par jour", explique Pascale Thomas qui travaillait au Concorde Lafayette avant d'être débauchée en 1994 par Aso.

Les villes qui souhaitent accueillir la Grande Boucle doivent être candidates et répondre à un cahier des charges : "C'est le sportif qui prévaut mais la capacité d'accueil dans la ville ou les alentours est un critère", assure Pascale Thomas. Le rapport entre les hôteliers et Aso est excellent. "Les retombées économiques ne sont pas négligeables mais c'est avant tout une ambiance. Le personnel vit, parle et pratique le vélo pour l'occasion", s'amuse Jérôme Madoux, le directeur de la Villa Navarre, un cinq étoiles de Pau qui accueillera en juillet prochain une équipe sportive et la tête de l'organisation du Tour. "Nous sélectionnons des hôtels de deux étoiles minimum et la règle est d'être équitable entre les équipes, elles doivent être logées à égalité en terme de catégorie sur la longueur", ajoute la responsable logistique d'Aso.

Principes du Yield Management

"C'est une formidable mécanique. Aso nous accompagne. Nous avons un cahier des charges, nous devons respecter des menus, avoir un parking pour les véhicules techniques avec arrivée d'eau et électricité. Il nous adresse même un petit fascicule pour nous familiariser avec l'accueil des sportifs", s'enthousiasme Séverine Fraysse de l'Occitan à Castres, un établissement qui accueille le Tour depuis 1987 : "Nous mettrons 38 chambres sur 64 à disposition d'Aso. Nous devons garder de la place pour nos clients qui plébiscitent cette cohabitation", clame l'hôtelière qui assure ne pas faire flamber les prix pour l'occasion mais qui vend ses chambres à plein tarif : "Avant, le trésorier d'Aso passait régler au départ de l'étape. Maintenant il paye sur facture à cinq jours. Il n'y a jamais de problème."

De son côté, Pascale Thomas reconnaît que les principes du Yield Management s'appliquent sur le Tour : "Les prix des chambres varient en fonction de la capacité de la ville et nous n'avons pas de fourchette à respecter, juste un budget sur l'ensemble de l'événement. Nous avons des rapports privilégiés avec des groupes comme Kyriad, les Relais & Châteaux, les Logis de France ou Best Western. Accor nous dépêche même un interlocuteur unique. Les no-shows sont payés mais cela n'arrive jamais. On connaît nos besoins", conclut Pascal Thomas qui assure n'avoir jamais été contrainte de loger une personne dans un camping, une colonie ou même un train. Une précision intéressante alors que des rumeurs font état de l'arrivée de bateaux de croisière au départ de la course.

Pas de flambée des prix

Seule la présence du Mega Smeralda est confirmée à Porto-Vecchio : "Le ferry accueillera le centre de presse. Nous avons créé en octobre dernier une cellule hébergement au sein de l'office du tourisme. Nous avons recensé 19 000 lits en hôtel, résidence ou meublé. Nous avons assuré la coordination entre les demandes et l'offre avec l'objectif de satisfaire tout le monde. Il est très rare de trouver un événement aussi fédérateur. Tous les hôteliers ont joué le jeu sans faire exploser les prix et ils ont gardé des chambres pour leurs clients. Nous avons encore de la place", se réjouit Marie-Pierre Papi, la directrice de l'office du tourisme de Porto-Vecchio.

Les équipes sont composées de neuf sportifs : "Pour chaque team, nous réservons quatre twins et une single. Qu'importe l'étage mais elles doivent être voisines", précise Pascale Thomas. Une diététicienne de l'Insep élabore les menus qui seront transmis aux hôteliers. Le matin de l'arrivée de l'étape, des intendants d'Aso, "d'anciens sportifs qui connaissent bien les habitudes des équipes", arrivent dans les hôtels avec des membres de l'organisation. Les clés sont remises et les bagages ventilés. Aso emploie un cuisinier italien qui conseille les cuisiniers en place, en particulier sur la cuisson 'al dente' des pâtes. Les ingrédients sont contrôlés pour les problèmes de dopage mais certaines équipes préfèrent confier les estomacs de leurs coureurs à un cuisinier privé.