Table ronde au lycée Guillaume Tirel à Paris : Une politique de développement durable mise en œuvre dans une entreprise hôtelière est elle compatible avec la recherche des performances ?
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Le vendredi 4 décembre 2009, la première promotion de la licence "Direction des services d’hébergement en hôtellerie internationale" a accueilli des professionnels des métiers de l’hôtellerie afin de débattre d’un sujet d’actualité : le développement durable. Étaient présents :
- Andrieux Caroline, projet manager, direction du développement durable Groupe Accor
- Davroux Régine, responsable pédagogique de la licence DSHHI,
- Fessard Jean-Luc, Cabinet Conseil Le Temps du client
- Gillot Daniel, Cabinet Conseil Sirius-Conseil
- Libert Willy, DG Marriott renaissance La Défense
- Marchand François, Groupe AFICOM - président
- Montargot Nathalie, responsable de la licence professionnelle DSHHI
- Moraga Xavier, DG Hôtel Gavarni, Paris
- Piotrowski Christian, responsable de la communication à l’IUFM de l'Académie de Versailles - Université de Cergy-Pontoise
- Polge Sylvie, Institutional Marketing France Société Écolab
- Raynaud Serge, webmestre du portail national de ressources en hôtellerie-restauration
- Riera Brigitte, directrice adjointe de l’IUFM de l'Académie de Versailles - Université de Cergy–Pontoise, responsable des licences professionnelles
Après avoir accueilli leurs invités autour d’une collation 100 % bio, les étudiants ont pris la parole pour présenter ce thème qui leur tenait à cœur. Ils ont organisé le débat autour des trois grands piliers du développement durable : environnemental, économique et sociétal.
Le pilier environnemental : conservation et gestion des ressources
Un intervenant suggère d’inverser le propos pour lui : "Ne pas mettre en œuvre une politique de Développement Durable est aujourd’hui incompatible avec une recherche de performances." Le développement durable passe par une prise de conscience des hôteliers mais aussi de leurs clients.
Toutes les entreprises hôtelières présentes cherchent à préserver les ressources.
Par exemple elles mettent en place des réducteurs de débit dans les robinets, douches et baignoires. Des partenariats entre les hôtels et EDF permettent que 100 % de l’électricité achetée soit renouvelable. Des installations de panneaux solaires en vue d’économiser l’énergie se multiplient.
Le tri des déchets, le zéro papier, l’utilisation de produits d’entretiens écologiques ou encore la mise en place de petit déjeuner buffet bio… sont au programme.
Willy Libert souligne que le groupe Marriott est sur le point d’obtenir une certification LEED pour ses engagements environnementaux aux États-Unis. Cette certification porte sur tous les aspects de la construction : matériaux, énergie, eau. Le groupe Marriott dont la philosophie est de servir la communauté, met en place une série d’action sous la bannière "Spirit to preserve".
Le problème des produits d’accueil est également évoqué : "Nous parlons d’utiliser moins de produits, mais faut-il des produits ?", interroge Xavier Moraga.
Caroline Andrieux évoque pour le groupe Accor l’impact très net du Grenelle de l’environnement sur la politique de l’entreprise. La direction du DD créée en 2002 impulse une politique à l’ensemble des marques. Pour elle : "Le DD est facteur de performance." Un programme Earth Guest, regroupe ainsi les actions sociétales et environnementales autour de huit priorités. Quatre actions concernent l’environnement : l’énergie, l’eau, les déchets, la biodiversité, et quatre concernent l’humain, développement local, protection de l’enfance, lutte contre les épidémies, équilibre alimentaire.
Le pilier économique : création de richesses par des modes de production et de consommation durables
Faut-il réduire les dépenses en arrêtant de fournir du papier à lettre, en n’éditant plus de brochures, en remplaçant les produits d’accueil par des distributeurs dans les salles de bains ? Faut-il revenir aux vieilles recettes de grands-mères pour ne plus utiliser de produits d’entretien ? Jusqu’où aller ?
Un manager doit savoir gérer en continuant d’apporter un certain niveau de services. Pour Willy Libert : "Il est plus intelligent de mettre en place des logiciels permettant d’évaluer les retours sur investissements afin de se rendre compte par des chiffres de l’impact économique que peut avoir un investissement comme le changement des ampoules à incandescence par des LED. Mais il faut penser à long terme : les retours sur investissements se font uniquement après la troisième année."
Entre 2008 et 2009, une baisse de 30 à 40 % de consommation d’eau, d’électricité et de produits ménagers a été constatée à l’hôtel Gavarni de Paris.
Le pilier sociétal : équité et participation de tous les acteurs sociaux
C’est grâce aux collaborateurs que la politique de développement durable pourra être appliquée, pour cela les hôteliers se doivent de les sensibiliser, les responsabiliser et les former.
Le groupe Accor s’engage dans la lutte contre le tourisme sexuel et les épidémies (sida et paludisme)… "Si l’on veut ouvrir un hôtel, il faut que les personnes locales soient favorables, et prouver que l’on n’est pas 'nocif' pour le DD", indique Caroline Andrieux.
La direction de l’hôtel Gavarni est très engagée sur le sujet : "Nos équipes sont mixtes et viennent de tous les pays, nous proposons des formations internes et externes (pour l’apprentissage de la langue), nous aidons à l’achat d’un vélo. Nos employés sont tous en CDI, l’ancienneté se compte entre 3 et 14 ans. Avec des employés stables nous avons un côté familial que les clients habitués aiment retrouver. L’enjeu est d’avoir des collaborateurs qui sont fiers d’appartenir à l’entreprise."
Les entreprises hôtelières présentes anticipent le renchérissement inéluctable du prix des ressources naturelles : eau, énergie, traitement des déchets, font du développement durable un levier stratégique et impliquent leurs collaborateurs. Pour elles, ne pas appliquer le développement durable au sein des entreprises hôtelières serait un non-sens, il s’agit de trouver un équilibre entre les besoins actuels des clients et ceux de l’entreprise ainsi sera préservé intelligemment l’environnement pour les générations futures.
Par Jean-Luc Fessard, directeur de 'Le Temps du Client' et auteur du Blog des Experts |
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