La mise en œuvre d’une politique de Développement Durable en entreprise hôtelière est-elle compatible avec la recherche de performance ?

Colloque du 4 décembre 2009 au lycée Guillaume Tirel.

Il relève de l’évidence qu’il faut inverser le propos : ne pas mettre en œuvre une politique de Développement Durable est aujourd’hui incompatible avec une recherche de performance.

Identifier les gisements d’amélioration énergétique
Sur le plan environnemental, il convient de faire un bilan carbone pour identifier les gisements d’amélioration énergétique.
Par exemple Antoine Sauvage, directeur du Développement Durable de Courtepaille, explique que chaque bâtiment Courtepaille génère en moyenne l’équivalent de 300 tonnes de CO2, si l’on raisonne globalement de la Fourche à la Fourchette. Avec la taxe carbone à venir fixée à 17 €, cela représente : 5 100 € par restaurant. Dans cet ordre d’idée le choix Développement Durable de privilégier les produits locaux et de saison peut s’avérer vite très rentable. En saison ils sont moins chers et nécessitent moins de carbone pour les produire. S’ils sont locaux, c’est moins de carbone et des coûts de transport réduits. Et l’impact peut être très efficace, par exemple Courtepaille a divisé par 5 les kilomètres parcourus pour son approvisionnement.  

Etre "Copenhague compatible"
De son côté McDonald’s s’engage à être "Copenhague compatible" et 100 % de ses restaurants seront approvisionnés à 100 % avec des énergies renouvelables (énergie hydraulique ou éolienne) en 2010 via un partenariat avec Green Access. Avec à plus long terme en 2020 une réduction de 60 % de l’électricité consommée par ses restaurants et une réduction de 20 % sur le cycle total de production (incluant fournisseurs et transport). 

Evoluer avec ses clients
Dans une enquête de l’Ademe on apprend que les 2/3 des Français estiment qu’un changement de comportement est indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique. Et une enquête du Comité de Modernisation de l’Hôtellerie a mis en évidence que pour la première fois l’engagement dans le Développement Durable devient pour les clients un critère de choix d’un hôtel. 

Economiser
Sur le plan économique, mettre en œuvre une politique de Développement Durable c’est aussi se lancer dans une vaste chasse aux surconsommations et aux gaspillages qui sera bénéfique pour l’établissement. Réduire ses consommations d’énergie c’est par exemple des gains sur sa facture d’électricité mais aussi avec les lampes longues durées des gains sur le relamping. C’est aussi optimiser l’utilisation du chauffage et de la climatisation.
Réduire ses consommations d’eau, c’est bien sûr une attitude citoyenne mais c’est aussi des économies substantielles. Par exemple : McDonalds avec l’installation de 2 urinoirs secs économise sur son établissement de Beaugrenelle 150 000 litres d’eau par an.
Limiter les gaspillages de produits, par exemple minimiser les consommations de produits lessiviels c’est aussi bon pour la planète qu’économiquement sain. Dans le même ordre d’idée, il s’agit de limiter les gaspillages de produits alimentaires, avec par exemple Régis Marcon qui explique que désormais il recycle les écorces des oranges pressées pour le petit-déjeuner, habituellement jetées, pour en faire des zestes, des orangettes ou de la confiture.
Enfin certaines actions permettent d’obtenir des subventions : de l’Ademe, des certificats verts… 

Anticiper
Plus encore qu’économiser, une recherche de performance c’est savoir anticiper. Et sur le plan du Développement Durable, le gestionnaire peut sans risque s’attendre à des hausses, par exemple du prix de l’énergie, de celui de l’eau, de celui de la collecte et du traitement des déchets. Et bien sûr la taxe carbone est fixée à 17 € en 2010 mais à combien en 2020 ?
 
Mobiliser ses équipes
En matière de Développement Durable, le pilier social est aussi vital, ce sont les collaborateurs qui sont les acteurs du Développement Durable de l’entreprise, ils économisent, ils trient, ils sont vigilants pour éviter les gaspillages. Il s’agit de les responsabiliser pour leur redonner le sens de l’économie. Et le bénéfice sera d’accroître leur fierté d’appartenance à l’entreprise donc de réduire le turn-over et d’augmenter l’attractivité pour l’emploi dans l’établissement.