Au CFA Médéric, on donne sa chance aux jeunes en situation de handicap... des professionnels aussi

Paris

Publié le 14 mars 2017 à 17:20
Ils sont 8, ont entre 16 et 20 ans et bénéficient de la 'passerelle handicap', un dispositif d'accès à l'apprentissage ouvert en septembre dernier par le CFA Médéric. L'établissement comptait une dizaine d'élèves en situation de handicap léger jusqu'à la signature, en 2014, d'un partenariat entre le GNI-Synhorcat* et l'Agefiph, qui va lui permettre de renforcer sa démarche d'intégration. Cette fois, l'engagement s'adresse à des jeunes dont la déficience, plus lourde, nécessite  « un encadrement, une écoute et des conseils spécifiques, une aide personnalisée » explique Nadia Maazouzi, responsable de la vie scolaire, devenue Référente handicap. Le projet, porté par le directeur de l'établissement, Richard Alexandre, et le directeur adjoint, Jean-François Tostivint, se veut « réaliste ». Il s'agit de «de les amener à devenir autonomes, à leur rythme. Certains iront en CAP, d'autres non. On ne peut pas savoir d'avance. Ce qui est important, c'est qu'ils puissent trouver leur place ». La convention de stage prévoit deux jours de travaux pratiques au CFA, deux jours en entreprise et un jour dans l'école de rattachement, de septembre à avril. Seuls les services du midi sont concernés. La passerelle, ajoute Nadia Maazouzi, « résulte d'un travail commun entre tous les acteurs ». Parents, Education Nationale, Région, professionnels… Deux critères ont aussi présidé lors du recrutement : la motivation et la maturité personnelle. Comme tout autre public, le candidat doit avoir envie d'entrer dans le secteur.

En cuisine et en salle

Depuis la rentrée, 4 sont en cuisine et 4 en salle, sous la conduite de trois enseignants dédiés : Nicolas Poilevey (qui était déjà professeur de cuisine au CFA) et deux nouveaux : Sabine Legent et Antonin Parant (un ancien élève du CFA). Le coût pédagogique est pris en charge par la Région et l'Agefiph. Un bilan est effectué tous les deux mois avec l'ensemble des parties, les gestes et connaissances acquis sont inscrits dans le carnet électronique.  Le jour de notre visite, un lundi, Mathis, Mamaudou et Thomas ont confectionné le pain et participé à la réalisation des deux plats de viande proposés au restaurant d'application pour le déjeuner. Alice et Selim opèrent en salle, avec une classe de CAP. Rayane s'occupe du bar. « Le mardi, ils participent à une classe de BTS » indique Sabine Legent dont c'est la première expérience auprès de jeunes en situation de handicap. « Au début, il faut faire du sur-mesure. Ensuite, progressivement, nous construisons ensemble». Nadia Maazouzi, qui les voit arriver, le matin, systématiquement en avance, sourit : « c'est très enrichissant pour les autres élèves. Même nous, encadrement, nous apprenons à leur contact ». S'adapter devient une capacité, pas une contrainte. Nadia Maazouzi évoque le cas d'Emmanuel qui est autiste et « prend les transports en commun comme tous les autres. Lorsqu'il y a un problème dans le métro, ça crée chez lui une perte de repères. Pour qu'il puisse récupérer, il faut le laisser dans une pièce, seul et au calme. Nous le savons et nous le faisons, tout simplement ». Alice travaille actuellement à la Villa Corse, chez Vincent Sitz : « Etant  président de la commission Emploi, Formation et Handicap du GNI-Synhorcat,  j'ai trouvé normal de m'engager dans cette démarche et la vivre dans mon entreprise. » Mais, reconnaît-il « j'avais un peu d'appréhension. Comment mes équipes allaient-elles réagir ? Surtout en salle. Sa présence serait-elle perçue comme une surcharge ? Il ne fallait surtout pas qu'ils l'a mette de côté. » Or, tout s'est bien passé. Sans doute la personnalité sociable d'Alice a-t-elle favorisée son intégration. Il n'empêche. « Ca été pris comme une responsabilité positive. Et puis, généralement, quand quelqu'un s'ajoute à une brigade, les autres le testent. Là, il n'y a pas eu de rapport de force. En outre, quand on lui donne une tâche, il est important d'en développer les raisons. Le système devient vertueux ». Alice commence par un peu de ménage, oeuvre à la mise en place, aux consoles, vérifie la vaisselle. Elle sert ensuite une table de quatre, pas plus. « Nous avons, confie Vincent Sitz, des habitués qui demandent à être servis par elle. Elle est minutieuse et souriante. Elle se plaît en salle et les gens apprécient sa gentillesse ». Vincent Sitz, qui va lancer un nouvel établissement à Paris, lui a proposé de l'engager. Elle a dit oui. Médéric est aujourd'hui le CFA qui accueille le plus grand nombre de jeunes en situation de handicap d'Ile de France.

*L'établissement, créé en 1977, dépend du GNI-Synhorcat. 

Publié par Sylvie SOUBES



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