Ils ont choisi de devenir gouvernant(e)s
Formation - Écoles - vendredi 10 septembre 2010 15:30
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Paris (75) Ils s’appellent Margaux, Alizée, Agnès et Thomas. À l’issue d’une formation, et pour certains d’une reconversion, ils ont choisi de travailler dans les étages d’hôtels haut de gamme. Le métier de gouvernante les passionne ; ils expliquent pourquoi.

Grâce à son passé de styliste, Agnès Barraud, assistante gouvernante au Vista Palace à Roquebrune-Cap-Martin, donne aussi des conseils de déco.

Alizée Hilgenberg aime “l’esprit d’équipe qui règne entre les femmes de chambre”.

“Le métier de gouvernante n’a rien de monotone”, souligne Margaux Muller.
“L’hôtellerie m’a toujours intéressée.” Même si aucun membre de sa famille ne travaille dans le secteur, Margaux Muller sait depuis le lycée que le quotidien d’un hôtel est fait pour elle. “J’ai quand même passé mon bac général, au cas où”, précise-t-elle. Puis elle a enchaîné avec le cours hôtelier de Besançon (25), où elle a suivi une formation d’un an pour devenir gouvernante. “J’aime satisfaire la clientèle”, dit-elle.
En stage au Sheraton de Roissy (95), Margaux a vite trouvé ses marques. Et pour cause : “Mon école fonctionnait comme un hôtel. J’y ai donc pratiqué tous les métiers qui existent dans un établissement hôtelier.” Du coup, elle n’est pas perdue au Sheraton : “J’assiste la gouvernante générale lors du contrôle des chambres, mais aussi dès qu’il s’agit de régler un problème technique ou d’entrer en contact avec la réception.
Le métier n’a rien de monotone.” Si bien qu’elle souhaite multiplier les expériences professionnelles pour devenir, à son tour, gouvernante générale dans un hôtel de luxe. Réactive, motivée, elle est également prête à partir à l’étranger, s’il le faut, “dans les cinq années qui viennent”. D’autant plus qu’elle maîtrise parfaitement la langue anglaise : “Au cours hôtelier de Besançon, l’enseignement était dispensé en anglais chaque jour à partir de 17 heures.”
Pour l’heure, Margaux se plaît au Sheraton. Elle se dit partante pour y rester, si une offre se présente. À moins qu’elle ne trouve un poste au Majestic, à Cannes (06) : “J’en rêve”, confesse-t-elle. Le palace de la Côte d’Azur attire la jeune femme, qui cherche à grossir son C.V. et parfaire sa formation, quitte à accepter parfois des horaires à rallonge. Mais les heures supplémentaires ne lui font pas peur, “car [elle] exerce le métier qui [lui] plaît”.
Alizée Hilgenberg, gouvernante d’étage au Royal Monceau, à Paris (VIIIe)
La gestion, elle adore. Mais le quotidien des étages d’un hôtel lui plaît tout autant. Une fois son bac techno option européenne décroché au lycée hôtelier de Toulouse (31), Alizée Hilgenberg s’est donc orientée vers un BTS et une formation de gouvernante. “Dès mon premier stage, au Carlton à Cannes, j’ai demandé à être dans les étages”, se souvient-elle. Certes, Alizée aime la clientèle, “mais [elle] préfère le service et l’esprit d’équipe qui règne entre les femmes de chambre.”
Lucide, la jeune femme évoque également la possibilité de concilier ce métier avec une vie de famille. Même si Alizée reconnaît avoir déjà été sur le pont “de 8 h 30 à 16 heures, puis de 18 à 21 heures dans une même journée. Mais, c’était en haute saison…” Le plus dur, à ses yeux, ce sont plutôt les clients exigeants qui manquent parfois de reconnaissance : “Ils ne sont pas toujours respectueux et ce n’est pas facile à accepter.”
Depuis le 4 juillet, Alizée travaille dans le flambant neuf Royal Monceau (Paris, VIIIe). Le palace, voisin du parc Monceau, a ouvert une première partie de ses chambres fin août et la totalité est prévue fin novembre. Propulsée gouvernante d’étage dans le luxueux hôtel, Alizée explique qu’elle a été choisie “pour mon BTS, mes quatre mois de stage au Carlton, puis mon stage en tant qu’assistante de la gouvernante générale au Château Saint-Martin”. Des bases solides, qui lui ont ouvert les portes de la capitale. “C’est un vrai challenge de participer à l’ouverture d’un hôtel”, reconnaît Alizée. Mais elle adore relever les défis. À commencer par celui de venir vivre à Paris : “c’est une grande première pour moi. Ce n’est jamais facile de partir et tout recommencer ailleurs. Mais j’aime les changements d’ambiance, les changements de décors”. Au Royal Monceau, elle est comblée : rénovations et déco sont signées Philippe Starck.
Agnès Barraud, assistante gouvernante au Vista Palace, à Roquebrune-Cap-Martin (06)
Son parcours est atypique. Styliste de formation, Agnès Barraud devait faire le tour du monde en voilier avec son compagnon. Elle s’était donc mise en quête d’un travail “qu[’elle] pourrait exercer partout dans le monde” et pour lequel ses qualités de stylistes, ses connaissances en langues étrangères, sa rigueur et sa mémoire visuelle pourraient lui servir. Elle a alors débuté une formation au Greta des métiers de l’hôtellerie. Mais les aléas de la vie ont fait que la balade en mer est finalement tombée à l’eau. Pas de chance. Toutefois, Agnès a transformé ce mauvais coup du sort en démarrage d’une nouvelle vie.
“J’ai poursuivi ma formation au Greta et je viens d’être embauchée comme assistante gouvernante au Vista Palace de Roquebrune-Cap-Martin.” Agnès n’en revient pas encore. Après 300 heures de stage en maison de retraite, elle ne pensait pas se retrouver dans un hôtel de luxe face à la Méditerranée. “Certes, j’ai beaucoup appris en Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), mais je n’étais pas dans mon élément. L’ambiance ne me convenait pas. Je préfère l’univers hôtelier.” Résultat : elle a terminé sa formation avec un stage au Vista Palace, qui est devenu période d’essai en vue d’une embauche. Un scénario idéal.
“Grâce à ma formation, je me sens très à l’aise dans ce nouveau poste, confie Agnès. Théorie et pratique se complètent.” Mieux encore : “Avec mon passé de styliste, je peux donner des conseils de déco.” Elle est aux anges : “Je suis heureuse d’aller travailler chaque matin. Enfin, je suis moi.”
À terme, Agnès espère évoluer vers un poste de gouvernante générale. “Pas forcément dans un grand hôtel, dit-elle. Je préfère les unités de taille moyenne, où mon métier s’apparente véritablement à celui d’une maîtresse de maison.” Travailler à l’étranger la tente aussi beaucoup. Et pour cause : “Je parle anglais, italien et allemand, et j’ai très envie d’apprendre le chinois.” Quant à parfaire son expérience à bord d’un bateau de croisière, pourquoi pas. Ce serait l’occasion, enfin, de réaliser son tour du monde.
Thomas Madern, gouvernant d’étage dans un palace parisien
Il aime se surpasser. Prendre des risques. Et se remettre en question. Depuis qu’il a quitté le lycée, “pour gagner [s]a vie”, Thomas Madern prouve, notamment à lui-même, qu’il peut s’en sortir seul.
D’abord agent de service à l’hôpital de Beauvais (60) pendant trois ans, un beau matin il décide que son avenir ne sera pas dans la fonction publique, “où il est difficile d’évoluer et de bien gagner sa vie”. On lui propose de devenir infirmier après une formation de trois ans. “J’ai refusé”. Il procède alors à un rapide bilan de ses compétences : “J’avais le sens du service à la personne, l’univers de l’hôtellerie me tentait, il fallait juste que je trouve la bonne formation.” Aidé par la responsable formation de l’hôpital de Beauvais, il monte un dossier qui lui permet de s’initier au métier de gouvernant d’étage par le biais d’un cursus financé par l’hôpital, dont il est encore, à l’époque, le salarié.
“Grâce à l’Afpa [Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, NDLR] de Créteil, j’ai pu me former en six mois au métier de gouvernant dans l’hôtellerie.” Un univers radicalement différent de celui d’un hôpital. “Quoique les patients sont parfois aussi exigeants dans un centre hospitalier que les clients d’un palace”, nuance Thomas. Conséquence : “Je me suis très vite intégré dans l’hôtellerie. Durant ma formation, je ne me suis jamais senti perdu.” Même pour les langues, il a comblé ses lacunes en anglais sans difficulté. Il faut dire qu’il était entouré par d’anciens professionnels - dont une majorité d’anciennes gouvernantes générales -, “qui sont également des soutiens précieux dès qu’il s’agit de trouver un stage”. Un stage de deux mois et demi que Thomas a décroché dans le palace parisien où il travaille désormais depuis plus d’un an - et dont il préfère taire le nom. “J’y suis rentré comme stagiaire, j’ai signé un CDD à l’issue de ma formation et celui-ci s’est transformé en CDI au bout de deux mois”, détaille-t-il avec fierté. Parce que Thomas assume parfaitement d’exercer un métier quasi exclusivement féminin : “Cela ne me dérange pas. Pour moi, être gouvernant d’étage et avoir la responsabilité de deux étages - soit une quarantaine de chambres, dont certains appartements de 150 m² - dans un palace parisien, c’est comme être un véritable manager de terrain.”
Satisfait de son parcours sans faute, Thomas ne compte pas pour autant en rester là. Ambitieux et pugnace, il a très envie de partir travailler à l’étranger. L’hôtellerie asiatique le tente beaucoup, si bien qu’il apprend actuellement le chinois. Et puis, à terme, il vise un poste de gouvernant général, de préférence dans un palace, “où l’excellence est toujours poussée plus loin”. Un défi permanent, donc.
Anne Eveillard |
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