L'Hôtellerie Restauration No 3781

LES TEMPS FORTS DE LAQUINZAINE 16 L’Hôtellerie Restauration N° 3781 - 16 septembre 2022 L’Hôtellerie Restauration : On parle de beaucoup de maux dans notre profession. Concrètement, quelles sont les priorités ? Stéphane Manigold : Actuellement, la priorité, ce sont les prêts garantis par l’État [PGE], l’augmentation délirante des prix de l’énergie et des matières premières et la pénurie de main-d’œuvre. L’hiver s’annonce rude avec une profession qui utilise à 90 % le gaz. Et Olivia Grégoire [ministre déléguée chargée du Tourisme, NDLR] nous demande un plan de sobriété énergétique. Mais quand on s’est déjà endetté pour pallier une fermeture administrative, cela devient très difficile. Nous sommes des entreprises, pas des associations à but non lucratif ! Concrètement, la France estelle compétitive ? Sommesnous prêts à accueillir les grands événements sportifs de 2023 et 2024 ? Je suis très heureux que la France accueille des événements comme la coupe du monde de rugby l’année prochaine ou les Jeux olympiques en 2024. Mais aujourd’hui, les restaurants les mieux gérés dégagent 10 points de marge. Lorsqu’on emprunte 25 % de son chiffre d’affaires pour un PGE, on rembourse 6,25 % de ces 10 %. C’est donc de l’argent qui va à la poubelle. Il nous reste 3,75 points pour parer à l’augmentation du coût de l’énergie et des salaires. Avec 4 points d’inflation, ça ne passe pas. À cela, on ajoute des volontés d’investissement, notamment des plans énergétiques pour être plus vertueux, ce qui est normal et même essentiel. Ce n’est pas possible. Il ne faudrait pas que Paris soit la première ville au monde avec des restaurants fermés et des hôtels qui n’ont pas pu se rénover. L’Italie a quant à elle financé 85 % de la Stéphane Manigold : “Nous sommes des entreprises, pas des associations à but non lucratif” Augmentation des prix de l’énergie et des matières premières, remboursement des prêts garantis par l’État (PGE), problèmes de compétitivité du secteur... Le président de la branche restauration au sein de l’Umih Îlede-France aborde l’accumulation de défis auxquels sont confrontés les CHR depuis plusieurs mois. rénovation totale de son parc hôtelier. Nous sommes des chefs d’entreprise : on paye nos dettes mais on demande un étalement. Si on veut que la France soit compétitive et s’en sorte face à l’augmentation de l’énergie, nous n’avons pas le choix. L’autre problématique, c’est le recrutement. Aujourd’hui, des hôtels ferment des chambres parce qu’ils n’ont pas assez de salariés. Il y a 7 % de chômeurs sur le marché et des employeurs qui cherchent à recruter. Nous attendons avec impatience la réforme du chômage. La solidarité ne peut pas fonctionner ainsi. Il doit y avoir une prise de conscience. Qu’est-ce que la profession peut faire pour lutter contre le chômage ? Notre secteur est un véritable incubateur de formation. Aujourd’hui, il y a 300 000 personnes qui sont éloignées de l’emploi. Qu’elles viennent chez nous, nous sommes prêts à les former et à tendre la main à toutes les personnes en réinsertion. Nous devons être des vecteurs de messages positifs. De nombreux locaux commerciaux sont disponibles partout en France, et particulièrement à Paris. Qu’en pensez-vous ? 12,5 % des commerces de Paris sont disponibles et notre président nous parle de la fin de l’abondance. Il y a une vraie crise de confiance. La grande démission des patrons a aussi commencé. Depuis 2015, l’ensemble de notre profession et des commerces ont l’impression de courir dans un champ de râteaux. De nombreux restaurateurs gagnent moins que Romy Carrere Suivez-nous sur nos réseaux

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