L'Hôtellerie Restauration No 3767

LES TEMPS FORTS DE LAQUINZAINE Sébastien Bazin : “Les marques historiques d’Accor sont toujours aussi fortes” L’Hôtellerie Restauration : Vous parlez de développement dans l’hôtellerie lifestyle… Mais qu’en est-il des marques historiques ? Sébastien Bazin : Aujourd’hui - et ce sera encore le cas demain -, les marques historiques du groupe - Ibis, Mercure, Novotel, Sofitel - sont toujours aussi fortes. Elles répondent à un vrai besoin d’une clientèle domestique et d’affaires, en quête d’un bon rapport qualité-prix. Je ne demande qu’une chose : que ces marques historiques puissent adopter les recettes qui font le succès de l’hôtellerie haut de gamme lifestyle. Il faut repenser l’attrait pour la clientèle de quartier par une expérience de bar, de restauration, de télétravail. Cela fonctionne très bien, on le voit avec des établissements comme les Mama Shelter, The Hoxton… Il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas avec ces marques historiques. Que répondez-vous à un franchisé qui détient un petit portefeuille d’hôtels, rembourse un PGE et à qui on annonce qu’il doit aussi augmenter les salaires ? Je ne peux pas fixer le prix de leurs chambres ni le coût horaire de leurs salariés. Le groupe fait attention à ne pas s’immiscer dans ces problématiques. En revanche, nous devons lutter contre un parc vieillissant. Moderniser un hôtel ne nécessite pas toujours de gros Le PDG d’Accor a présenté les résultats du groupe pour 2021 le 24 février dernier et confirme une reprise d’activité, avec un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros, en hausse de 36 % par rapport 2020, sans compter l’ouverture de 288 nouveaux hôtels. 10 L’Hôtellerie Restauration N° 3767 - 4 mars 2022 travaux. Le travail peut aussi être fait par petites touches, en rendant un lobby plus accueillant ou en aménageant un espace de coworking par exemple. L’enjeu des prochaines années est là : surprendre la clientèle et rendre attrayante l’hôtellerie des villes secondaires ou tertiaires. Vous avez insisté sur la problématique des ressources humaines lors de vos différentes interventions télévisuelles. Quel est votre constat aujourd’hui ? Le diagnostic a été fait et il est partagé avec tous les opérateurs et les autorités compétentes. Il concerne les problèmes de grille de salaires, de charges de travail et d’évolution de carrière, le tout exacerbé par la crise du Covid-19. Si ce diagnostic est facile, la réponse est plus compliquée. Nous sommes dans une industrie déjà très fragilisée, depuis deux et même dix ans. Il faut déjà rembourser les PGE et pour cela restaurer les marges. Il y a de sérieux progrès à faire. On a été aveugle trop longtemps et ces demandes sont légitimes. C’est quelque chose qui va se mesurer dans les 18 à 36 prochains mois, mais nous devons retrouver notre personnel dans les trois mois, donc il va falloir aller très vite. Il y a encore beaucoup de gens qui ont envie de travailler, qui souhaitent rejoindre notre industrie. Ils seront là pour la saison d’été. Romy Carrere L’activité du groupe rebondit en 2021 Les résultats annuels du groupe font état d’un chiffre d’affaires en hausse de 36 %par rapport à 2020, pour atteindre 2,2 milliards d’euros. Les prix moyens sont restés “proches, voire supérieurs” à ceux précédant la crise sanitaire. En 2021, Accor a ouvert 288 hôtels à travers le monde. Aujourd’hui, le groupe dispose d’un parc de 777 714 chambres - soit 5 298 hôtels. En France, le RevPAR est certes en baisse de 39%par rapport à 2019, mais la demande de tourisme de loisirs a permis aux hôtels de province de voir leur activité repartir dès l’été dernier, tout en maintenant des prix moyens calés sur ceux de 2019. À partir de septembre, le retour de la clientèle d’affaires a profité à l’Île-de-France, mais avec un RevPAR en baisse de 56%par rapport à 2019. Sébastien Bazin souhaite également développer l’offre food & beverage, pour que les bars et restaurants des hôtels du groupe deviennent des adresses de quartier. Depuis les confinements, cette proximité est devenue une attente des riverains d’hôtels et des télétravailleurs, deux nouvelles clientèles potentielles. Le PDG d’Accor s’intéresse aussi aux villes secondaires et tertiaires, des destinations qui séduisent les voyageurs. “Pour cela, il faut un nouveau mode opératoire et économique à proposer à des franchisés. Car des établissements d’une quarantaine de chambres ne se gèrent pas depuis Paris.” A. E. © BRUNO LEVY Sébastien Bazin, PDG d’Accor.

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