L'Hôtellerie Restauration No 3707

Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR163286 Pour poser une question, ou ajouter un commentaire > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR363327 Bruno Le Maire répond à la pétition ‘Sauvons nos restaurants et producteurs’ Le 17 mars, les restaurateurs lançaient, à l’initiative de Stéphane Jégo, une pétition s’élevant contre la position des assureurs. Elle a recueilli à ce jour plus de 140 000 signatures. Le ministre de l’Économie et des Finances leur a répondu via son compte Twitter. Extraits. “Chers restauratrices et restaurateurs, Vous avez pris de plein fouet cette crise. C’est très dur, au point de ne plus en dormir la nuit, et je le sais, je l’entends, car j’ai beaucoup d’échanges avec vous directement. Sept semaines sans activité, c’est une réalité catastrophique pour chacun de vous, qui représentez notre culture française. Mais ça l’est aussi pour nous, Français, qui aimons partager un repas en toute convivialité. Les cafés, les bars et les restaurants sont essentiels à notre vie sociale, et finalement à notre vie tout court. (…) La première de vos inquiétudes, c’est de savoir quand vous pourrez rouvrir. Nous aurons fin mai une date de réouverture pour votre secteur. Votre deuxième inquiétude, c’est d’effectivement pouvoir rouvrir. Nous avons mis en place un dispositif massif pour vous soutenir et éviter les faillites, qui sera prolongé le temps qu’il faudra : chômage partiel maintenu après la reprise de l’activité, exonération pour les PME et TPE de vos charges sociales de mars à juin. Par ailleurs, le fonds de solidarité (…) a été élargi et renforcé. Il restera ouvert pour vos entreprises au-delà du mois de mai. Toutes les entreprises de vos secteurs ayant jusqu’à 20 salariés et 2 M€ de chiffre d’affaires sont désormais éligibles. Vous pourrez également recevoir une aide complémentaire de 10 000 € en vous adressant à votre Région. La troisième inquiétude (…), c’est la couverture des pertes d’exploitation par les assureurs. Évidemment, les assureurs doivent participer à cette solidarité nationale. Mais je veux être très clair : les risques qui n’étaient pas couverts contractuellement ne peuvent pas être indemnisés. En revanche, certains contrats d’assurance prévoient la prise en charge des pertes d’exploitation en cas de fermeture administrative d’activité ou de dommages non matériels : je vous invite à bien lire les conditions de votre contrat, et s’il est mentionné les termes que j’ai cité juste avant, vous devez être évidemment indemnisés sans délai. (…) Je rappelle que les assureurs ont déjà pris des engagements de solidarité pour accompagner les entreprises (…) : participation à hauteur de 400 M€ au fonds de solidarité et mise en place de fonds d’investissement en faveur des ETI et PME de 1,5 milliard d’euros. Nous leur avons donc demandé de faire des propositions pour orienter ces investissements plus particulièrement vers le secteur du tourisme. Ces propositions seront présentées le 14 mai lors du Conseil interministériel du tourisme. (…) La mobilisation de l’État est totale pour vous soutenir. L’État continuera à aider autant que possible ses commerçants, ses hôteliers, ses restaurateurs qui sont un des cœurs de l’économie française, qui font vivre nos villes et nos campagnes et sans qui la France ne serait pas véritablement la France.” Bruno Le Maire 5 14 mai 2020 - N° 3707 L’Hôtellerie Restauration L’Hôtellerie Restauration : Il y a une inquiétude crois- sante des professionnels de l’hôtellerie-restauration face à la crise. Quel est votre sentiment ? Christophe Basse : Les éta- blissements CHR arrivent en tête des appels du numéro vert gratuit que nous avons mis en place dans le cadre du coronavirus. Au début de la crise, les dirigeants étaient dans la recherche d’infor- mations mais on ressent, dans les échanges, une ten- sion croissante. Ils sont très inquiets, avec des établissements qui restent fermés et peu de visibilité. Les CHR sont toujours dans l’inconnu. Les questions portent sur les mesures d’aide mises en place par le Gouvernement - le fonds de solidarité arrive en premier, suivi par le prêt garanti par l’État - sur le redémarrage aussi qui va prendre du temps, avec, sans doute, moitié moins de clients, l’activité partielle au-delà de la réouverture, les charges fixes, comme les loyers qui ne vont pas diminuer… Depuis une semaine, des questions portent également sur les mesures de prévention et les procédures collectives qui pourraient être déclenchées. Quels conseils leur donnez-vous pour la suite ? Le premier conseil, c’est bien sûr d’utili- ser au maximum toutes les aides mises en œuvre par le Gouvernement. Mais si cela ne suffit pas, il ne faut pas rester isolé, attendre que les papiers bleus des huis- siers arrivent ou que vos salariés saisissent les prud’hommes pour non-paiement du salaire. Quand vous avez redémarré et que vous ne réussissez pas à recréer un fonds de roulement, que les factures s’amon- cellent, que vous constatez que vous n’al- lez pas pouvoir verser les salaires, que vous risquez de perdre votre droit au bail et tout votre investissement, il faut se mettre sous protection du tribunal. Qu’est-ce que cela implique ? Se mettre sous protection du tribunal du commerce n’est pas un gros mot. Et il y plusieurs niveaux en fonction de votre situation. En sauvegarde comme en redres- sement, toutes les dettes sont gelées avec une prise en charge de la restructuration sociale de l’établisse- ment, les poursuites sont suspendues mais le dirigeant reste à la tête de son entreprise. En redressement judi- ciaire, vous êtes dans une période d’obser- vation sous contrôle du tribunal, qui peut s’étendre jusqu’à dix-huit mois. On va regarder si l’entre- prise est capable d’assurer ses charges courantes et, au-delà, de générer des béné- fices susceptibles de rembourser le passif - les dettes - dans un délai de dix ans. Il s’agit d’un redémarrage, avec des annuités qui peuvent au début être inférieures à 5 % du passif total. L’inscription au K-bis n’est-elle pas un frein ? Les CHR ont subi plusieurs crises et celle du Covid-19 a mis l’activité à néant. Dans ce secteur, les chefs d’entreprises ont l’habitu- de de bouger quinze heures par jour et ils vont devoir trouver le courage de redémarrer avec beaucoup d’inconnues. Des secteurs, comme le BTP, reculent à déclencher une procédure collective parce que ce sera inscrit au K-bis et que leurs clients vont craindre un arrêt du chantier. Mais les consommateurs viennent dans un restaurant pour une pres- tation immédiate, savoir que l’entreprise est sous protection du tribunal ne les intéresse pas du tout. Et, aujourd’hui, tout le monde, y compris les fournisseurs, connaît les diffi- cultés rencontrées par les CHR. C’est un sec- teur pour qui la protection du tribunal fonc- tionne. Il ne s’agit pas actuellement d’un mauvais emplacement ou d’une prestation qui ne correspond pas à son environnement, mais d’un contexte inédit et que les chefs d’entreprise nemaîtrisent pas. Appliquer un remède judiciaire, même musclé, a toutes les chances d’aboutir. Les CHR, premier secteur à interroger les administrateurs et mandataires judiciaires Entre le 23 mars et le 4 mai, plus de 2 700 chefs d’entreprise ont fait appel au numéro vert gratuit mis en place par les administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires. L’analyse de Christophe Basse, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires. Christophe Basse , président du Conseil national des administrateurs judiciaire et mandataires judiciaires. ©ANNACLICK

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