L'Hôtellerie Restauration No 3703
Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR663102 Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR963105 Remboursement du chômage partiel et prêts en suspens, que vous répond le Gouvernement ? 4 L’Hôtellerie Restauration N° 3703 - 17 avril 2020 Questions à Didier Chenet, président du Groupement national des Indépendants (GNI) de l’hôtellerie et de la restauration. L’ACTUALITÉ #coronavirus L’Hôtellerie Restauration : Beaucoup d’entreprises sont toujours en attente des remboursements du chômage partiel. Que vous répond le Gouvernement ? Didier Chenet : Il y a encore des bugs, même si le ministère du Travail a annoncé que les logiciels avaient été améliorés. Ils nous garantissent systé- matiquement que toutes les demandes iront à leur terme. Sauf que malheu- reusement, les trésoreries ne vont pas suivre pour une majorité. C’est le débat actuel. Mardi, lors de la réunion téléphonique avec Bruno Le Maire et Jean- Baptiste Lemoyne [respectivement ministre de l’Économie et des Finances et secrétaire d’État, chargé notamment du tourisme, NDLR], nous avons à nou- veau évoqué les conditions d’accès au prêt garanti par l’État. Il doit être accor- dé aussi aux entreprises en difficulté ou en passe de l’être. Le Gouvernement a laissé aux banques de réseaux la décision d’accorder ce prêt, même s’il est garanti à 90 % par l’État. Bruno Le Maire nous a demandé quelques jours pour apporter une réponse concrète pour que toutes les entreprises puissent en bénéficier. Je le sais, c’est long et très dur pour des gens à qui l’on vient de rejeter des virements ou des chèques et qui risquent de se retrouver inscrits à la Banque de France. Je ne cesse de le dire. Quelle est votre position sur le fonds de solidarité et le prêt rebond ? Les conditions du fonds de solidarité doivent être simplifiées. J’ai demandé à ce que les locataires-gérants puissent y avoir accès. On s’est rendu compte que ce n’était pas le cas. On nous a confirmé que l’aide complémentaire sera allouée jusqu’à 5 000 €. Quant au prêt rebond, les gens qui ont déjà des dettes craignent un surendettement, avec des remboursements vertigineux. Faire un emprunt pour rembourser l’État est absurde. Bruno Le Maire avait déjà évoqué l’annulation des charges fiscales et sociales au cas par cas. Le pré- sident de la République en a parlé dans son allocution. Nos établissements n’ont aucune visibilité, même sur la saison estivale. Aucune recette ne rentre. L’annulation des charges et sociales doit être systématique. Et nous propo- sons, avec la reprise, la création d’un fonds d’investissement qui serait abondé par les assureurs et qui interviendrait comme une participation et pas comme un emprunt. La création d’une avance remboursable a été annoncée par Bruno Le Maire le 15 avril. Cette nouvelle aide devrait être destinée aux entreprises n’ayant pas réussi à obtenir de ligne de trésorerie dans le cadre des prêts déjà mobilisés. “Nous allons mettre en place un système d’avances remboursables pour 500 M€ qui vont aider ces entreprises à acheter les matières premières ou les marchandises dans la restauration pour redémarrer leur activité”, a précisé le ministre de l’Économie et des Finances au micro d’Europe 1. Cette mesure doit être introduite dans le projet de loi de finances rectificative, présenté et débattu cette semaine au Parlement. Par ailleurs, Gérald Darmanin , le ministre de l’Action et des Comptes publics, a confirmé que des annulations de charges auraient également lieu, une mesure quant à elle évaluée à 750 M€. Le président de la République, Emmanuel Macron , a annoncé le 13 avril la prolongation de la période de confinement jusqu’au 11 mai. Toutefois, il a également précisé que les restaurants et débits de boissons ne pourraient pas rouvrir à cette date. Les hôtels, comme c’est le cas aujourd’hui, sont toujours autorisés à ouvrir. Le Gouvernement annonce la création d‘une avance de trésorerie et des anulations de charges © GETTYIMAGES Bercy a annoncé des annulations de charges. L’Hôtellerie Restauration : Que vous a-t-on répondu lorsque vous avez fait savoir au Gouvernement qu’accé- der aux différents dispositifs d’aide relevait du parcours du combattant ? Roland Héguy : Concernant le chômage partiel, des pro- blèmes techniques ont été diagnostiqués, mais ça fonc- tionne de mieux en mieux. Les remboursements se font sous dix à douze jours. Je sais que c’est compliqué de garder patience en ce moment. Quant aux banques, elles réagissent de manière classique. Si l’éta- blissement est mal noté, elles ne donnent pas suite. Bruno Le Maire nous a répondu que le prêt garanti par l’État était fait pour que toutes les entre- prises puissent passer la crise, y compris les plus fragiles. Nous ne savons pas quand les cafés et les restaurants vont rouvrir, et la plupart des hôtels en France ont fermé faute de clients. Il va bien falloir payer les salaires d’avril mais avec quel argent, sans ligne de trésorerie ? On avance avec pas ou très peu de visibilité. Pour tout ce qui est demande de prêts et accès au fonds de solidarité, des améliorations sont urgentes, c’est vrai, et nous en saurons davantage dans quelques jours, Bruno Le Maire s’y est engagé. Ce qui est mis en place vous semble-t-il suffisant ? Beaucoup de choses se sont mises en route depuis trois semaines, mais c’est une grosse machine avec tellement de niveaux différents. Il faut, par exemple, pouvoir négocier avec les bailleurs. De nombreuses actions peuvent aider le petit commerce, comme l’exonération des droits de terrasses ou de la taxe sur les ordures ménagères… Les municipalités ont un rôle à jouer et certaines le font déjà. La Sacem et la Spré ont annoncé qu’il y aurait des aménagements et des annulations. Les régions ont répondu, seuls les assureurs restent en retrait. Le tourisme, dans son ensemble, est le secteur économique le plus sinistré. Je rappelle qu’il repré- sente 7 % du PIB. Un comité interministériel du tourisme est prévu mi-mai. Un plan de relance va être mis en place, sur deux à trois ans au moins. Quant à l’hôtellerie et la restau- ration, la filière représente 80 milliards de chiffre d’affaires. En 2020, si on fait 35 %, ce sera déjà beau. Les CHR repré- sentent 220 000 entreprises et malheureusement, selon les prévisions, 40 000 d’entre elles ne tiendront pas le choc. Des demandes d’aides qui se transforment en parcours du combattant, est-ce normal ? Roland Héguy, président confédéral de l’Umih, revient sur les difficultés que rencontrent les professionnels pour obtenir les aides promises par l’État. Didier Chenet. Faire un emprunt pour rembourser l’État est absurde.” Roland Héguy.
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