Page 30 - L'Hôtellerie Restauration No 3337

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Concours
9
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édition
Les lauréats du prix
L’Hôtellerie
Amandine Ganichaud, Thomas Brière et
Aurore Delage ont convaincu le jury 2013,
présidé par le chef Éric Frechon.
C
est au Bristol (Paris, VIII
e
),
dans la
grande salle de réception classée aux
Monuments historiques, que les trois
lauréats 2013,
Amandine Ganichaud
,
du lycée des métiers Sainte-Anne de
Saint-Nazaire (44),
Thomas Brière
,
du
FIM d’Agneaux (50), et
Aurore Delage
,
du CFA Cobas Formation à La Teste-
de-Buch (33), ont été ovationnés par les membres du
jury et de nombreux professionnels. Les articles ont été
sélectionnés parmi de très nombreuses copies. Le jury
a été séduit par la fraîcheur et la passion des étudiants
pour leur futur métier.
Les vainqueurs ont reçu
un iPad, un livre dédicacé
par le chef 3 étoiles
Éric
Frechon
-
président
du jury - et ont visité
les impressionnantes
cuisines du Bristol.
Nos partenaires ont
été, comme chaque année, très généreux : Bridor
(
livres), l’École Lenôtre (stage de cuisine d’une valeur
de 2000 €), Flo (repas dans les Grandes Brasseries),
Rougié (foie gras) et TransGourmet (matériel de
cuisine), les Éditions BPI (
La cuisine expliquée
et
La
cuisine simplifiée
de
Gilles Charles
).
Sans oublier
du chocolat Valrhona, des bons cadeaux offerts par la
FNAPEETHT (association de parents d’élèves), et, bien
sûr, la publication de leur article dans nos colonnes.
TEXTE : NADINE LEMOINE
VIDÉO : CÉCILE CHARPENTIER
Les lauréats entourés des membres du jury et des partenaires.
CATÉGORIE BTS ET +
AMANDINE GANICHAUD
- 2
E
ANNÉE DE BTS HÔTELLERIE AU LYCÉE DES MÉTIERS
SAINTE-ANNE DE SAINT-NAZAIRE (44)
Au nom des futures ‘cheffes’
“-
Tu n’as pas ta place ici.
(
Pendant un instant, je crois avoir mal compris.)
-
Pardon ?
-
Tu n’as pas ta place ici, en cuisine.
(
J’avais bien entendu, mais je ne comprends toujours
pas ce qu’il veut dire.)
-
Qu’est-ce que tu dis ? Pourquoi je n’aurais pas ma
place en cuisine ?
-
Parce que tu es une fille !”
La réponse frappe et blesse, comme une gifle en plein
visage. Je suis tellement abasourdie que je me retrouve
à court de répartie. Nous sommes au XXI
e
siècle, et
je fais face à cet homme des cavernes : Yves, commis
de cuisine, pour qui le ‘sexe faible’ n’a rien à faire
en cuisine. J’aurais aimé que vous entendiez tout le
mépris, tout le dédain qu’il a réussi à mettre dans la
prononciation du mot “FILLE”.
J’ai 21 ans. Je suis élève en BTS hôtellerie-restauration.
Je suis actuellement en stage dans un prestigieux
restaurant parisien. À l’avenir, je souhaite devenir chef
de cuisine. Et… ah oui ! Je suis une fille.
Toujours estomaquée par sa réponse, je réussis à
articuler un semblant de contre-attaque :
Et chez toi,
c’est ton père qui fait la cuisine peut-être ?”
Voilà. Il a réussi à me mettre de mauvaise humeur.
Pour lui, les femmes peuvent faire la cuisine à la
maison mais pour le reste, c’est un métier d’hommes.
Je suis bien consciente que la cuisine professionnelle
en France est une histoire qui s’écrit au masculin, mais
ce métier a évolué et les mentalités doivent en faire
autant. Les femmes ne se cantonnent plus à la cuisine
domestique. Elles sont de plus en plus nombreuses
à revêtir la tenue professionnelle et la fameuse toque
du cuisinier. Les conditions de travail en cuisine ont
longtemps été rudes mais à ceux qui utilisent cet
argument pour discuter la place des femmes derrière
les fourneaux, je répondrais que la pénibilité physique
liée à ce métier n’est plus ce qu’elle était. En effet,
les avancées technologiques ont permis de penser
l’ergonomie différemment. Le matériel est plus léger,
il existe à présent une panoplie d’outils et de nouveaux
matériaux qui permettent une certaine aisance de
travail. Le critère de force n’est plus une barrière
infranchissable.
Je dois avouer que je suis effrayée lorsque je regarde
le long chemin qu’il me reste à parcourir ainsi que
tous les obstacles à surmonter avant de pouvoir
enfin gagner ma place dans ce monde saturé de
testostérone. Les plus farouches ajouteront que c’est
un métier dangereux qui n’admet pas les ‘fillettes’. Ils
me pousseront alors gentiment vers la pâtisserie qui est
davantage féminisée. Sachez tout de même messieurs
les cuisiniers, commis, chefs de partie, seconds et chefs
de cuisine que je ne baisserai pas les bras. J’ai déjà
beaucoup de coupures et brûlures à mon actif, mais
sûrement pas assez pour me décourager. Je ferai fi de
vos réflexions quant à mon statut de femme. Je suis
courageuse, motivée. Je n’ai pas choisi la cuisine au
hasard. Loin de moi l’image de rêve qu’en donnent les
émissions de télévision. Je connais la réalité du terrain
et les contraintes qu’elle implique. Que l’on soit une
femme ou un homme, ce métier demande que l’on s’y
consacre à 200 %. C’est la passion qui nous fait lever le
matin, qui nous aide à endosser la pression constante
et qui nous fait tenir debout des heures durant. Sans
cette passion, sans cette envie de cuisiner, il y a bien
longtemps que j’aurais jeté mon tablier et tourné le dos
à la restauration. La passion ne pose pas la question
des genres et je vais m’accrocher.
Q
LE JURY 2013
Frédéric Anton
,
Pré Catelan à Paris
e
Catherine Augereau-Leloup
,
Maxime Camus
et
Julien Léguillon
,
Groupe Flo
e
Pierre Berthet
,
président de l’Unatech, CET hôtellerie
e
Yves Cebron
,
TransGourmet
e
Marc
Galais
,
chef de TransGourmet
Pascal Schneider,
ì 96%0-7ì %7863231-)ìOì 39+-™ìeì
Patrick Eyroi
,
Bridor
e
Éric Frechon,
Le Bristol à Paris
e
Philippe Gardette
,
président de l’OCI
e
Philippe Gobet
,
Lenôtre
e
Nathalie
Hamon,
FNAPEETHT
Régis Marcon
,
Régis et Jacques Marcon à Saint-Bonnet-le-Froid
e
Thierry Marx
,
Mandarin Oriental Paris
e
Joseph Le Gal
,
président de l’Anephot
e
Cyril Lignac
,
Le Quinzième à Paris
Michel
Roth
,
Hôtel PrésidentWilson à Genève
e
Bruno Treffel
,
président de l’ANPCR
e
Laurent Trochain
,
Restaurant
Laurent Trochain auTremblay-sur-Mauldre, président de Générations Cuisines &Cultures
e
Agnès Vaffier
,
présidente de l’Aflyht.
Retrouvez la cérémonie de remise des prix sur
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