Page 24 - L'Hôtellerie Restauration No 3337

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Vie syndicale
De gauche à droite :
Hubert Jan
,
José Bové
et
Jean Terlon
.
Reconstruire les bases du ‘bien manger’”
Strasbourg
Trois représentants de la restauration traditionnelle de l’Umih - Hubert Jan, président national de la branche, Jean
Terlon, vice-président national, et Roger Sengel, président départemental du Bas-Rhin - ont demandé à José Bové son opinion sur
le rôle du secteur dans l’alimentation. Chemins croisés, de la terre à l’assiette.
José Bové rencontre les restaurateurs de l’Umih
L
a rencontre s’est déroulée au siège du Parlement
européen, à Strasbourg (67). Trois représentants de
la restauration traditionnelle de l’Umih -
Hubert
Jan
,
président national de la branche,
Jean Terlon
,
vice-président national, et
Roger Sengel
,
président
de l’Umih 67, ont demandé à
José Bové,
député au
Parlement européen où il est vice-président de la
commission Agriculture et développement rural, son
opinion sur le rôle du secteur dans l’alimentation. Pas
de champs de maïs OGM dans le collimateur mais la
volonté de rapprocher des secteurs dont les aspirations
sont tendues vers la qualité, le respect des produits et
des consommateurs.
Les dirigeants de l’Umih veulent une clarification
de l’offre.
Quand le client ouvre la porte d’un
restaurant, il ne sait pas quel type de cuisine il va
trouver. Il devient primordial d’identifier ce que nous
représentons.”
Le président des restaurateurs de l’Umih,
Hubert Jan, plaide pour une
cuisine de cuisinier,
qui fabrique sur place, élabore, travaille à partir de
produits bruts.”
Si le scandale de la viande de cheval
n’a pas tourné à la crise sanitaire, il montre toutefois
l’envers de la production agro-industrielle”
,
note José
Bové. Pour lui, ce dossier doit permettre de
réfléchir
à froid”
devant le cynisme de certaines pratiques et
impose de
reconstruire les bases du ‘bien manger’”.
Cela commence évidement à la maison avec ce
constat :
Aujourd’hui, les gens ont de très belles
cuisines mais ne cuisinent pas”,
ou encore cet exemple,
plus grave et triste, évoqué par l’altermondialiste :
Je me suis occupé d’un agriculteur qui était en
situation de surendettement et qui avait une cuisine
entièrement équipée, avec tout le matériel ménager
possible, et quand j’ai ouvert le frigo, il n’y avait que de
l’industriel.”
Sur l’exploitation, pas un poulailler, pas un
plan de tomates, pas un arbre fruitier, pas une rangée
de salades ou de carottes… Pas de larme à l’œil, mais
une mise en garde sévère : ne pas se laisser attirer par
le chant des sirènes du toujours plus. Le message est à
destination des consommateurs. Il est aussi plus large,
comme dans la nécessité, sans doute, de raccourcir
la chaîne des circuits de distribution. Le restaurateur
a réellement un rôle à jouer dans l’éduction au
bien
manger’ mais il ne peut pas le faire en sautant les
saisons, en usurpant le rythme des productions.
PRIVILÉGIER LES CIRCUITS COURTS
Parole de José Bové : l’alimentation - qui est saine, qui
ne remet pas en cause l’avenir immédiat ou celui des
générations futures - ne peut fonctionner qu’avec les
circuits courts. Dans le débat : la course aux prix et ses
intermédiaires. L’homme prend l’exemple du blé. Entre
la ferme et le boulanger, autour de 42 intermédiaires…
Impressionnant. Surprenant. Quoi que…Une certitude
à ce stade : les restaurateurs qui revendiquent un savoir-
faire doivent privilégier les circuits courts.
Les dirigeants de l’Umih pointent également du doigt
un retour aux techniques de base. La formation est
sur la sellette. À tort ? À raison ? Les restaurateurs
présents à Strasbourg sont des inconditionnels de
l’apprentissage, moult exemples à l’appui. Hubert Jan
estime et le répète : il existe
un fossé colossal”
entre les
écoles et les besoins. Le constat est celui d’un passionné,
sans doute excessif. Il pose toutefois les fondements
d’une prise de conscience générale, en faveur non pas
d’un sempiternel colloque mais de passerelles solides
entre les différentes institutions. Dans l’objectif :
redonner au métier de restaurateur (comme aux
paysans ou aux marins pêcheurs) ses lettres de noblesse,
que les professionnels artisans de la restauration se
réapproprient l’alimentation et surtout que le discours
mené soit cohérent, en termes de santé, de goût, de
savoir-faire et même de fiscalité.
SYLVIE SOUBES
L’individualisme prend le dessus”
Troyes
C’est au Cube, dans les locaux de la CCI, que s’est déroulée, mardi 2 avril, l’assemblée générale annuelle de l’Umih Aube.
Roland Héguy, président confédéral, était l’invité du département.
L’Umih Aube veut aller de l’avant, mais difficile de motiver les troupes
NOUVEAU BUREAU POUR L’UMIH 10
La réunion a également été l’occasion de présenter aux adhérents le nouveau conseil
d’administration de l’UmihAube, élu le 26mars.
Thierry Galy
,
président,
Catherine Charonnat
,
présidente des restaurateurs,
Didier Stil
,
vice-président.
David Deroussis
,
président des hôteliers,
Marilyn
Mathe
,
vice-présidente.
Guy Caillet
,
président des bars (et temporairement des
discothèques, le poste n’ayant pas été pourvu) et
Jérôme Mairel
,
vice-président.
Christophe Marisy
,
trésorier.
Xavier Delavenne
,
secrétaire général.
C
omme beaucoup
d’autres départements,
l’Aube peine à recruter
de nouveaux adhérents. La
resyndicalisation, thème
phare du dernier congrès
national de l’Umih à Dijon,
est un sujet que la profession
tente de prendre à bras
le corps. Si l’union fait la
force, selon le proverbe
malheureusement,
l’individualisme
prend le dessus”
.
RolandHéguy
,
invité
d’honneur de l’assemblée générale de
l’Umih 10, mardi 2 avril au Cube, dans
les locaux de la CCI de Troyes, refuse
tout fatalisme.
Des outils pratiques ont
été mis en place et il faut s’en emparer”.
Plaquettes, documents, livre blanc…Pour
le président national de l’Umih plus la
période est complexe, plus
il est urgent
et nécessaire de montrer aux pouvoirs
publics tout le poids de la profession. Ce
n’est pas en restant chacun dans son coin
que l’on peut avancer ou se défendre.”
L’appel est une nouvelle fois lancé.
Autre constat soulevé par
Thierry Galy
,
président de l’Umih 10, la difficulté à
se former ou à former ses salariés. En
2013,
seules les formations obligatoires
seront mises en place, annonce avec
regret Thierry Galy, face aux nombreux
désistements rencontrés l’an passé. Parmi
les bonnes nouvelles, la construction
d’un grand centre de congrès à Troyes.
Son ouverture est prévue en avril 2014
et devrait permettre à la profession
de bénéficier de nouvelles clientèles.
Dans un avenir plus proche, il y a aussi
la troisième édition de la course des
garçons de café - et serveuses - qui
se déroulera dans le centre-ville de
Troyes le 3 juin prochain. Unmoment
de détente, de sourire et d’amitié qui
devrait réunir entre 35 et 40 participants.
Il est organisé par l’Umih avec la
collaboration de la municipalité et des
deux écoles professionnelles
locales. L’heure est également
aux rapports de branches. Pour
les cafés, 2012 aura été sous
haute surveillance”.
Nuisances
sonores, jeux de hasard,
clients qui fument…Plusieurs
fermetures administratives sont
tombées et le président des cafetiers,
Guy
Caillet
,
met en garde les exploitants.
L’administration reste très présente sur le
terrain. Chez les hôteliers, les chiffres de
fréquentation sont relativement stables
et 74%des établissements ont adopté
le nouveau classement hôtelier. Dans le
collimateur, l’augmentation des taxes
sur les enseignes qui deviennent trop
lourdes pour certains établissements.
Chez les restaurateurs, il faut jongler
avec les frais qui ne cessent d’augmenter,
l’exigence des consommateurs et les
contraintes administratives. Le titre de
Maître restaurateur n’est pas entré dans
les mœurs audoises. À tort, estiment les
représentants de la branche. Et Roland
Héguy d’ajouter :
C’est même la seule
porte de sortie aujourd’hui pour la
restauration que vous représentez.”
encore, le mot d’ordre est au ralliement.
SY. S.
De gauche à droite :
Roland Héguy
,
Thierry Galy
,
Catherine Charonnat,
présidente des
restaurateurs, et
Marilyn Mathe
,
vice-présidente des hôteliers.