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du 30 octobre 2008
L'ÉVÉNEMENT

S'ESTIMANT DÉJÀ RESPONSABLES ET REDEVABLES FACE À LA LÉGISLATION EXISTANTE

Des propriétaires de licences montent au créneau contre la loi Bachelot

Jean-Marc Le Carour et une poignée de Bretons, tous détenteurs de licence, ont décidé de se réunir en association. Ils veulent conserver la possibilité de vendre des boissons du 2e groupe aux 16-18 ans.
Propos recueillis par Sylvie Soubes


Jean-Marc Le Carour, qui défend aujourd'hui l'idée d'un lobby de professionnels, a été président de la région Bretagne de l'Umih, et il est aussi 'Monsieur permis d'exploitation' au sein de l'Umih.

L'Hôtellerie Restauration : Vous annoncez la création d'une association. Quelles sont vos motivations ?
Jean-Marc Le Carour : On est plusieurs exploitants à penser que cette loi sera aussi inefficace qu'inutile. Une interdiction totale ne va faire que déplacer le problème. Regardez la drogue, elle est interdite, mais elle continue de circuler et d'être consommée. Je vous rappelle qu'en ce qui concerne la profession, nous avons des licences qui nous interdisent de vendre de l'alcool aux moins de 16 ans, et que nous pouvons seulement vendre et servir des boissons du 2e groupe, c'est-à-dire du cidre, de la bière ou du vin aux mineurs de plus de 16 ans. Sur les 1 200 fermetures administratives recensées, 50 % sont liés à des problèmes de bruit, 25 % à la drogue et à peine 7 % sont dues à une vente d'alcool à des mineurs. D'autre part, comme vous le savez, la profession s'est prise en main en instaurant, avec les pouvoirs publics, un permis d'exploitation qui forme et sensibilise les professionnels sur leurs responsabilités et leurs devoirs. Aujourd'hui, une législation existe, et les patrons qui ne respectent pas la loi reçoivent des contraventions. Comment va-t-on faire lorsque des parents vont vouloir servir à table un verre de vin à leur jeune de 17 ans ? Il ne faut pas se cacher les yeux, pas dans nos établissements, mais ailleurs, les plus de 18 ans iront acheter pour les plus jeunes, et comme c'est déjà le cas pour d'autres interdits, le tabac
notamment, ils prendront au passage une commission. Cette loi va cacher les problèmes, elle ne les résoudra pas. Nous réclamons, nous, professionnels, une soupape. Le vrai problème touche les 14/15 ans, et ce n'est pas chez nous qu'ils consomment. On a aussi laissé faire dans les facs et dans les grandes écoles sur une surconsommation à l'occasion qui est là, effectivement, inacceptable, car hors contrôle et dans des lieux où la vente d'alcool n'est pas autorisée.

Quel rôle entendez-vous jouer ?
Nous nous plaçons hors structure syndicale. Notre objectif est de mener des actions avec un cabinet d'avocats pour trouver les failles juridiques, sachant, par exemple, qu'on va amputer nos licences de leurs droits. La réglementation change de manière radicale sans prendre en considération ce qui existe. Nos gouvernements doivent prendre en compte tous les aspects du problème. D'autre part, nous voulons à plus long terme pouvoir étudier les vraies consé
quences d'une telle loi. Et si nous démontrons qu'elle ne sert à rien, nous attaquerons les auteurs, non seulement les ministres, mais tous ceux qui auront contribué à la mettre en place.

Où en êtes-vous dans la création de cette association ?
Nous avons constitué un noyau de départ, composé d'un réseau d'amis, tous professionnels et détenteurs de licences. Les statuts vont être déposés prochainement. Actuellement, nous recherchons des financements. Le moindre centime que nous recevrons ira dans cette bataille que nous avons décidé de mener jusqu'au bout, et sans concession. Comme je viens de le souligner plus haut, cette loi touche tous les professionnels, y compris la restauration. Ça aussi, il ne faut pas l'oublier. Nous avons ouvert une adresse mail : asso.def.licencesdb@voila.fr
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Les syndicats s'insurgent

CPIH
"On marche sur la tête"
, a commenté avec véhémence le président de la CPIH, Jean-François Girault.
"D'un côté, on interdit la vente d'alcool aux moins de 18 ans et, de l'autre, on autorise la publicité d'alcool sur internet, alors que le premier public du net, ce sont les jeunes." Pour le dirigeant de la rue Barye, cette loi ne va "que créer de nouvelles concurrences déloyales sans résoudre le problème. On va nous pointer du doigt si un jeune de 17 ans et demi boit une bière chez nous, alors que nous savons pertinemment que ce même jeune va pouvoir acheter facilement un pack de bières en grande surface. Vous croyez vraiment qu'à une heure de pointe, une caissière va demander à un jeune, surtout s'il fait plus que son âge, sa carte d'identité s'il achète un pack de bières ? Il faut être réaliste. Une loi doit pouvoir être applicable partout et vis-à-vis de tous. Là, ce ne sera pas le cas. Ce principe est fait en dépit du bon sens. Et puis on mélange tout, la bière, le vin, les alcools durs. Là encore, c'est oublier la réalité".

UMIH
Pour l'Umih, "une interdiction générale de vente aux mineurs qui s'appliquerait aux débits de boissons à consommer sur place risque d'engendrer un effet de contournement et une radicalisation des comportements. Les jeunes se retrouveront dans la rue pour consommer de l'alcool, sans contrôle et sans localisation". La rue d'Anjou souligne que "les professionnels, depuis avril 2007, sont dans l'obligation de suivre une formation à la réglementation concernant la lutte contre l'alcoolisme et la protection des mineurs : le permis d'exploitation. De plus, il est important de rappeler que le secteur des cafés, hôtels, restaurants, discothèques, représente entre 12 et 15 % de l'alcool consommé en France. 85 % de l'alcool est acheté (supermarchés, hypermarchés nationaux et frontaliers, vente sur internet…) et consommé en dehors de ce secteur : dans la rue et lors de soirées organisées dans les salles polyvalentes". Au sein du syndicat, Bernard Quartier, président de la Fédération nationale des cafés, brasseries et discothèques, a lui aussi vigoureusement réagi : "Toutes ces décisions vont avoir des conséquences graves sur l'avenir de la profession, et ne vont en rien résoudre le problème de l'alcoolisation des jeunes alors que nos lieux sont adaptés, nos professionnels sont formés et pénalement responsables, avec des prix qui ne facilitent pas
la vente, sans oublier le rôle pédagogue de nos chefs d'établissement et le lien social qu'ils pressent. Lors de notre rencontre avec les membres du cabinet de Madame le ministre de la Santé, nous n'avons pas manqué de rappeler tout ça, et à l'évidence, l'interdiction de consommer un verre de bière ou de cidre ne devait pas être interdit dans nos établissements. Nous avons sollicité une rencontre avec Madame le ministre de la Santé et la présidente de l'Umih. La profession est très inquiète par la vente d'alcool non sécurisée. Les CHRD n'en vendent que 12 %. Les sanctions sont démesurées. Au moment où nous voulons mettre en place la filière, c'est un rude coup porté à nos professions."

SYNHORCAT
Dans un communiqué, le Synhorcat appelle "le gouvernement, mais aussi l'Assemblée nationale, à ne pas se tromper de cible. Moins de 15 % de l'alcool consommé en France est servi dans les cafés, hôtels, restaurants", rappelle Didier Chenet, président du syndicat, en ajoutant : "Cette vente d'alcool est strictement encadrée. Tout le monde ne peut pas s'imposer débitant de boissons ; il faut répondre à des conditions d'âge et de moralité, obtenir une licence de l'administration, et justifier désormais d'un permis d'exploitation, soit autant de conditions qui permettent d'éviter tous les abus. Nos professionnels sont des gens responsables qui connaissent les peines encourues en cas de non-respect des règles relatives à la vente d'alcool. Aucun n'a aujourd'hui les moyens de voir son établissement fermé pour avoir vendu un ou deux verres de trop ! En revanche, nous restons fortement opposés et mobilisés contre d'éventuels amendements dont l'objet serait la mise en place d'éthylotests, mesure "onéreuse et dénuée d'efficacité", selon Didier Chenet. "Il est hors de question également d'interdire les happy hours, qui constituent des moments privilégiés de rencontre entre les professionnels et leurs clients. (…) La solution n'est pas dans la répression, mais dans la sensibilisation."
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Complément d'article 105p35
Pour r
etrouver la lettre adressée par la CPIH au directeur général de la santé après que le syndicat ait eu connaissance du texte du projet de loi : cliquez ici

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L'Hôtellerie Restauration n° 3105 Hebdo 30 octobre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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