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du 9 octobre 2008
VIE PROFESSIONNELLE

AFIN DE DÉFENDRE LA RESTAURATION TRADITIONNELLE ARTISANALE

Claude Izard lance le 'Club des restaurateurs de métier'

L'objectif du président des Cuisineries gourmandes des provinces françaises et vice-président de la CPIH est de défendre les problématiques propres aux artisans traditionnels face à l'industrialisation de la restauration. Extraits.
Propos recueillis par Pascale Carbillet


Claude Izard.

Une démarche fondamentale : la définition de la restauration traditionnelle
"Il convient avant toute chose de définir le métier de restaurateur, tout au moins définir les formes de restauration. Car à force de vouloir tout globaliser, on arrive à ne rien défendre du tout. Lorsqu'en 1995, l'arrêté sur l'hygiène est sorti, la profession a pris peur, car l'application stricte de la méthode HACCP était impossible pour bon nombre de restaurateurs. Heureusement, à la demande de la CPIH [Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie, NDLR] en collaboration avec la CGAD [Confédération générale de l'alimentation en détail, NDLR], et tous les syndicats professionnels du secteur, un groupe de travail a été mis en place pour adapter cette réglementation aux petites et moyennes entreprises. La première démarche a été de définir la restauration traditionnelle, ce qui a permis de rédiger un Guide de bonnes pratiques hygiéniques spécifique. Puis, les restaurations rapide et collective ont eu leur propre guide. Les choses étaient claires. Bref, un rendez-vous bien négocié."

Les accords sur le temps de travail ne sont pas adaptés à nos métiers
"Sont arrivés la convention collective et ses avenants sur le temps de travail et là, à nouveau, on a tout mélangé, petits établissements et établissements de chaîne. Les 35 heures n'ont pas été adaptées à nos métiers. Il aurait fallu permettre une plus grande flexibilité du temps de travail, qui se serait accompagnée de compensations financières. Notamment en permettant la perception du pourcentage service pour tout le personnel et pas uniquement pour celui de salle."

Les guides ont plus d'influence que le classement 'restaurant de tourisme'
"En 1999, le classement des restaurants en 'restaurant de tourisme' a été changé à la demande de la profession pour prendre en compte la qualification de l'exploitant tout autant que l'environnement matériel. Mais nous n'avons jamais demandé la suppression des 'étoiles restaurant', qui allaient de 1 à 4 étoiles, et permettaient de différencier les tables par rapport à la qualité du service proposé, et donc de justifier le prix payé par le client. Les professionnels n'ont pas saisi la chance qui leur était offerte de se différencier des restaurateurs d'occasion, et, par là même, ont fait le lit des guides commerciaux."

Une marque Qualité Tourisme imprécise
"Est apparue ensuite la marque Qualité Tourisme, mise en place par le ministère du Tourisme. Une excellente idée qui devait valider et promouvoir l'image française, garantir au consommateur une qualité et, surtout, regrouper toute les initiatives en la matière. Mais là aussi, à force de tout mélanger, on arrive à une incohérence qui trouble l'image en voulant la rendre plus lisible, alors qu'il aurait été si simple de préciser le produit validé sur le panneau 'Qualité Tourisme', mais comme d'habitude, le flou profite à ceux qui n'ont pas de forte identité." 

Des restaurateurs qui veulent le titre d'artisan
"La CPIH demande, depuis plusieurs années, la possibilité d'une double inscription à la chambre de commerce et à la chambre de métiers, afin de permettre la reconnaissance du statut d'artisan pour certains restaurateurs. Si plusieurs ministres, comme Jean-Pierre Raffarin et Renaud Dutreil, ont défendu le dossier, ils ont dû renoncer en raison d'une forte opposition de certains professionnels et des chambres de commerce et d'industrie, qui craignaient de perdre une partie de leurs taxes au profit des chambres de métiers."

Le titre de Maître restaurateur : une chance pour la profession
"Le titre de Maître restaurateur, que nous avons soutenu avec l'unanimité de la profession, a vu le jour, malgré quelques concessions. Il se définit par :
- un homme, des compétences ;
- une entreprise, un fonctionnement.
Ce titre a pour but d'aider les restaurateurs traditionnels à faire valoir leur professionnalisme."  

Le rendez-vous manqué du permis de restaurer
"Pour des raisons de sécurité alimentaire, le professeur Cabrol, éminent cardiologue, avait travaillé avec les principaux représentants des organisations professionnelles afin de mettre en place un permis de restaurer. Tout nouvel exploitant d'un établissement aurait dû être titulaire d'un diplôme (CAP) ou avoir un minimum d'expérience professionnelle, ou suivre une formation pour obtenir ce permis.
Mais, sous prétexte qu'une telle mesure limiterait le rachat de nos fonds de commerce par les non-professionnels, le projet est ralenti. Alors que si l'on avait protégé notre métier, comme la coiffure, il serait aujourd'hui valorisé et la formation professionnelle mieux reconnue." /font>

Préparer les jeunes à des formations techniques professionnelles
"Après avoir obtenu la révision du référentiel du CAP cuisine et celui du CAP restaurant, la révision en cours du bac pro peut permettre une réactualisation de la formation dans nos métiers qui ont besoin de techniciens, de cadres et de cadres supérieurs.
Nous devons proposer à l'Éducation nationale une vision claire de notre profession et faire le distinguo entre la restauration industrielle - où le jeune ne fait qu'ouvrir des sachets et remettre en température - et la restauration traditionnelle - où il apprend les bases de la cuisine. Il faudrait rétablir la procédure d'agrément pour les professionnels qui accueillent des jeunes en formation."

La restauration traditionnelle doit être défendue
"L'état de la restauration traditionnelle en France mérite une défense spécifique, qu'il faudra bien prendre en compte un jour. N'oublions pas que la restauration représente à elle seule 70 % des métiers de l'hôtellerie et que 90 % des entreprises ont moins de 10 salariés. À force d'écouter les sirènes de la grande distribution de nos métiers, nous nous retrouverons comme tous les autres secteurs, en disparition permanente."

Création du 'Club des restaurateurs de métier'
"C'est pour cela que nous avons créé le Club des restaurateurs de métier, dont l'objectif sera la défense et le développement des restaurateurs artisans. Ce club veut regrouper tous les professionnels qui défendent leur spécificité d'artisan restaurateur face à l'industrialisation de la restauration.
Les principales revendications de ce club sont :
• l'inscription des restaurateurs au répertoire des métiers ;
• la baisse de la TVA dans les plus brefs délais, en trouvant les solutions qui la rendent financièrement possible ;
• la baisse des charges dans les métiers de main-d'oeuvre, en supprimant le calcul des charges sur le salaire de base pour le remplacer par une 'Contribution sociale entreprise' (CSE), en calculant les charges sur la différence entre le salaire et le chiffre d'affaires, et la suppression de toutes les aides à l'emploi, ce qui permettrait une augmentation des salaires et rendrait nos métiers plus attractifs. Ce club permettra, je l'espère, une participation active de nombreux restaurateurs qui aujourd'hui se sentent isolés et non représentés." zzz74v


Si vous souhaitez rejoindre ce club, vous pouvez contacter Claude Izard
Cuisineries Gourmandes des provinces françaises
Tél. : 05 63 56 06 58

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