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du 26 juin 2008
SPÉCIAL EUROPE

MÊME CONSTAT POUR TOUS LES CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE CONFÉDÉRALE DE L'UMIH

PARCE QU'ELLE EN A LES MOYENS, LA PROFESSION DOIT DEVENIR UN LOBBY PUISSANT

Nous avons demandé à Francis Attrazic, Christine Pujol et Geneviève Roy, désormais en campagne, ce qu'ils pensent et attendent de l'Europe. Micro.
Propos recueillis par Sylvie Soubes

L'Hôtellerie Restauration : Le marché européen représente plus 500 millions de personnes avec un pouvoir d'achat élevé comparé au reste du monde. Toutefois, la France apparaît comme une destination chère. Quels sont les clés et les axes à mettre en oeuvre pour redonner à l'Hexagone sa juste place touristique vis-à-vis de cette clientèle ?

Francis Attrazic. Christine Pujol. Geneviève Roy.

Francis Attrazic : Le prix de vente d'une prestation est déjà lié, en partie, à l'importance des taxes. Or, la France est championne d'Europe dans cette catégorie. Si l'on y rajoute le coût du travail, c'est encore pire. La notion qui nous semble primordiale, c'est celle du 'juste prix' ou de 'qualité-prix'. Si la France reste la première destination touristique, c'est que son image est très bonne. Mais il faut rénover le parc existant et développer l'offre hébergement selon les besoins des clientèles prioritaires, encourager l'investissement par des dispositifs adaptés, développer une offre touristique intégrée et attractive autour de destinations régionales. Tout ceci doublé d'une promotion à la hauteur de nos principaux concurrents. Le tourisme doit devenir clairement une priorité affichée au plus haut niveau de l'État, ce qui est en passe d'être le cas. En plus, la qualité du tourisme, ça n'est pas que la qualité de l'hébergement, elle commence par l'accueil aux frontières et se termine par l'accueil de la population, le tout dans un contexte réglementaire pas toujours favorable…

Christine Pujol : La France n'est pas véritablement chère et pourra difficilement l'être moins compte tenu de notre environnement fiscal, social, etc. Elle conserve, en revanche, son attractivité sur le plan sécuritaire, sanitaire, mais elle doit faire face aujourd'hui à la concurrence de nouvelles destinations. Il apparaît donc primordial d'améliorer la qualité et la lisibilité de nos prestations dans son ensemble, le professionnalisme de nos acteurs (par des programmes de formation), et la cohérence des actions marketing au niveau des régions. La France, demain, peut retenir davantage de Français sur son territoire au vu de la cherté du carburant et de la diversité de son offre hôtelière, entre autres. Nous devons aussi mobiliser l'ensemble des acteurs. Le tourisme, une cause nationale, pourquoi pas ?

Geneviève Roy : Toutes les destinations traditionnelles (Italie, Espagne, Allemagne) sont en concurrence avec les nouvelles destinations européennes ou internationales (Croatie, République tchèque, Pologne, Brésil, Russie, Inde, Chine, Émirats arabes unis…). La France n'échappe pas à la comparaison, qui ne lui est pas toujours défavorable. Comment se distinguer, comment faire pour que le choix du voyage de tourisme d'affaires ou de loisirs se porte sur notre pays ? Nous devons être les meilleurs à chaque maillon de la chaîne. Valoriser nos atouts, créer l'événement, susciter l'envie, mais aussi améliorer sans cesse nos offres en tenant compte de l'attente de nos clients, sont les clés de la réussite. Les chantiers sont nombreux et variés. Sur certains, notre action n'est que partielle : l'attractivité de notre pays, l'accueil aux frontières, les équipements de congrès, les infrastructures de transport, les taxis… D'autres nous concernent directement : l'accueil, la mise aux normes de bâtiments dans le respect de l'environnement, l'équilibre alimentaire, la refonte de la grille de classification de tous les hébergements, la formation de tous, la communication… Se remettre en question pour s'améliorer sera le défi à relever pour le nouveau président confédéral de l'Umih et son équipe. Je m'y engage.


Les consommateurs européens sont de plus en plus exigeants en matière de sécurité et de qualité. Comment percevez-vous le projet d'étiquetage alimentaire et la révision des dispositifs anti-incendie ?

F. A. : Il faut être conscients que la sécurité, la qualité et l'information seront de plus en plus des éléments de marketing, et feront partie intégrante des critères de choix de consommation. Il en sera de même pour l'environnement et le développement durable. Ceci dit, l'Europe nous a habitués, en la matière, à la mise en place de véritables usines à gaz qui rendent ses préconisations difficiles, voire totalement ingérables. D'où la nécessité d'accroître encore notre veille réglementaire pour anticiper et influencer les projets de directives. L'obligation de résultat que nous impose l'Europe en matière d'hygiène et de sécurité alimentaire n'a pas les mêmes effets selon qu'on les applique dans les pays du Nord, dans lesquels se nourrir relève simplement du besoin technique, et en France, où la nourriture fait partie de l'art de vivre. Pour ce qui est des normes et des matériaux, il faut veiller à ce que les choix ne soient pas dictés par des enjeux commerciaux, d'où, là encore, une veille renforcée et un lobbying efficace.

C. P. : L'information permanente et lisible est une exigence pour répondre aux demandes du consommateur en matière de sécurité, de santé. L'ensemble des produits alimentaires manufacturés est étiqueté, mais il apparaît difficile d'appliquer la réglementation proposée relative à la présence d'allergènes dans les plats servis dans nos restaurants. Quand le client s'y rend, il ne s'attend pas à une lecture scientifique de ce qu'il va manger. Ce seront des contraintes qui pèseront sur les petites entreprises qui constituent la majorité du secteur. Elles seront difficiles à mettre en pratique à cause des recettes qui changent, des ingrédients, et donc de la mise à jour. De plus, les traditions gastronomiques et les attentes des clients varient d'un pays à l'autre. Quant à la révision des dispositifs anti-incendie présentée par la commission, le lobbying exercé par certains groupes internationaux pour imposer de nouveaux dispositifs doit être contré par le lobbying de nos organisations professionnelles.

G. R. : Vous évoquez les projets de nouvelles réglementations voulues par les instances européennes à Bruxelles. Certes, tous les consommateurs sont de plus en plus exigeants en matière de sécurité et de qualité. Nous devons répondre à leurs préoccupations, mais éviter l'excès, le déraisonnable ou l'inutile, sources de paralysie pour nos professionnels. Pour être entendu, il faut parler d'une seule voix. L'Umih devra fédérer tous les opérateurs du secteur, et constituer un lobby puissant, présent dès la conception des réglementations. C'est une priorité.


En dehors du dossier TVA, sur quoi l'Europe devrait-elle plancher concernant le secteur, tous pays confondus ?

F. A. : Si l'on reste dans le domaine touristique, et en considérant que la problématique de nouvelles normes hôtelières est en passe d'être réglée, quelques sujets nous paraissent importants : une politique européenne cohérente sur l'environnement et le développement durable ; une harmonisation sociale ; un dispositif européen pour une mobilité facilitée de salariés, en particulier saisonniers ; une politique européenne sur la sécurité qui est aussi un élément de choix d'une destination.

C. P. : Le rôle des CHR dans le tourisme, quel que soit le pays, n'est plus à démontrer. Or, le tourisme au niveau de la Commission européenne dépend de plusieurs comités, et les CHR sont inclus dans la direction des entreprises, en général. L'alcool, le tabac, l'hygiène, le développement durable… sont traités transversalement et concernent l'ensemble des secteurs, quelle que soit leur activité. Il me paraît important aujourd'hui que l'Europe prenne en compte le tourisme à part entière avec les CHR, afin de prendre en considération les problèmes spécifiques du secteur, et notamment leur taille. La Commission mène actuellement une consultation pour l'élaboration d'une loi sur les petites entreprises. Souhaitons que les CHR soient pris en compte.

G. R. : J'attends de l'Europe qu'elle soit le garant d'une concurrence loyale entre les pays qui la composent. Sans évoquer les taux de TVA, les politiques fiscales, les règles sociales qui sont radicalement différentes. De nombreux entrepreneurs choisissent de domicilier leur siège social hors de France pour minimiser leurs charges tout en optimisant leurs recettes en exerçant sur notre territoire. Pour notre secteur à forte intensité de main-d'oeuvre, il faut harmoniser les fiscalités, le droit social. Il s'agit d'un chantier de longue haleine que l'Europe doit entamer, peut-être sous la présidence française. Là encore, le lobbying est essentiel. Agir de façon concertée et parler d'une seule voix sera déterminant. zzz74v zzz99

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L'Hôtellerie Restauration n° 3087 Hebdo 26 juin 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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