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du 26 juin 2008
SPÉCIAL EUROPE

Complément d'article 087p13

AVEC UN ENSEIGNEMENT PUBLIC EN PLEINE MUTATION

Le Royaume-Uni favorable aux actions de soutien de l’enseignement professionnel

En Grande-Bretagne, les principaux acteurs de la formation scolaire et professionnelle dans le secteur des CHR apprécient que le ministère de l’Éducation nationale français se soit notamment fixé comme objectif de “faire progresser la construction de l’espace européen de l’éducation et de la formation professionnelle, et faire découvrir les autres systèmes éducatifs”.

“Tout ce qui pourra être fait pour élever les niveaux de qualification et de formation à un niveau européen, dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, pendant la présidence française, sera bienvenu. La pénurie de personnel qualifié dans l’industrie hôtelière des pays développés tels que le Royaume-Uni et l’Europe en général est telle qu’il est nécessaire de mettre davantage l’accent sur la formation et le développement”, précise Miles Quest, chargé de communication de la British Hospitality Association (BHA), le principal syndicat d’employeurs britanniques, qui compte 10 000 membres représentant 60 000 établissements.
En Grande-Bretagne, sur les 500 000 employés du secteur, “seulement la moitié des employés ont un niveau 2 de formation [équivalent au niveau BEP, NDLR], et 13 % n’ont aucune qualification. Le secteur est celui qui accueille le plus grand nombre d’apprentis, mais c’est aussi celui qui enregistre le plus grand nombre de sortants avec un très fort pourcentage d’abandon en cours de formation”, remarque Martin-Christian Kent, directeur des études et recherches chez People 1rst, une organisation incontournable en Grande-Bretagne, qui milite pour un enseignement de qualité. Parallèlement, dans un rapport de mars 2006, People 1rst comptait, en restauration, 144 qualifications reconnues par l’autorité des qualifications (QCA), dont la majorité ne dépasse pas le niveau 2.

Un profond malaise
Ce décalage entre le faible niveau de qualification proposé par les collèges et le besoin croissant de main-d’œuvre qualifiée crée un profond malaise, accentué par le fait que les professionnels eux-mêmes ne semblent plus accorder leur confiance au système académique actuellement en place. “Contrairement à la France, où les écoles hôtelières ont pour objectif de former les élèves aux métiers des CHR, au Royaume-Uni, il n’existe pas d’établissements publics d’enseignement professionnel entièrement dédiés à l’hôtellerie-restauration. Ainsi, ça n’est qu’une spécialité parmi d’autres au sein d’un même établissement. Or, avec le système actuel des subventions étatiques, cette voie d’enseignement s’avère coûteuse et peu rentable pour les établissements. Ils ont donc tendance à la négliger”, explique Philippe Rossiter, d.g. de l’Institute of Hospitality, une importante association dont le but est précisément d’améliorer le professionnalisme des managers du secteur des CHR au Royaume-Uni. Face à un système public aujourd’hui insuffisant pour pallier le besoin en main-d’œuvre qualifiée, des initiatives privées se multiplient et sont plébiscitées par les entreprises, en particulier en ce qui concerne les formations aux métiers de la cuisine. À titre d’exemple, l’Institute of Hospitality a lancé l’an dernier un programme de formations qualifiantes de niveau CAP, bac et BTS, destiné à tous ceux qui sont entrés dans le secteur sans formation, et qui se heurtent aujourd’hui à des lacunes en gestion et management pour progresser dans la hiérarchie. Le Professional Chef & Patisserie Scholarship, initié en 2003 par l’Association culinaire française, mérite également d’être souligné. Ce cursus en alternance en deux ans, unique en son genre en Grande-Bretagne, et calqué sur les référentiels français de CAP cuisine et pâtisserie, est un véritable succès et doit aujourd’hui refuser des candidats à l’inscription. Si cette formation a récemment reçu le soutien des principales associations britanniques de chefs ayant autorité outre-Manche, il lui manque encore la reconnaissance officielle au niveau académique. Malgré le dynamisme et la détermination de son président, William Hamelin, qui se bat pour obtenir une double reconnaissance (française et anglaise), ainsi qu’européenne, le chemin pour l’obtenir semble encore long et semé d’embûches. Et ce, même si, comme le souligne Martin-Christian Kent de Peolple 1rst, “l’apprentissage est perçu par les employeurs britanniques comme essentiel pour que les employés actuels et futurs soient armés des connaissances et de compétences nécessaires en la matière”.

Un programme national de formation inédit
La toute récente création de la National Skills Academy for Hospitality, un programme national de formation inédit, initié par les employeurs du secteur, en est une illustration. Ce programme s’articule autour d’enseignements académiques dans des collèges anglais, ainsi que des formations pratiques dans les entreprises partenaires qui mettent à disposition leurs hôtels et leurs restaurants pour former les élèves en situation réelle. Il ambitionne de devenir “le meilleur apprentissage avec les meilleures installations du secteur, avec la volonté de changer radicalement la culture de l’éducation et de la formation” au Royaume-Uni. Quelques grandes entreprises du secteur - Barceló Hotels, Compass, Sodexo, IHG, Accor et McDonald’s - auraient déjà investi plus de 16 millions de livres sterling (soit 20,23 millions d’euros) dans ce projet, qui devrait recevoir les premiers inscrits cette année dans 5 collèges britanniques.
Face un système d’enseignement académique et professionnel en pleine mutation, il n’est donc pas étonnant que les organisations CHR britanniques déclarent qu’elles apprécieront les initiatives françaises destinées à promouvoir la qualité de l’enseignement professionnel au niveau européen. Mais, comme le souligne très justement Philippe Rossiter, “si La France parvenait à amorcer à un niveau européen la réalisation d’un schéma de correspondance permettant aux employeurs du secteur de savoir à quel niveau de diplôme national correspond le diplôme d’un étranger postulant à un emploi, ce serait déjà un grand pas”.
Tiphaine Beausseron
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