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du 5 juin 2008
RESTAURATION

Inquiétudes grandissantes sur l'approvisionnement et les prix du poisson

Le mouvement de grève illimitée lancé par les pêcheurs espagnols, italiens et portugais accentue l'inquiétude sur le ravitaillement et les tarifs. C'est de Bruxelles que les pêcheurs européens attendent des réponses sur la politique des quotas. En attendant, quelles solutions pour les restaurateurs qui veulent continuer à proposer du poisson à leur carte ? Voici le constat de quelques spécialistes.


Dorade. Mareyeurs transformateurs et distributeurs sont inquiets de l'évolution de la situation.

Reprises ici, nouveaux blocages des pêcheurs de la baie de Seine, du Comité de vigilance des pêcheurs français réunis à Mérignac, manifestation monstre de 10 000 pêcheurs à Madrid faisant la jonction avec leurs homologues français, italiens et portugais… "Nous nous apprêtons à vivre des moments très difficiles", nous confient mareyeurs, transformateurs et distributeurs interrogés. L'inquiétude est également vive à Rungis, au pavillon de la marée, où nul, comme ailleurs, peut prédire comment la situation peut évoluer. "Nous vivons au jour le jour, et je ne sais pas ce que je vais pouvoir mettre demain sur mes étals", se désespère Olivier Dupuis, gérant des Pêcheries de la Cotinières sur l'île d'Oléron, à la fois mareyeur et poissonnier, qui rappelle que le résultat moyen des entreprises de mareyage n'est que de 0,7 %, et celui de la poissonnerie de 1,2 %.
Il fait le décompte sur des filets de lotte. Lorsque le poisson est acheté au bateau 6 E et vendu en filets autour de 16 E, compte tenu des taxes de criée, de la perte de matière première au cours de la transformation, il n'a en réalité que 3 E pour rémunérer son travail, celui de son atelier, maintenir son outil, investir.

Filière fragilisée
"Le calcul de la perte à la coupe est simple, je dois multiplier par 2,2 le prix du poisson. La lotte achetée 5,92 E ce matin revient en fait à 12,58 E, plus 0,30 centimes de caisse. On gratte, on file, on portionne, et nous devons bien sûr assumer toutes les normes HACCP, de traçabilité", ajoute-t-il, très pessimiste sur l'avenir de son métier. Même tonalité à Rungis où la grève des pêcheurs fragilise toute la filière et, paradoxalement, encourage les importations. "Elles étaient de 70 % il y a douze ans contre 40 à 50 % aujourd'hui", rappelle-t-on ici. "Les grossistes jouent un rôle essentiel pour la valorisation de la pêche française. 300 tonnes transitent ici chaque jour, et dans cette crise, nous sommes pris en étau", explique à son tour ce porte-parole des 25 sociétés de gros de Rungis.

Poissons d'élevage
"Nous sommes parvenus à maintenir les approvisionnements. Mais c'est devenu très difficile pour certaines espèces, et bien sûr, on assiste à une flambée des prix, même pour les importations", note le directeur d'exploitation de Nova Food, filiale spécialisée de TransGourmet, qui dessert de nombreux restaurants. Comme partout, il note une demande pour les poissons d'élevage. "L'approvisionnement et le calibrage, plus réguliers, conviennent bien à beaucoup de restaurateurs", observe ce transformateur distributeur, qui souligne, néanmoins, l'importance dans la hausse des prix de tous les poissons, des coûts de transport et de transformation.
Pour Jacques Le Divellec (Restaurant Le Divellec à Paris, voir témoignage page 8), il est certain que le poisson sauvage sera de plus en plus difficile à mettre sur les tables, et que l'aquaculture prendra le dessus. Mais il reste persuadé que la pêche côtière peut être maintenue grâce à de petits bateaux, et que consommateurs et restaurateurs devraient goûter davantage ces dizaines d'espèces que l'on trouve à proximité de nos ports et encore trop méconnues. Une idée que l'Ofimer veut développer en organisant prochainement de nouvelles actions de promotions.
Patrice Fleurent zzz22v

LE PRIX DU CABILLAUD

Un cabillaud acheté 4 E le kilo au pêcheur en halle à marée, après avoir été mis en filet par un mareyeur, puis avoir transité par un grossiste, sera vendu en poissonnerie à 30 E le kilo (29,50 E le kilo hors contribution pour une pêche durable).

Détail du circuit : halle à marée/mareyeur/grossiste/poissonnerie : achat criée : 4 E ; taxe criée : 5 % ; rdt matière : 44 % ; emballage : 0,3 E ; main-d'oeuvre : 0,54 E ; transport : 0,36 E ; marge semi-nette mareyeur : 17 % ; prix vente mareyeur : 12,36 E ; marge brute grossiste : 18 % ; prix de vente grossiste : 14,53 E ; transport : 0,96 E ; perte matière première : 10 % ; main-d'oeuvre : 6,43 E ; fonctionnement : 3,2 E ; marge nette poissonnier : 8,6 % ; prix hors taxes : 27,9 E (28,50 E) ; contribution pêche durable : 2 % ; TVA : 5,5 % ; prix au détail TTC : 30 E.

Source : Ofimer.

restaurants : 30 % DES ACHATS

En 2007, les restaurants ont acheté 115 000 tonnes de poissons, coquillages et crustacés frais. La restauration hors domicile est depuis quelques années un des vecteurs de la croissance de la consommation de produits aquatiques en France. Le taux de croissance moyen des achats de produits aquatiques par les restaurants a été de près de 4 % par an entre 1998 et 2006, et en 2006, les restaurateurs ont réalisé 30 % de l'ensemble des achats.
La restauration commerciale indépendante est le principal lieu de consommation de produits aquatiques hors domicile, car elle concentre la moitié des achats en volume de ces produits alors qu'elle ne représente que 30 % des repas servis en RHD.
Les achats des restaurants se caractérisent par la forte proportion de produits surgelés (près de 45 % de la totalité des achats de produits aquatiques surgelés en France), et au contraire, la très faible présence de produits traiteurs réfrigérés ou de conserves. À l'intérieur des produits frais, les produits d'élevage, en particulier le saumon, sont fortement surreprésentés par rapport aux achats des ménages.

Chiffres : Ofimer.

Complément d'article 3084mp4

Les Français aiment le poisson

Les consommateurs français aiment le poisson… sous toutes ses formes : frais, surgelés, en conserves, fumés, en surimis, en plats préparés et autres produits réfrigérés. Ils consomment en moyenne 35 kilos de poissons, coquillages ou crustacés par an, soit 7 kilos de plus par personne qu'il y a dix ans !
Cette consommation augmente de façon régulière, compte tenu de la qualité de ces produits, de plus en plus connue.
La pêche française couvre 15 % des besoins du marché national. 85 % des produits de la pêche et de l'aquaculture consommés en France sont importés du monde entier.
Des marques collectives (Bretagne Qualité Mer, Normandie Fraîcheur Mer, Filière Opale, Golfe du Lion…) ont été créées, répondant à des cahiers des charges exigeants et contrôlés.
Certains produits bénéficient de signes officiels de qualité : des Indications Géographiques Protégées (huîtres Marennes Oléron), des Appellations d'origine protégée (moules du Mont Saint-Michel), Label Rouge (bar, turbot, crevettes, truites…).

Chiffres : Ofimer.

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L'Hôtellerie Restauration n° 3084 Hebdo 5 juin 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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