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du 24 janvier 2008
L'ÉVÉNEMENT

POUR SAUVER LE PATRIMOINE FRANÇAIS

Christine Albanel veut instaurer une taxe de 2 euros sur les nuitées des hôtels de luxe

La ministre de la Culture a évoqué l'idée de mettre en place cette contribution afin de financer la restauration des monuments historiques français. Ses déclarations ont entraîné aussitôt une levée de boucliers de la part des professionnels.

En septembre 2007, Nicolas Sarkozy avait demandé à la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, d'établir un rapport sur l'état du parc monumental français afin de dresser rapidement un état sanitaire des monuments classés et inscrits. La mission sera remplie en décembre 2007, et donnera lieu à un document de plus de 59 pages : un constat alarmant y est dressé. En 2002, 32 % des monuments historiques classés sont considérés en mauvais état, voire en péril, mais en 2007, ce chiffre est passé à 42 %. Le rapport estime le besoin en travaux à 10,735 milliards d'euros pour l'année 2007, et de conclure que l'effort nécessaire à la préservation de ce patrimoine ne peut reposer sur le seul financement de l'État et doit être collectif.
Dans une interview accordée au Figaro lundi 21 janvier, Christine Albanel explique qu'il existe un lien naturel entre le tourisme et le patrimoine, et évalue sur la base de ce rapport à environ 170 000 le nombre d'emplois indirects qui tirent profit de la mise en valeur et de l'exploitation du patrimoine. Selon ces calculs, une contribution de 2 euros par nuit dans les hôtels de catégorie au moins égale à 4 étoiles permettrait de rapporter 50 millions d'euros. Et la ministre de justifier son raisonnement : "Il y a une vraie logique à ce financement. Près de 70 % de la clientèle de ces établissements sont des étrangers, dont bien souvent la visite est en lien avec notre patrimoine. Et puis 2 euros, c'est la moitié du coût d'un soda pris dans le minibar de la chambre."
La réaction des professionnels à ces propos ne s'est pas fait attendre. Pour André Daguin, président de l'Umih, "la taxe de séjour est payée par l'hôtellerie, et pas par les autres prestataires de services qui bénéficient aussi du tourisme. Les monuments sont visités parce qu'on peut dormir pas trop loin. Toute l'économie en profite. Les ministres de la Culture m'avaient habitué à des raisonnements plus structurés. Celui-ci est d'une simplicité enfantine. Les principaux intéressés n'ont même pas été consultés. Espérons que ce soit une idée en l'air dont le propre est de retomber."

Le Synhorcat est contre
Pour le Synhorcat, il n'est pas envisageable que ce soit aux hôtels de luxe de payer pour cela, sauf à accentuer le poids des taxes auxquelles ils sont déjà assujettis (taxe foncière, taxe professionnelle, taxe de séjour et autres taxes indirectes) et à aggraver un peu plus la situation sociale de ces entreprises…
"Faire payer les touristes de nos hôtels 4 étoiles et luxe, cela reviendrait en fait à faire payer les salariés de nos entreprises, puisque la baisse des marges de ces entreprises se répercutera forcément sur les investissements et les salaires. Il est donc impensable de répercuter ce montant sur nos prix de vente. Par contre, pourquoi ne pas augmenter les taxes d'aéroport ou le prix d'entrée dans les musées et autres sites historiques ?", déclarent en coeur Jean-Luc Binet, vice-président du Synhorcat, et Didier Le Calvez, président de la section des hôtels de prestige.
Pascale Carbillet
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"Un projet d'une platitude et d'une facilité affligeantes"
Par Michel Tschann, président des hôteliers Nice-Côte d'Azur

La ministre devrait se souvenir que l'un des grands principes des finances publiques est l'universalité budgétaire. Les seuls 'bénéficiaires' taxés seraient les 4 étoiles luxe. Est-ce à dire que les clients des autres catégories hôtelières, des résidences et de l'hôtellerie de plein air sont des béotiens ne regardant pas le patrimoine ? Pourquoi ne pas taxer les appareils photos qui prennent des images du patrimoine ? Pourquoi ne pas taxer les rêveurs qui auraient l'audace de regarder plus de 5 min un patrimoine ? Pourquoi ne pas taxer les autocars emmenant les touristes voir un patrimoine, voire la SNCF ou les compagnies aériennes ? Pourquoi pas les éditeurs de cartes postales ? Beaucoup d'hôtels sont eux-mêmes des monuments qui enrichissent le patrimoine national, et leurs propriétaires font de gros efforts pour les rénover régulièrement.

Déjà une taxe de séjour
La référence au soda dans un minibar est surprenante ! Doit-on taxer aussi les ministères pour leurs frais de réception ? Il est vrai que les touristes ne votent pas, et cela compte, surtout en période électorale, mais ils votent avec leurs pieds et iront chez nos voisins, italiens, par exemple, qui ont aussi un beau patrimoine.
Les touristes paient déjà une taxe de séjour destinée justement à financer des équipements qui leur profitent, mais aussi à tous les citoyens. Les touristes paient également une TVA à 19,6 % en restauration, pour laquelle le candidat, actuellement Président, s'était engagé à faire baisser. Arrêtons d'étouffer les entreprises ! Augmenter les nombreuses taxes déjà existantes et en créer de nouvelles n'est pas conforme à la rupture tant souhaitée par les forces vives du pays. L'État et les collectivités locales ont pris la mauvaise habitude depuis quelques années de dire à leurs administrés : payez des impôts, et après, si vous voulez un service, vous paierez une redevance en plus."

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L'Hôtellerie Restauration n° 3065 Hebdo 24 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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